Il s’en est fallu de peu pour que le pigeon rose – oiseau endémique de l’Ile Maurice aussi connu sous son nom scientifique Nesoenas mayeri ou comme pigeon des mares – ne s’éteigne dans la nature. Ses effectifs sont en effet tombés à seulement une dizaine d’individus ! Heureusement, les populations se sont quelque peu rétablies. Non sans efforts.
Description du pigeon rose
Le pigeon rose est un oiseau de la famille des Columbidés qui vit dans les forêts de l’Ile Maurice, dans l’océan Indien. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une espèce de pigeon qui se distingue par un corps couleur rose pâle, des ailes marron et une queue large d’une teinte similaire à celle de ses ailes, quoique tirant davantage sur la couleur rouille.
Sa taille est plutôt dans la moyenne pour un pigeon. Son corps mesure entre 36 et 38 cm de long et est assez large.
Le pigeon rose est un oiseau qui se nourrit principalement de plantes, de graines et de bourgeons qu’il trouve dans la forêt où il s’établit. D’ordinaire, il est monogame et vit en couple.
Principales menaces
L’une des menaces qui pèsent sur le pigeon rose – comme pour d’autres espèces d’oiseaux qui vivent dans des îles – est l’arrivée de catastrophes météorologiques. Nesoenas mayeri étant un oiseau forestier, il est en effet directement impacté lorsque survient une tempête intense qui arrache les arbres, détruit ses nids et dégrade à long terme son habitat. En 1975 et en 1979, deux cyclones baptisés Gervaise et Claudette ont ainsi touché l’Ile Maurice. Après leur passage, la population de pigeons roses a chuté drastiquement d’une cinquantaine d’individus – nombre déjà faible – à moins d’une vingtaine.
Le pigeon rose est aussi vulnérable à la prédation qu’il subit, en particulier sur ses œufs et ses oisillons. La prolifération de rats dans l’île est notamment inquiétante, mais aussi la prédation de la part des mangoustes, des chats sauvages et des macaques crabiers. Les juvéniles sont également sensibles à la trichomonose, une maladie souvent mortelle induite par un parasite rapporté sur l’île par des espèces exotiques de pigeons.
Plus récemment, au cours de l’été 2020, la marée noire consécutive à l’échouage du vraquier MV Wakashio près des côtes mauriciennes a aussi mis tous les défenseurs du pigeon rose en alerte. Et pour cause, la catastrophe s’est produite à seulement 2 kilomètres de l’île aux Aigrettes où vivent plusieurs individus.
« L’eau de mer peut se mélanger aux eaux souterraines et contaminer le sol. Cela peut finalement conduire à la mort des plantes endémiques là-bas. Il est tout à fait possible que nous devions voir cette réserve s’éteindre lentement. Il a fallu 36 ans et plus de 300.000 plantes pour créer cette forêt côtière unique », regrettait la Mauritian Wildlife Foundation, en charge de la conservation du pigeon rose, dans un communiqué.
Efforts de conservation
Soumis à toutes ces menaces, le pigeon rose a failli disparaître. Dans les années 1980, il ne restait que 10 à 20 individus encore en vie dans la nature. Pour empêcher son extinction qui semblait alors inévitable, un programme de reproduction en captivité a vu le jour dès 1976 et d’autres mesures ont suivi, comme par exemple la protection des nids, le suivi des populations ou encore la restauration de l’habitat.
Grâce à ces efforts intensifs, le nombre de pigeons roses à l’Ile Maurice est remonté à 50 individus en 1993, puis 300 en 2000. D’après la Mauritian Wildlife Foundation, ils seraient environ 450 aujourd’hui. En 2018, l’espèce a quitté le statut « en danger » d’extinction de l’UICN qu’elle occupait depuis 2000 – elle était même « en danger critique » dans les années 1990 – et est passée « vulnérable », s’éloignant un peu plus de la disparition dans la nature.
Parce que la qualité de l’habitat dans lequel il vit est essentielle pour assurer sa survie, le pigeon rose a été réintroduit sur l’Ile aux Aigrettes à partir des années 1990. D’autres encore ont été relâchés dans la vallée de Ferney, au sud-est de l’île principale, une réserve naturelle de plus de 200 hectares.
Mais tout n’est pas encore gagné. D’après un communiqué de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), « l’avenir de l’espèce n’est toutefois pas assuré tant son maintien ne paraît envisageable sans le programme de conservation spécifique qui lui est dédié ». Autrement dit, les efforts fournis pour assurer sa conservation doivent se poursuivre. Sinon, l’espèce déclinera à nouveau et pourrait s’éteindre. Le lien entre la survie du pigeon rose et son programme de conservation est donc extrêmement fort.
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