Elle est petite, grise et court souvent dans nos jardins, mais ce n’est pas une souris ! Même si on la confond souvent avec un petit rongeur, la musaraigne des jardins n’en est pas un. Apprenons à la connaître.
Description de la musaraigne des jardins
Les musaraignes sont de petits mammifères appartenant à l’ordre des insectivores, et non des rongeurs comme on pourrait le croire, tant on les confond avec des souris. Il existe une douzaine d’espèce de musaraignes en France, qui se séparent en deux groupes :
- les dents rouges, en raison de la présence de fer dans l’émail, qui réunissent les musaraignes du genre Sorex (musaraigne couronnée, musaraigne carrelet, musaraigne alpine) ;
- les dents blanches avec les trois crocidures (musaraigne bicolore, musaraigne des jardins et musaraigne musette), la pachyure étrusque, etc.
La musaraigne des jardins est donc l’une des trois crocidures qui vivent en France. On l’appelle d’ailleurs parfois crocidure des jardins, tout simplement, ou Crocidura suaveolens, un peu moins simplement : il s’agit là de son nom scientifique.
Caractéristiques physiques
Comme toute crocidure, Crocidura suaveolens se distingue par son museau effilé, ses oreilles bien visibles et ses poils fins sur la queue. Même si elle ressemble à la musaraigne bicolore, elle n’a pas son pelage en deux teintes très délimitées. « Sa coloration rappelle en fait celle de la musette avec son gris-brun moins sombre que chez la bicolore, et l’absence de ligne de démarcation nette avec le ventre plus grisâtre », note François Leboulenger, secrétaire national du groupe de travail « Petits mammifères » à la Société Française pour l’Etude et la Protection des Mammifères (SFEPM).
Côté gabarit, la crocidure des jardins est plus petite que la crocidure musette, qui lui ressemble beaucoup. Adulte, elle pèse 6 à 9 grammes seulement, ce qui peut sembler peu mais est bien plus lourd que la pachyure étrusque dont le poids moyen est inférieur à 2 grammes !
« La musaraigne des jardins est aussi plus grande que la pygmée, explique François Leboulenger. Fait notable : sa taille varie selon sa localisation. Sur le continent, elle est la plus petite de toutes les crocidures, mais en Corse où il n’existe aucune musaraigne musette ou musaraigne bicolore, elle est plus grande et atteint presque la taille de la musette. D’ailleurs pendant longtemps, on pensait qu’il s’agissait de la musette qui vivait sur l’Ile de Beauté. Mais des analyses génétiques approfondis ont révélé qu’il s’agissait bien de la crocidure des jardins. Sur les autres îles où elle est présente, dans l’Atlantique, elle est également plus grande. »
Régime alimentaire
Comme évoqué plus haut, la musaraigne est un insectivore, elle se nourrit donc principalement d’insectes. Comme sa cousine bicolore, la crocidure des jardins mange de petits invertébrés tels que des cloportes, des vers de terre, de petits escargots, etc. A l’occasion, elle peut être charognarde.
« Les musaraignes des jardins vivant sur des îles mangent quant à elles des amphipodes et puces de mer qui se trouvent sur les petits crustacés », complète François Leboulenger.
Toutes les musaraignes ont un métabolisme très rapide et ont besoin de beaucoup manger pour continuer à vivre. Elles ne s’accordent que de brefs temps de repos durant lesquels elles arrêtent de se nourrir pour se reposer, mais jamais plus de quelques heures.
Habitat
L’aire de répartition de cette petite musaraigne est très étendue, de l’Europe jusqu’au Japon en passant par la Chine. Elle semble préférer les zones plus méridionales, où il fait chaud et sec, et éviter celles où le climat est plus frais et humide. Elle est par exemple absente des Pays-Bas et du Danemark.
En France, on la retrouve du sud de la Bretagne jusque dans les Alpes maritimes. « On dirait qu’elle évite un peu l’Auvergne et est surtout présente dans le sud-est de la France, davantage dans les régions méditerranéennes même si elle est aussi présente dans la vallée du Rhône. »
Comme son nom le laisse entendre, cette espèce de musaraigne est assez connue pour être aperçue dans les jardins, en particulier dans le Sud de la France. « Elle affectionne aussi les terrasses en pierre et les petits murets en pierre qu’on trouve dans les jardins », souligne l’expert de la SFEPM.
Statut et menaces
Les musaraignes ne sont pas des animaux évidents à étudier. D’abord parce qu’il est souvent difficile de déterminer avec précision de quelle espèce il s’agit lorsqu’on tombe sur un individu, et puis parce que même le piégeage est une opération compliquée. Pour rappel, une musaraigne a besoin de se nourrir quasiment en continu, si elle se retrouve piégée sans pouvoir manger, elle peut mourir en quelques heures.
« C’est très compliqué d’avoir des informations, reconnaît François Leboulenger. Le piégeage représente un risque de mortalité important pour ces animaux fragiles. C’est vraiment beaucoup plus difficile qu’avec des rongeurs par exemple. »
Même s’il est impossible aujourd’hui de connaître la taille de la population sauvage ou de dessiner une tendance, on sait que l’habitat naturel de la musaraigne des jardins régresse. « On pense qu’elle pâtit aussi de la compétition avec la crocidure musette, qui a une dynamique de population très forte », ajoute le spécialiste.
A l’échelle internationale, Crocidura suaveolens n’est pas considérée comme une espèce menacée : l’UICN la classe en « préoccupation mineure » (LC). En France, en revanche, son statut est plus inquiétant puisque l’espèce est considérée comme « quasi-menacée » sur le territoire.
« On note une régression globale dans son aire de répartition et ce n’est pas nouveau : l’espèce était déjà « quasi-menacée » sur la précédente liste rouge des mammifères menacés de France métropolitaine. L’inquiétude à son sujet remonte donc à plus loin que pour la musaraigne bicolore. »
Reproduction de la crocidure des jardins
Pourtant, la musaraigne des jardins est une espèce qui se reproduit facilement. Une femelle peut avoir deux à cinq portées par an avec, à chaque fois, 3 à 9 petits par portée.
« Le nombre de portées annuelles semble dépendre des conditions alimentaires – si la femelle a des facilités ou au contraire des difficultés à trouver de la nourriture – et des conditions thermiques. Mais pas mal d’incertitudes subsistent encore », commente François Leboulenger.
5 Réponses to “La musaraigne des jardins”
21.08.2021
varga suzannebonjour effectivement ses agissements sont très méconnus pour ma part c’est un animal nuisible, est-il capable de cultiver des insectes pour en avoir à sa portée en permanence ? C’est une réelle question par exemple des mites ou des cafards question très intéressante pour ma part animal nuisible à 300 pour cent
23.08.2021
Jennifer MatasBonjour, dans un écosystème équilibré, il n’existe pas d’animaux « nuisibles ». Au contraire, chaque espèce a sa place et participe à l’équilibre général. En tant qu’insectivores, les musaraignes sont par exemple de parfaits régulateurs des populations d’insectes et font, au contraire, que les insectes ne pullulent pas comme ils le feraient sans prédateur.
08.08.2021
MartineJ’habite depuis 38 ans dans la même maison en Meuse et j’en ai toujours eues. Le problème vient des chats je pense qui les tuent sans les manger. Je les vois le long des murets et dans les composteurs. Je suis tombée une fois sur une naissance dans un composteur plusieurs petits même pas 2 cms mais museau allongé. Je les ai laissés et les parents sont venus les chercher. J’ai toujours eu un chien là j’en ai 2 je me demande si une des deux ne les chasserait pas
06.08.2021
DOMINETrès intéressant article sur un animal que nous connaissons finalement très mal.
07.08.2021
J. BMerci pour cet article ! Un petit bémol sur l’aire de répartition, ici dans le Pas-de-Calais, elles ne manquent pas.