Au fil des siècles et des nombreuses éruptions volcaniques, l’île de la Réunion s’est façonné un paysage abrupt, aux multiples facettes. Entre remparts vertigineux, littoraux sauvages et vallées profondes, elle offre un relief et une biodiversité hors du commun. Pas étonnant qu’avec ses 1 050 km², le coeur du parc national de la Réunion recouvre 42 % de l’île et 60 % avec son aire d’adhésion ! Les deux volcans, le Piton des Neiges – et ses fameux cirques de Mafate, Cilaos et Salazie – ainsi que le Piton de la Fournaise et les milieux forestiers qui les bordent font bien entendu partie du parc, qui se distingue par son fort taux d’endémisme. Ici vivent en effet de nombreuses espèces animales et végétales qui n’existent nulle part ailleurs. Le coeur et quatre sites situés dans l’aire d’adhésion, à savoir la Grande Chaloupe, la forêt de Mare-Longue, le Piton d’Anchain, le Piton de Sucre et la chapelle du cirque de Cialos, sont d’ailleurs inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2010.
L’histoire du parc national de la Réunion
Fondé quelques jours après son homologue amazonien, le parc national de la Réunion est à ce jour le troisième et dernier parc national français d’outre-mer. Derrière sa création se cache une prise de conscience progressive : l’exceptionnelle nature de l’île doit être protégée, notamment contre l’urbanisation grandissante qui la menace. Les premières zones protégées voient le jour à partir des années 1970, sous l’influence des travaux du botaniste Thérésien Cadet qui a mis le doigt sur l’extraordinaire biodiversité des lieux, en particulier dans les zones d’altitude. Mais les collectivités sont convaincues que cela ne suffit pas : le Conseil régional et le Conseil général demandent à l’Etat que soit créé un parc national dès 2000. Après concertation et travail préparatoire pour examiner le dossier, le parc national de la Réunion naît le 5 mars 2007.
La faune et la flore réunionnaises
Avec l’île Maurice et Rodrigues, la Réunion fait partie de ce que l’on appelle les Mascareignes, un archipel de l’océan Indien. Il s’agit aussi de l’un des hotspots (ou points chauds) de la planète, c’est-à-dire un endroit caractérisé par un fort taux d’endémisme et dans lequel la biodiversité est particulièrement fragile.
La flore y est si riche qu’il n’est pas rare de découvrir de nouvelles espèces ! Comme en mars 2011, lorsqu’un agent du parc a découvert lors d’une ronde dans le fond de la rivière de l’Est une nouvelle orchidée que l’on pensait présente uniquement à Madagascar : Liparis microcharis. Parmi les végétaux indigènes de l’île, on retrouve les fanjans des Hauts (Cyathea glauca et Cyathea borbonica), sorte d’immenses fougères des forêts de Bois de couleurs, le bois d’ortie (Obetia ficifolia), une espèce rare présente en forêt tropicale sèche ou semi-sèche de basse et moyenne altitude, ou encore la liane croc de chien (Smilax anceps) autrefois utilisée dans la confection de paniers.
L’avifaune réunionnaise est elle aussi remarquable. Trois oiseaux endémiques sont particulièrement menacés et en danger d’extinction d’après l’UICN : le tuit-tuit (Coracina newtoni), le pétrel de Barau (Pterodroma baraui) et le pétrel noir de Bourbon (Pseudobulweria aterrima) dont le cri plaintif a donné naissance à plusieurs légendes. Seul rapace de l’île, également endémique, le pagangue ou busard de Maillard (Circus maillardi) est lui aussi une espèce menacée. Côté reptiles également, il y a de quoi faire ! Endémique, le lézard ou gecko vert des Hauts (Phelsuma borbonica) fait par exemple partie de l’une des nombreuses missions de conservation du parc national de la Réunion.
Malheureusement, les agents du parc national doivent composer avec une problématique de taille : les espèces invasives. Et elles sont nombreuses, tant du côté de la faune que de la flore, ce qui a de graves conséquences sur les espèces indigènes. Il n’existe aucun prédateur de taille sur l’île, la plupart des espèces se sont donc développées sans facultés particulières permettant de se défendre ou de se camoufler. L’introduction par l’Homme de certains mammifères comme les chats domestiques et les rats cause donc de nombreux torts. La problématique est la même pour les végétaux : l’absence de mégaherbivores et de parasites a contribué à la prolifération d’espèces comme la liane papillon, une ronce pouvant atteindre les 15 mètres de long et étouffant progressivement les arbres et plantes alentour, mais aussi le choca vert ou chanvre de Maurice (Furcraea foetida) importé au 19ème siècle, l’avocat marron (Litsea glutinosa) et le galabert, une plante grimpante originaire d’Amérique.
Visiter le parc national de la Réunion
L’inscription des pitons, cirques et remparts au patrimoine mondial a fortement dynamisé l’attractivité déjà élevée de l’île. Chaque année, un million de visiteurs parcourent le parc à pied. Il faut dire que l’une des plus belles façons d’admirer le panorama exceptionnel du parc national de la Réunion reste la randonnée. Un grand nombre de sentiers pédestres – 816 kilomètres au total – sillonnent la zone et permettent d’accéder en toute autonomie aux plus beaux sites. D’autres activités respectueuses de l’environnement sont également possibles comme le VTT, le canyoning, la spéléologie dans les tunnels de lave, le parapente ou encore l’équitation.
Le parc organise régulièrement des animations à destination du grand public dans le but de l’informer et le sensibiliser à la conservation de la nature. Chaque année, une cinquantaine d’événements ont ainsi lieu en marge de manifestations nationales comme la Fête de la nature ou les Journées européennes du patrimoine, mais aussi de manifestations locales telles que les Nuits sans lumière ou la Semaine créole. Les agents de terrain sont également présents au quotidien pour aller à la rencontre des randonneurs et répondre à toutes leurs questions. Pour tout renseignement supplémentaire, rendez-vous à la maison du parc, à mi-chemin entre les deux volcans dans le village pittoresque de la Plaine des Palmistes.
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