Les exemples d’hybridation entre espèces d’oiseaux différentes sont nombreux à travers le monde. Rien qu’en France, entre 2017 et 2019, plusieurs croisements entre des bruants jaune et des bruants à calotte blanche ont été observés. Pourtant, ces dernières sont très rares en Europe !
Le pinson des Galápagos
Mais l’un des exemples les plus parlant d’hybridation entre oiseaux menant à une nouvelle espèce est sans doute le pinson des Galápagos ! En 1835, quand Charles Darwin découvre les îles Galápagos, il dessine et inventorie un certain nombre de pinsons dont il fait le symbole de sa théorie de l’évolution.
Alors qu’une quinzaine d’espèces étaient déjà connues, une petite nouvelle a fait son apparition et serait née par hybridation interspécifique. Ce cas est l’un des plus documentés de l’histoire de la biologie animale parce qu’il a eu lieu sous les yeux d’un couple de chercheurs présents sur l’île Daphne Mayor.
En 1981, ils aperçoivent un oiseau dont le chant et le bec diffèrent de ceux qui vivent sur l’île. Ils apprendront plus tard qu’il appartient à une espèce – les géospizes à bec conique – qui niche sur une île éloignée de plus de 100 km de la leur. Ils capturent le pinson, prélèvent un peu de sang et libère l’oiseau qui se reproduit par la suite avec un géospize à bec moyen, un des pinsons de Darwin. De cette union naît une ribambelle d’oisillons qui présentent des caractéristiques physiques mélangeant les deux espèces.
Mais une fois arrivés à l’âge adulte, ces hybrides de première génération n’attirent pas de partenaire sexuel car leur chant différent des autres pinsons de l’île. Ils se reproduisent alors entre eux et donnent vie à une seconde génération d’hybride et ainsi de suite. En 2002-2003, nous en sommes à la quatrième génération de croisement quand l’île Daphne Mayor subit d’importantes sécheresses. Presque tous les hybrides meurent à l’exception de deux oiseaux, de sexes opposés, qui auront à leur tour 26 oisillons. Une cinquième génération d’hybride était lancée et continuent à perdurer jusqu’ici, grâce à la consanguinité. Si ces hybrides sont aujourd’hui reconnus comme espèces c’est parce qu’ils ont su perdurer dans le temps et trouver leur propre niche écologique tout en conservant leur génome.
Cette étude longue de 31 ans et six générations d’hybrides a été publiée en 2018 seulement. Elle a permis au couple de biologistes de l’Université de Princeton, Peter et B. Rosemary Grant, d’avancer l’idée que l’étonnante variété de pinsons de Darwin pourrait être le résultat de multiples croisements entre espèces de pinsons, créant ainsi de nouvelles espèces qui ont perduré jusqu’à aujourd’hui ou qui, au contraire, ont disparu. Ce que nous prenons aujourd’hui pour espèce pure pourrait donc être en fait une ancienne hybridation.
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