
L’hybridation ne concerne pas seulement les espèces terrestres mais aussi celles qui vivent dans les cours d’eau, les lacs ou encore les mers et océans. Sous la surface de l’eau, aussi, il se passe bien des choses dans l’évolution du vivant !
Le narluga : hybride entre beluga et narval
Chez les cétacés, un fossile d’hybride entre béluga et narval a été révélé en 2019. Tout a commencé en 1990, au Groenland, lorsqu’un scientifique a découvert un crâne de cétacé qu’il ne reconnaissait pas. Celui-ci appartenait à un chasseur qui aurait abattu à la fin des années 1980 trois mammifères marins à l’étrange apparence physique. En effet, ils présentaient selon lui des nageoires de béluga mais une queue de narval et également des dents torsadées rappelant la défense très célèbre des mâles Monodon monoceros.
Le crâne a été envoyé au Muséum d’histoire naturelle de Copenhague au Danemark où il a gardé tous ses secrets. Ce n’est qu’en juin 2019 qu’une analyse génétique prouvera l’hybridation entre les deux espèces. Il s’agit d’un hybride mâle adulte de première génération, ce qui signifie qu’on ne sait pas s’il aurait été capable de se reproduire ou non. Ce qui surprend le plus, c’est que narval et béluga appartiennent à des familles de cétacés différentes, le béluga étant un dauphin et le narval, une petite baleine. Le spécimen, unique pour le moment, est baptisé « narluga ».
Le croisement entre espèces de dauphins
Autre cétacé hybride, le croisement entre un dauphin à bec étroit et un dauphin d’Électre découvert à Hawaï en 2017.Observé par des chercheurs du Cascadia Research Collective présents pour documenter la vie marine hawaiienne, cet hybride était encore totalement inédit.
Ces découvertes d’hybrides sont ponctuelles, presque épisodiques. Elles sont extrêmement rares et ne constituent en rien une nouvelle espèce. Toutefois, elles prouvent qu’en cas de difficulté à trouver des partenaires de leur espèce, les cétacés peuvent s’hybrider. A noter, ces spécimens ne sont pas forcément stériles. Ainsi, des « wholphin » nés en captivité, croisement entre un grand dauphin et une fausse orque (espèce de dauphin), se sont reproduits avec succès.
L’hybridation entre poissons
Le croisement entre poissons, aussi, s’observe dans la nature. En octobre 2019, des chercheurs ont découvert des hybrides deuxième génération entre deux espèces de saumons : le coho (ou saumon argenté) et le quinnat (aussi appelé saumon royal). Deuxième génération signifie que les spécimens analysés sont nés de poissons déjà hybridés et donc capables de se reproduire. Un détail important car si des hybrides de première génération étaient déjà connus par le passé entre plusieurs familles de saumons, c’est la première fois que des spécimens de deuxième génération sont découverts.
S’il est trop tôt pour dire si ces hybrides constitueront une espèce à part entière, ils sont pour l’un des deux chercheurs qui ont fait la découverte « la réponse biologique » à des menaces anthropiques comme le pompage de l’eau des rivières ou le changement climatique.
En revanche, une étude publiée le 3 décembre 2019 dans Nature Communications et portant sur les cichlidés prouve que l’hybridation génétique est à la source de la grande variété de cette famille de poissons.
En prenant le cas du lac Moero – ou Mweru – situé à la frontière entre la République démocratique du Congo et la Zambie, la publication décrit le séquençage de l’ADN de 400 cichlidés prélevés dans le lac. D’après leurs constats, la grande variété d’espèces présentes aujourd’hui dans le lac serait issue de la fusion de deux lacs il y a un million d’années, le lac Bangweulu et son voisin le Mweru.
Les espèces de poissons des deux lacs se sont hybridées et ont donné naissance à de nouvelles espèces aux apparences physiques proches mais propres à chacune. Citée par Numerama.com, la biologiste Joanna Meier, a déclaré à propos de l’hybridation interspécifique que « le melting pot du lac Mweru nous a donné une occasion rare d’étudier les interactions entre de nouvelles espèces en évolution, et elle a montré que, dans un nouvel environnement offrant de nombreuses possibilités écologiques, l’hybridation peut être une bonne chose qui augmente finalement la biodiversité ».
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