
Les eaux chaudes martiniquaises fourmillent de vie et de biotopes divers dans lesquels des espèces marines viennent s’alimenter ou se reproduire. Parmi elles, trois des huit espèces de tortues marines nagent régulièrement dans cette zone : la tortue luth (Dermochelys coriacea), la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata) et la tortue verte (Chelonia mydas). Deux autres espèces (tortue olivâtre et tortue caouanne) peuvent aussi y être observées, mais de façon plus occasionnelle. Toutes sont menacées d’extinction. En Martinique, la situation de la tortue verte est même pire qu’à l’échelle internationale, puisque l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe l’espèce « en danger » sur la liste rouge mondiale et « en danger critique » sur l’île aux Fleurs.
Description de la tortue verte
Chelonia mydas aiment les eaux tropicales et subtropicales peu profondes. Elles y trouvent des algues et des herbiers dont elle se nourrit exclusivement à l’âge adulte. Après la tortue luth, la tortue verte est la deuxième plus grande espèce de tortue marine au monde. Les individus matures présentent une carapace longue de plus d’1 mètre et peuvent peser entre 150 et plus de 200 kg !
Pour distinguer la tortue verte d’autres tortues marines, il y a donc la taille mais aussi la carapace. Celle-ci est en effet ronde et recouverte d’écailles juxtaposées. A noter que la tortue verte s’appelle ainsi en raison de la couleur verdâtre de sa graisse, et non de sa carapace, qui est plutôt brun olivâtre. Sa tête est également distinctive : ronde et avec un bec très courbé qui lui permet de brouter les fonds marins. Ses yeux sont séparés par deux écailles préfrontales, également caractéristiques de la tortue verte.
Il existe un léger dimorphisme sexuel visible uniquement lorsque les individus deviennent adultes : les mâles ont en effet une queue longue d’environ 30 cm qui dépasse de la carapace.
De toutes les tortues marines, les tortues vertes sont peut-être celles qui atteignent leur maturité sexuelle le plus tardivement : entre 20 et 40 ans ! Pas facile, donc, d’assurer le renouvellement des populations, d’autant que l’espèce affronte toute une série de menaces.
Les menaces en Martinique
Les tortues vertes se rendent en Martinique essentiellement pour se nourrir et non pour pondre sur les plages. Il s’agit en majorité de « tortues immatures qui y séjournent durant près de 15 ans afin d’assurer leur croissance » dans ces zones d’alimentation riches, explique l’UICN. La survie des tortues marines en Martinique est donc étroitement liée à l’état des herbiers marins qui leur fournissent leur nourriture. Or, ces herbiers sont menacés. D’abord par les ancres de bateaux qui les détériorent, et puis par l’invasion d’une plante originaire de l’océan Indien – Halophila stipulacea – qui prolifère au détriment d’autres plantes indigènes.
Comme partout ailleurs sur la planète, les tortues vertes sont également menacées par la pêche. Il n’est malheureusement pas rare qu’elles s’enchevêtrent dans des filets maillants et figurent parmi les captures accidentelles des pêcheurs, qui visaient d’autres espèces. Sans parler des collisions avec les hélices des bateaux, qui les blessent gravement et peuvent entraîner leur mort.
Les tortues marines – tortues vertes comprises – sont par ailleurs fortement menacées par la pollution plastique des océans. Celles qui se nourrissent de méduses sont concernées, puisqu’elles peuvent par exemple confondre un sac plastique avec leurs proies habituelles, les ingérer et en mourir, mais aussi les herbivores comme Chelonia mydas qui peuvent avaler du plastique par accident, ou se retrouver avec des objets plastiques coincés dans leur corps.
A ces menaces dans la mer s’ajoutent des dangers sur terre, lorsque les tortues femelles retournent sur les plages pour pondre. Là, elles s’exposent aux braconniers, qui les attendent parfois pour les tuer et récupérer leur chair. Les cas de braconnage de tortues vertes sont particulièrement nombreux à Mayotte, un autre département d’outre-mer.
Les œufs, aussi, sont en danger sur les plages. Ils sont à la portée de prédateurs comme des chiens errants ou des mangoustes, mais aussi des braconniers qui ne convoitent pas que les tortues adultes. Même une fois sorties de leur coquille, les petites tortues ne sont pas hors de danger. La pollution lumineuse des littoraux les empêchent parfois de trouver le chemin de la mer et la forte fréquentation des plages gênent leur retour à l’eau. « Ainsi, cette espèce est en danger critique tout au long de son cycle de vie », conclut l’UICN.
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