Cousin du loir avec qui on le confond parfois, le lérot – ou Eliomys quercinus – est un rongeur plutôt répandu et pourtant assez méconnu en France.
Description du lérot
Le lérot appartient à la famille des Gliridés (ou Myoxidés), tout comme les loirs, les muscardins et les lérotins. C’est un rongeur nocturne qui se réfugie parfois dans les greniers des maisons, ce qui lui vaut le surnom de « loir des greniers ». Mais on l’appelle aussi « rat dormeur » car il hiberne en hiver.
Caractéristiques physiques
On le distingue facilement des autres rongeurs de sa famille par le masque noir qu’il porte sur sa tête et qui entoure ses yeux. « C’est le rongeur masqué », s’amuse François Leboulenger, secrétaire national du groupe de travail « Petits mammifères » à la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM).
A part cette distinction, le lérot présente une taille assez standard pour un rongeur, entre le rat et la souris. « Les adultes mesurent entre 10 et 17 cm pour un poids moyen compris entre 50 et 120 grammes. Ils pèsent plus lourd à l’automne car ils engraissent en prévision de leur hibernation », détaille François Leboulenger.
La queue du lérot mesure quant à elle 10 à 15 cm et se termine par un pinceau touffu de poils noirs bordés de blanc. « Il a aussi de gros yeux noirs saillants et de grandes oreilles, complète le spécialiste de la SFEPM. Le pelage de l’animal est gris-brun sur le dos et plutôt blanc-gris, assez clair, sur le ventre. »
Régime alimentaire
Ce « rongeur masqué » est omnivore, plutôt considéré comme un végétarien mangeur de fruits et de graines, mais capable aussi de se montrer assez carnivore selon la situation.
« C’est un opportuniste très adaptatif. Habile grimpeur, capable de marcher en surplomb, le lérot peut très bien se hisser jusqu’à un nid d’hirondelles pour manger les œufs ou les oisillons. Il peut aussi s’attaquer à des nids de jeunes mammifères, comme les campagnols et les mulots », explique le secrétaire national du groupe de travail « Petits mammifères » de la SFEPM.
Comportement
Le lérot est un animal nocturne, autrement dit, actif la nuit. « C’est la raison pour laquelle il n’est pas toujours très bien vu car il lui arrive de faire la cavalcade la nuit dans un grenier et de réveiller toute la maison ! », plaisante François Leboulenger.
Il hiberne entre novembre et mars. « Son hibernation est assez profonde. Il la passe dans des nids qu’il se fabrique dans des fissures de roches, des cavités d’arbres, parfois à même le sol sous une tôle par exemple, ou à l’intérieur des maisons, où il se réfugiera dans de vieux tissus par exemple… Cet animal est assez éclectique dans ses façons d’hiberner ! » Il lui arrive d’ailleurs d’occuper d’anciens nids d’écureuils ou d’oiseaux qu’il n’a qu’à aménager à son goût pour s’y installer.
Plutôt solitaire, le lérot peut cependant hiberner en compagnie d’autres congénères. A ce moment, sa température corporelle peut descendre en-dessous des 6°C et sa fréquence cardiaque à… 3 battements par minute !
Habitat
L’aire de répartition du lérot est assez étendue, de l’Europe à l’ouest de l’Asie. Mais attention, on ne le trouve pas dans tous les pays de cette zone. En Europe, par exemple, il est absent de l’Irlande et du Royaume-Uni, ainsi que de la Grèce, de la Norvège et de la Suède ou encore du Danemark. Et en France, il est présent partout sauf en Normandie armoricaine. Il reste également quelques lérots en Bretagne, mais l’espèce est classée « en danger critique d’extinction » dans la région. « On ignore pourquoi il ne vit pas dans ces zones », souligne François Leboulenger.
Le lérot vit dans des biotopes variés, et a une préférence pour les vergers, les bois et les haies. « C’est aussi un animal anthropophile, ce qui signifie qu’il peut vivre proche de l’homme. » On le trouve donc dans des bâtiments, abandonnés ou non. Il arrive qu’il se réfugie l’hiver dans les greniers ou les garde-manger où l’on stocke les fruits pour l’hiver. Alors attention, car il peut manger tout ce qui lui tombera sous la dent ! « En général, il commence à s’attaquer à un fruit, puis passe à l’autre sans l’avoir terminé et ainsi de suite. »
Le rongeur apprécie aussi les zones rocailleuses, comme les entrées de cavités souterraines ou les pierriers.
Statut et menaces
D’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le lérot est « quasi-menacé » (NT) à l’échelle globale. Autrement dit, il ne s’agit pas encore d’une espèce menacée, mais pas loin, le cran du dessus étant la catégorie « vulnérable » (VU). A noter que ce classement remonte à 2008 et qu’à l’époque, déjà, les effectifs étaient considérés comme en déclin.
« Aujourd’hui, cela n’a pas changé, note François Leboulenger. La tendance générale est à la décroissance des populations. Si cela continue et que sa zone de présence se réduit davantage, il faudra agir. »
En France, le lérot n’est pour l’instant pas protégé et n’a pas de statut particulier. Pourtant, plusieurs menaces pèsent sur lui. A commencer par la modification des paysages où il vit. « Le lérot aime les milieux variés avec des haies, des bosquets, des bois… Or, on a tendance à simplifier les paysages pour avoir des milieux très contrastés avec d’un côté la prairie et, de l’autre, le bois. Mais les connectivités entre ces différents milieux disparaissent. »
La rénovation d’anciens bâtiments et de bâtisses abandonnées où il aime se réfugier peut également jouer. La prédation, en revanche, n’est pas considérée comme une menace de premier ordre. Y compris celle des chats domestiques. Il faut dire que le lérot est très agile, il peut rapidement aller se cacher dans de la végétation pour échapper à ses poursuivants.
Reproduction
Hibernant une bonne partie de l’année, le lérot ne démarre sa saison des amours qu’au printemps. Ce qui ne l’empêche cependant pas d’avoir potentiellement jusqu’à deux portées par an, comme bon nombre d’autres rongeurs, lorsque les bonnes conditions sont réunies.
A chacune de ses portées, une femelle a 5 petits en moyenne, après une période de gestation d’environ 3 semaines. Elle les allaite durant les premiers instants de vie et jusqu’à l’âge de 4 semaines. Les petits lérots seront parfaitement sevrés et prêts à quitter leur mère à 2 mois.
L’espérance de vie du lérot est de 3 à 4 ans.
2 Réponses to “Le lérot”
12.09.2021
MUNIERJ’avais un chat qui attrapait régulièrement des lérots.
25.07.2021
CarineBonjour,
existe t il des associations qui sauvent ces petits bandits masqués dans l’Allier 03 ?
Merci par avance