Déclaré « éteint dans la nature » en 2000 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), cet ongulé africain incarne aujourd’hui la preuve que des programmes de conservation peuvent changer le sort d’une espèce. Aujourd’hui, plusieurs réintroductions ont eu lieu et l’avenir de l’oryx algazelle s’annonce sous de meilleurs auspices.
Description de l’oryx algazelle
Oryx dammah – aussi appelé oryx de Lybie – est un grand ongulé proche de l’antilope qui se distingue par ses longues et fines cornes qui se dressent au sommet de sa tête. Celles-ci mesurent en moyenne un mètre de long. De toutes les espèces d’oryx – Oryx beisa, Oryx leucoryx, Oryx gazella et Oryx dammah – la dernière, l’oryx algazelle est la seule dont les cornes sont incurvées très nettement vers l’arrière.
Son gabarit est moyen pour un oryx : les adultes mesurent environ 1,20 mètre de haut au garrot et pèsent entre 150 et 200 kg. Il n’existe pas de réel dimorphisme sexuel, mâles et femelles ayant tous des cornes ainsi qu’un pelage court et majoritairement blanc, atténué de marron clair sur le cou et l’avant du corps.
Avant sa disparition, l’aire de répartition historique de l’oryx algazelle s’étendait du Maroc et de la Mauritanie à l’Ouest jusqu’à l’Egypte et au Soudan à l’Est. Il s’est parfaitement adapté à ce milieu semi-désertique et est capable de résister aux températures très élevées, insupportables pour de nombreux mammifères.
C’est sur ce terrain à priori hostile qu’il parvient à trouver sa nourriture. Herbivore, l’oryx algazelle consomme principalement des herbes, graminées et racines de végétaux. Pour cela, il est capable de parcourir de grandes distances avant de tomber sur une plante à se mettre sous la dent.
Principales menaces
L’oryx algazelle a disparu de son milieu naturel à cause de l’homme. Et plus précisément de la chasse dont il était la cible. Cet ongulé était en effet très recherché pour différentes raisons : sa chair qui était consommée, ses cornes, mais aussi sa peau transformée en cuir. Cette chasse a été si intense qu’elle est l’une des principales causes du déclin rapide de l’espèce.
Autre menace responsable de l’extinction de l’oryx algazelle, elle aussi anthropique : l’extension du bétail sur ses terres. A cela s’est ajoutée la progression du désert du Sahara – +10 % depuis un siècle – consécutive au réchauffement climatique. Résultat, l’habitat naturel de l’oryx d’algazelle s’est fortement réduit au fil des ans.
Et puis, la cohabitation avec l’homme n’a décidément par réussi à l’oryx algazelle puisque les derniers spécimens sauvages connus, qui vivaient au Tchad, auraient été exterminés au début des années 1980, suite à la guerre civile qui a ravagé le pays jusqu’à la fin des années 1970. Quelques années après, à la fin des années 1980 ou bien au cours de la décennie 1990, l’espèce se serait éteinte.
Efforts de conservation
Face à toutes ces menaces, l’oryx algazelle semblait condamné. Mais il y a une cinquantaine d’années, une cinquantaine d’individus sauvages ont été capturés au Tchad pour se reproduire en captivité et constituer une population capable, un jour, de permettre le retour de l’espèce dans la nature.
En effet, de nombreux programmes d’élevage ex situ ont été créés pour tenter de sauver l’espèce. Dans les années 1960, les Emirats Arabes Unis ont ainsi commencé à reproduire des individus et disposent désormais d’un troupeau de plus de 3000 individus.
Aux Etats-Unis, des ranchs élèvent aussi l’espèce ainsi que plusieurs zoos européens. Le but : conserver un patrimoine génétique suffisamment solide pour envisager d’éventuelles réintroductions lorsqu’elles seront possibles.
L’oryx algazelle fait d’ailleurs l’objet d’un programme d’élevage européen (EEP) piloté par l’association européenne des zoos et aquariums (EAZA) et coordonné par le Parc Zoo du Reynou.
Des efforts qui ont fini par payer puisque, ensemble, ces programmes de reproduction ont d’ores et déjà permis plusieurs réintroductions d’oryx algazelle. L’Agence pour l’environnement d’Abu Dhabi et le gouvernement du Tchad ont ainsi travaillé ensemble à la réintroduction de l’espèce en 2016 avec le relâché de 25 individus dans le pays. Un signal fort puisque le Tchad était le dernier pays où vivait l’oryx algazelle avant de s’éteindre à l’état sauvage.
Suite à cette réintroduction au Tchad, un bébé oryx algazelle est né fin 2016. Il s’agissait de la toute première naissance à l’état sauvage depuis 30 ans ! Depuis, d’autres relâchés ont eu lieu, notamment celle de 83 antilopes en juillet 2018.
Des programmes de réintroductions ont aussi eu lieu et sont en cours au Maroc, au Sénégal et en Tunisie.
2 Réponses to “L’oryx algazelle”
10.05.2021
Alexis@Mo Skinner : l’Oryx du Qatar est une autre espèce (Oryx d’Arabie), qui vit au Proche-Orient.
Son histoire présente beaucoup de points communs avec celle de l’Oryx algazelle puisqu’il avait aussi disparu à l’état sauvage avant d’être réintroduit dans plusieurs pays de la péninsule arabique (Arabie Saoudite, Qatar, EAU, Sultanat d’Oman, etc…). Il y a peut-être un article dédié à cette espèce sur ce site.
27.04.2021
Mo SkinnerL’Oryx a également été réintroduit au Qatar dont il est l’emblème national ( cf logo de Qatar Airways). Par contre, je ne sais pas exactement à quelle famille ces individus sont rattachés