
Classée « réserve de biosphère » par l’Unesco depuis 1977, la Camargue fait partie des trois premières zones de ce type créées en France, avec la Vallée du Fango, en Corse, et la commune de Fakavara, en Polynésie française. Elle est gérée par le Parc naturel régional de Camargue (PNRC) et le Syndicat mixte pour la protection et la gestion de la Camargue gardoise (SMCG).
Localisation
La Camargue est réputée pour la beauté de ses paysages naturels. Entre ses étangs à perte de vue, ses lagunes et ses célèbres chevaux et taureaux, elle est une vaste zone humide qui déborde de vie.
Située en bord de Méditerranée, à cheval entre les départements des Bouches-du-Rhône et du Gard, la Camargue se trouve plus précisément entre les deux bras du Rhône, qui forment un delta. Les villes d’Arles, Nîmes, Avignon, Marseille et le site industriel de Fos-sur-Mer se situent non loin de là. Il n’empêche que la Camargue a su garder son côté nature.

Carte de la réserve de biosphère de Camargue.
Les activités humaines y sont cependant nombreuses. En plus du tourisme, citons les marais salants – la Camargue est un site historique de référence pour l’exploitation du sel – mais également les guardians et leurs manades – troupeaux en liberté – de chevaux et de taureaux, si emblématiques de la région. D’anciens marais ont également été convertis en rizières et la zone abrite de nombreuses cultures maraîchères et viticoles. La sagne (récolte du roseau) figure aussi parmi les activités les plus célèbres de Camargue. Elle se déroule dans les roselières fluvio-lacustres de la zone. Récolté mécaniquement pendant l’hiver, le roseau servira ensuite à la construction de toitures ou la fabrication d’objets tels que des paillassons par exemple.
Conformément aux critères de l’Unesco, tous ces acteurs sont censés mettre en place des activités durables, respectueuses de la biodiversité de la zone. Aujourd’hui, la réserve de biosphère de Camargue s’étend sur plus de 346.000 hectares, dont 176.000 hectares dans le secteur marin. Sa superficie a été étendue en 2006. Elle couvre une vingtaine de communes pour environ 105.000 habitants à l’année (plus de 200.000 l’été).
Biodiversité
Ce n’est pas pour rien que la Camargue est une réserve de biosphère depuis plus de quarante ans : en tant que zone humide d’importance mondiale, sa biodiversité est incroyable.
La faune de Camargue

©JD Designs / Unsplash
Quand on pense « animaux de Camargue », difficile de ne pas s’imaginer des flamants roses à la recherche de crustacés dans les étangs aux eaux saumâtres, dont le célèbre étang de Vaccarès, grand de 6500 hectares et situé dans la Réserve naturelle de Camargue. Le flamant rose (Phoenicopterus roseus) est en effet l’un des symboles de la faune camarguaise, avec la plus grande colonie de Méditerranée occidentale connue à ce jour (10.000 à 15.000 couples !) et la seule française. Mais il serait réducteur de ne penser qu’à cet oiseau.
En effet, la Camargue abrite 400 espèces d’oiseaux différentes, dont 115 s’y reproduisent régulièrement. C’est aussi une zone essentielle pour les espèces migratrices car elle se trouve en plein sur la route migratoire de l’Europe du Nord vers l’Afrique.
Parmi les oiseaux observés en Camargue, citons par exemple le butor étoilé (Botaurus stellaris), l’ibis falcinelle (Plegadis falcinellus), le goéland railleur (Chroicocephalus genei), la sterne naine (Sternula albifrons), l’avocette élégante (Recurvirostra avosetta), le fou de Bassan (Morus bassanus), l’eider à duvet (Somateria mollissima), etc. En hiver, plusieurs dizaines de milliers de canards se retrouvent en Camargue, dont des colverts (Anas platyrhynchos), des sarcelles d’hiver (Anas crecca), des canards siffleurs (Mareca penelope), des souchets (Spatula clypeata) ou encore des fuligules milouins (Aythya ferina).

Héron en Camargue. ©Benjamin Lecompte
Plusieurs espèces de chauves-souris volent également dans le ciel camarguais, comme le grand rhinolophe (Rhinolophus ferrumequinum) et le murin à oreilles échancrées (Myotis emarginatus).
C’est aussi l’un des foyers de taille pour la cistude (Emys orbicularis) en France. Cette petite tortue d’eau douce est l’une des dernières espèces de tortues sauvages à vivre naturellement sur le territoire, avec l’émyde lépreuse (autre tortue d’eau douce) et la tortue d’Hermann (tortue terrestre).
La Camargue, c’est aussi une faune marine. Le site est d’ailleurs une importante pouponnière pour de nombreuses espèces qui viennent s’y reproduire et pondre. C’est là aussi que les petits entameront leur croissance, à l’abri des gros prédateurs, avant de rejoindre le large pour la plupart. C’est aussi une zone importante pour la migration des lamproies, et plusieurs espèces de raies et de requins viennent se réfugier dans ses fonds sableux.
On y trouve par ailleurs des grandes nacres, espèce protégée, endémique de Méditerranée et classée « en danger critique » d’extinction, ainsi que des anémones, des étoiles de mer, des éponges, etc. Plusieurs espèces de mammifères marins également, comme le grand dauphin, le dauphin bleu et blanc et plus rarement des rorquals.
La flore camarguaise

Paysage de Camargue. ©Ilona Bellotto
La réserve de biosphère de Camargue présente aussi une flore très variée dont, bien évidemment, de nombreuses plantes aquatiques. Parmi elles, la salicorne qu’on décrit souvent comme une algue alors qu’il s’agit d’une plante qui aime les milieux salées et n’a donc pas de mal à se développer en Camargue.
S’y trouvent également des herbiers marins – véritables écosystèmes essentiels à de nombreuses espèces marines – composés de plantes à fleurs, ou phanérogames marines, dont des zostères et des cymodocées qui apprécient les fonds sableux camarguais. Le tout forme des prairies sous-marines qui regorgent de vie.
D’autres plantes aquatiques de Camargue sont plus rares. C’est le cas notamment de :
- l’althénie filiforme (Althenia filiformis), plante vivace emblématique des lagunes temporaires à forte salinité, protégée à l’échelle nationale ;
- la tolypelle saline (Tolypella salina), espère marine protégée très peu observée, également présente sur la façade Atlantique ;
- Riella helicophylla, redécouverte récemment en France et connue pour l’instant d’une poignée d’endroits seulement ;
- Riella notarisii ;
- Riella cossoniana.
A la surface existe par ailleurs une flore terrestre variée. Etonnant pour une région aux sols si salés ! Pourtant, c’est bien le cas. Sans surprise, y poussent surtout des végétaux qui apprécient la salinité, comme la saladelle par exemple, qui recouvre de son tapis couleur violet les pelouses et pâtures de Camargue à l’approche de l’automne. Six espèces de saladelles ont été observées en Camargue, donc deux très rares et protégées dans l’hexagone.
Autre plante protégée : le lis des sables (Pancratium maritimum). Celui-ci pousse surtout dans les dunes camarguaises et se reconnaît facilement à sa fleur toute blanche en forme de tube.
Comme évoqué plus haut, la Camargue est également réputée pour ses roselières. Différentes espèces de roseaux y poussent, dont la canne de Provence, très résistant au mistral et qui s’élève en haies hautes de 2 à 5 mètres.
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