
Haut lieu du tourisme au printemps et en été pour les nombreux vacanciers qui la descendent en canoë ou flânent simplement sur ses bords, la Dordogne est aussi un site de première importance en termes de biodiversité. Son bassin a d’ailleurs été classé réserve de biosphère par l’Unesco en 2012.
Localisation
Toute la zone classée s’articule autour de la Dordogne. Longue de 483 kilomètres, cette rivière prend sa source au puy de Sancy, plus haut sommet du Massif Central. Elle traverse ensuite six départements avant de se jeter dans l’estuaire de la Gironde, comme la Garonne.
Par sa superficie de 24.000 km², cette réserve de biosphère est la plus vaste de France. Elle englobe plus de 1400 communes différentes dans lesquelles vivent à l’année 1,2 million de personnes. La rivière Dordogne sert bien entendu de fil rouge et ce sont toutes les zones qu’elle alimente en eau qui font partie de la zone classée par l’Unesco. Cela concerne également ses affluents, comme la Maronne, la Vézère ou encore la Cère.
L’objectif est multiple : il s’agit de préserver ces milieux riches en biodiversité mais aussi réhabiliter ceux qui ont été dégradés par les activités humaines. Parmi les principaux chantiers lancés, citons la renaturation de l’ancienne gravière de Veyrignac par exemple. Ce projet a permis de recréer un écosystème fluvial naturel en lieu et place d’un ancien site industriel de 15 hectares.
Le coordinateur de la réserve de biosphère du Bassin de la Dordogne est l’Etablissement public territorial du Bassin de la Dordogne (EPIDOR), un syndicat mixte regroupant les six conseils généraux de la vallée de la Dordogne. Il s’agit du Puy-de-Dôme, du Cantal, de la Corrèze, du Lot, de la Dordogne et de la Gironde.
Biodiversité
Si le bassin de la Dordogne est classé en réserve de biosphère, c’est surtout parce qu’il est un habitat essentiel pour de nombreuses espèces vivantes. Certaines sont d’ailleurs en voie de disparition et ont le plus grand besoin de vivre dans un milieu naturel le plus préservé possible.

Dordogne. ©Phil Morgan
La faune
La faune aquatique est bien évidemment très bien représentée avec de nombreuses espèces de poissons plutôt communes dans les cours d’eaux français, comme par exemple la carpe, l’ombre, la perche ou encore la loche, mais aussi le chevaine, l’aspe, le goujon, l’ablette et le chabot. Au total, 58 espèces de poissons nagent dans ces eaux.
Mais certaines espèces sont extrêmement rares et menacées. C’est le cas de l’esturgeon européen (Acipenser sturio), qui est probablement l’un des poissons les plus menacés d’Europe. Autrefois très répandus dans les fleuves européens, il ne vivrait plus désormais que l’hydrosystème Gironde-Garonne-Dordogne.
C’est aussi le cas de l’anguille d’Europe (Anguilla anguilla), classée « en danger » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Si elle née en mer des Sargasses, c’est dans nos cours d’eau qu’elle grandit et évolue en civelle. A ce moment-là, elle est malheureusement très recherchée des braconniers qui les vendent à prix d’or en Asie pour être mangées.
Pour les mollusques, aussi, le bassin de la Dordogne est un habitat de première importance. Dans ses cours d’eau vivent notamment deux espèces de bivalves très menacées : la mulette perlière et la grande mulette. Ces moules, dont la survie dépend notamment de la bonne qualité de l’eau où elles vivent, sont aujourd’hui « en danger critique » d’extinction.
Du côté des mammifères, la Vallée de la Dordogne sert aussi d’habitat à la loutre d’Europe, qui gagne du terrain en France. D’ailleurs, c’est aussi le cas dans le bassin de la Dordogne, que la loutre avait déserté. Heureusement depuis quelques années, la loutre colonise à nouveau la rivière et ses affluents.
La Dordogne abrite aussi le vison d’Europe (Mustela lutreola), petit mustélidé classé « en danger critique » et dont il resterait moins de 250 individus dans la nature, tous cantonnés au Sud-Ouest de la France.

Milan royal. ©José Manuel Armengod
Mais l’un des emblèmes de la Vallée de la Dordogne, c’est probablement le milan royal. La LPO Limousin a d’ailleurs créé un programme d’études sur ce rapace protégé à l’échelle nationale, en créant sur le territoire une aire de nourrissage pour lui offrir une halte bienvenue pendant sa migration. D’autres oiseaux volent également dans ces cieux, comme l’hirondelle de rivage, le martin-pêcheur, le petit gravelot et le héron bihoreau.
La flore
Avec sa variété de climats, entre le climat de montagne, l’océanique et celui plus chaud du bassin du Sud-Ouest, et sa topographie, le bassin de la Dordogne est sans surprise une terre riche en espèces végétales diverses et variées.
On y trouve bien évidemment des forêts de chênes, de châtaigniers et de pins maritimes, introduits à la fin du XIXe siècle.
Les climats de types montagnards sont propices au développement d’espèces plutôt montagnardes. C’est le cas par exemple de la valériane à trois folioles, qui se développe bien dans la région grâce à l’existence de microclimats frais.

Angélique des estuaires (Angelica heterocarpa). ©Jibi44/CC Wikimedia Commons
L’abondance de milieux aquatiques permet également l’épanouissement d’une flore inféodée à ces habitats, dont certaines espèces peu communes. Citons par exemple l’angélique des estuaires, endémique de France, qui pousse le long des berges. Elle produit des fleurs blanches en ombrelles qui apparaissent en plein pendant l’été, de juillet à août. On ne la trouve que dans les grands estuaires du littoral atlantique soumis à la marée, et nulle part ailleurs. Elle est protégée à l’échelle européenne et est reconnue à forte valeur patrimoniale.
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