Depuis 2019, la Martinique a fait du lambi l’emblème officiel de l’île puisque figure sur son tout nouveau drapeau ce coquillage géant entouré de 34 étoiles amérindiennes symbolisant les 34 communes martiniquaises. Si Lobatus gigas (ou Strombus gigas) est si populaire, c’est qu’il a une valeur culturelle et économique extrêmement forte dans les Antilles. En effet, il est source de nourriture pour tous les habitants depuis plusieurs siècles et a assuré des revenus économiques importants, via le développement de pêcheries commerciales. Aujourd’hui encore, son exploitation représente un marché de 60 millions de dollars par an. Seulement aujourd’hui, les populations diminuent. Si l’espèce n’est pas référencée par l’UICN, elle figure toutefois depuis 1992 à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages (Cites).
Description
Le lambi est un gastéropode originaire des Caraïbes et de l’océan Atlantique Ouest. On le trouve des Antilles jusqu’à la Floride, sur la côte américaine, le Mexique et le Venezuela, en Amérique du Sud. Il apprécie les fonds sableux et meubles où se développent les herbiers marins. Il n’est d’ailleurs pas rare de le trouver caché parmi ces plantes et algues dont il se nourrit, ou bien aussi dans les récifs coralliens et habitats rocheux sous-marins.
Ce mollusque se distingue facilement par sa coquille épaisse, grande et en forme de spirale laissant entrevoir chez les individus adultes un large pavillon rosé et évasé. A elle seule, la coquille du lambi peut peser jusqu’à 3 kg et mesurer une trentaine de centimètres de long.
Cette espèce est essentielle à l’écosystème puisqu’elle est détritivore. En plus de se nourrir de plantes et d’algues, elle sonde les fonds sablonneux à la recherche de déchets organiques en tout genre qu’elle ingère. Nettoyant ainsi par la même occasion son milieu naturel.
Menaces
La principale menace qui pèse sur le lambi, c’est la pêche. Ce mollusque est en effet très apprécié dans la cuisine créole, qui le consomme généralement en fricassée. Si la chair du lambi est très recherchée, son immense coquillage l’est également. En effet une fois évidé, il se transforme en instrument de musique dans lequel il suffit de souffler pour produire un son puissant. Les marins l’utilisaient d’ailleurs comme un cor pour se faire entendre de loin.
Partout sur son aire de répartition, le lambi a été pêché en masse pendant plusieurs centaines d’années. Mais désormais, les populations se raréfient. La Martinique est un important consommateur avec une demande intérieure plus grande que l’offre disponible. Résultat, un marché noir existe dans toute la région caribéenne. Au milieu des années 1990, les habitants en consommaient 900.000 kg ! Les chiffres d’aujourd’hui ne sont en revanche pas connus avec précision.
En Martinique, la pêche de loisir du lambi est réglementée. Durant la saison autorisée, les pêcheurs amateurs ont le droit à seulement trois coquillages par personne et par jour. Ils ne doivent par ailleurs capturer que des lambis dont le pavillon est formé et pesant l’équivalent de 250 grammes de chair par animal afin de préserver les juvéniles. La pêche commerciale, en revanche, l’est moins. Et pour pêcher le lambi, les pêcheries professionnelles ont souvent recours à des méthodes peu respectueuses de l’environnement, avec des larges filets qui draguent les fonds marins. A noter que l’essentiel des stocks de lambis consommés en Martinique sont importés de Jamaïque.
Les lambis ont également de nombreux prédateurs naturels. Lorsqu’ils sont jeunes et jusqu’à ce que leur coquille se développe suffisamment pour leur offrir un refuge en cas de danger, les lambis peuvent être mangés par différentes espèces de poissons et crustacés carnivores, à la recherche de plancton animal. Même une fois protégé par une coquille, Lobatus gigas peut être chassé par des tortues marines, des poulpes ou encore des raies.
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