Avec ses 3,4 millions d’hectares, soit 34 000 km², le parc amazonien de Guyane est le plus grand parc national français mais aussi européen. Il recouvre 40 % du territoire guyanais et s’étend sur toute la partie sud, sur le plateau des Guyanes entre le Brésil et le Venezuela. Le parc regroupe cinq communes : Maripasoula, Camopi, Papaïchton, Saül et Saint-Elie. Son coeur concentre 2 millions d’hectares de forêt, les 1,4 million d’hectares restants constituant la zone de libre adhésion. Bien que vaste, cette région est très peu peuplée : moins de 20 000 habitants au total, majoritairement des communautés amérindiennes (dont Wayana, Wayãpi et Téko-Emérillons), des noirs-marrons (Aluku) et des Créoles. Deux fleuves cernent la zone – le Maroni à l’ouest et l’Oyapock à l’est – et tracent leur route au milieu d’une forêt luxuriante où s’érigent des arbres immenses, dont le fromager qui domine la canopée avec ses 50 m de haut. Quelques inselbergs, ces gros massifs granitiques et escarpés, jaillissent de cette verdure de-ci de-là et complètent le paysage. Les montagnes Bellevue de l’Inini sont le point culminant du parc amazonien de Guyane, à 851 m d’altitude.
L’histoire du parc
La forêt tropicale amazonienne abrite non seulement une faune et une flore exceptionnelles (voir plus bas), mais aussi des cultures fortes et diversifiées. Un patrimoine naturel et culturel à protéger pour que les interactions entre l’Homme et le milieu sauvage continuent à se faire dans de bonnes conditions. Il est donc décidé dès les années 1990 de créer un parc national en Guyane. François Mitterrand, président de la République de l’époque, l’annonce lors du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Un symbole fort pour affirmer une volonté de lutter contre la déforestation qui touche déjà une grande partie de la planète. Dès février 1993, une mission d’étude est lancée afin de définir les conditions de mise en œuvre de ce projet et il en ressort en 1995 une première proposition qui n’est pas retenue. Un deuxième projet est proposé en 2000 et est de nouveau rejeté. La troisième tentative est la bonne et est acceptée par l’ensemble des parties prenantes en 2006. Finalement, le parc amazonien de Guyane est créé le 27 février 2007, quelques jours avant le parc de la Réunion. Il fait désormais partie des dix parcs nationaux français. Avec le parc national des Tumuc-Humac, qui se situe de l’autre côté de la frontière au Brésil, il constitue la zone protégée la plus vaste au monde en termes de forêt tropicale : plus de 12 millions d’hectares.
Ces dernières années, le parc guyanais doit faire face à une nouvelle menace : l’orpaillage illégal. Le sol est riche en minerais et les chercheurs d’or clandestins le savent. Résultat, ils n’hésitent pas à ouvrir des chantiers illégaux au sein de l’espace protégé, au mépris de la réglementation et de la biodiversité ambiante. Pour donner un exemple de l’ampleur de ce phénomène, le parc a procédé à un inventaire en août 2017 et recensé 177 chantiers aurifères illégaux dans son espace. La commune de Maripasoula, qui représente à elle seule plus de 20 % du territoire guyanais et qui s’étale sur tout le sud-ouest du département, est particulièrement touchée puisqu’elle en comptait à elle seule 114.
La flore et la faune du parc amazonien de Guyane
L’Amazonie est un vivier exceptionnel d’espèces animales et végétales et la partie guyanaise ne fait pas exception. Un simple coup d’œil à sa forêt tropicale suffit pour comprendre que ce territoire regorge de vie. Sa flore compte plus de 5 800 espèces ; on estime que sur chaque hectare, plus de 150 arbres différents se côtoient avec certains des plus hauts de la planète et qui donnent l’impression de s’ériger jusqu’au ciel. Vue depuis le sol, la canopée semble être dans un autre monde, inaccessible à l’Homme et pourtant de nombreuses espèces y évoluent. Si le vert domine, la couleur est elle aussi omniprésente grâce à des milliers d’espèces de fleurs, dont un grand nombre d’orchidées. Les sous-bois font également la part belle aux fougères, lianes et palmiers.
C’est dans cette nature luxuriante que vivent plusieurs milliers d’espèces animales dont les plus emblématiques de l’Amazonie comme le jaguar, la loutre géante, le caïman à lunettes, les papillons morpho ou encore les coléoptères géants. Du côté de l’avifaune, le parc amazonien de Guyane a répertorié près de 720 espèces différentes dont la harpie féroce (Harpia harpyja), le coq-de-roche (Rupicola rupicola), le colibri guaïnumbi (Polytmus guainumbi), le ara bleu (Ara ararauna) ou encore sept espèces de toucans – toucan toco, toucan ariel, toucan à bec rouge, araçari vert, toucanet koulik, toucanet de Natterer et araçari grigri. Dans ce climat chaud et humide, les reptiles et les amphibiens trouvent un cadre idéal pour se développer. Le parc de Guyane en compte respectivement plus de 170 et 140 espèces. Anacondas, boas constrictor, caïmans et plusieurs espèces de tortues peuplent ce territoire aux côtés d’animaux plus petits, comme l’ostéocéphale à flancs bleus, le très rare crapaud-feuille du genre Rhinella qui ne vit qu’au mont Itoupé ou encore la phylloméduse tigrine (Phyllomedusa tomopterna), une petite grenouille de moins de 6 cm. Encore plus petits, les invertébrés sont également nombreux, avec entre autres des fourmis, des scarabées-rhinocéros et plusieurs espèces de papillons. Enfin, les mammifères sont représentés par plus de 200 espèces avec notamment de nombreux primates dont le saki satan ou saki noir (Chiropotes satanas), endémique du plateau des Guyanes et en danger critique d’extinction.
Visiter le parc
Avec une telle étendue, difficile de savoir par quel bout commencer ! Les environs de Saül constituent un excellent point de départ pour découvrir le parc amazonien de Guyane par la randonnée car différents sentiers partent de la commune. Depuis peu, le parc met à la disposition des visiteurs un portail internet, « Randonnées et itinéraires dans le parc amazonien de Guyane », répertoriant les circuits possibles, leurs dénivelés et la topographie des itinéraires.
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