Si les Cévennes sont connues pour leur végétation de châtaigniers et leurs reliefs montagneux, la réserve de biosphère fait la part belle à la relation homme-nature. Dans le deuxième plus grand parc national de France, on répertorie environ 2.400 espèces animales mais l’homme n’est jamais bien loin. Randonneurs, bergers, pêcheurs, agriculteurs se croisent sur les routes sinueuses des vallées cévenoles.
Localisation de la réserve de biosphère des Cévennes
Créée en 1985, la réserve de biosphère des Cévennes s’étend sur près de 300.000 hectares (zones centrale, tampon et transition cumulées). Elle est située dans le sud du Massif Central, en moyenne montagne, à cheval sur deux régions françaises, l’Auvergne-Rhône-Alpes et l’Occitanie, et trois départements : la Lozère, le Gard et l’Ardèche. Ses paysages sont principalement forestiers et montagnards puisque la réserve de biosphère des Cévennes se compose de quatre biomes différents :
- le massif de l’Aigoual : une forêt principalement domaniale spécialisée dans la transhumance des troupeaux de brebis sur ses hauteurs et l’élevage de chèvres, plus bas dans les vallées, sans oublier la culture des réputés oignons doux des Cévennes.
Pour la petite histoire, aujourd’hui forêt luxuriante, le massif de l’Aigoual revêtait un tout autre visage au début du XIXème siècle. Exploité pour le bois de chauffage et défiguré par le surpâturage et l’agriculture, l’Aigoual était considéré comme déboisé dans les années 1850. La forêt qu’on connait aujourd’hui est donc le fruit d’un grand reboisement de 16.000 hectares ;
- le causse Méjean avec les gorges du Tarn et de la Jonte, connu pour ses sentiers de randonnée et de canoë aux vues imprenables et sa forte présence de vautours ;
- le mont Lozère, le point culminant des Cévennes. Principalement composé de granit, cette montagne est très différente du massif de l’Aigoual car ici point de forêt, le paysage se compose de vallées et de tourbières ;
- les vallées cévenoles : ce n’est pas parce qu’on parle de vallées qu’on a dit que le terrain était plat ! Entendons-nous, ici tout n’est que succession de monts et de forêts, de roches et de pierres. Malgré tout, les vallées cévenoles ont été façonnées par l’homme pour pouvoir y cultiver et y faire paître des chèvres afin de réaliser le pélardon, un fromage caractéristique de la région.
Vous l’aurez compris, la Réserve des Cévennes illustre parfaitement la définition d’une biosphère : un territoire vivant qui promeut la conciliation du développement économique des populations et protection de la diversité biologique régionale.
Biodiversité
La faune des Cévennes
La biodiversité des Cévennes a son propre site internet où chacun peut faire part de ses observations, aidant ainsi au recensement des espèces visibles. Et pour cause, cette réserve de biosphère est riche d’environ 2.400 espèces animales comprenant plus de 2.000 espèces d’invertébrés dont 1.824 d’insectes ! Bien sûr et malheureusement, ce n’est pas eux que le grand public retient mais les espèces plus célèbres et notamment les mammifères et les oiseaux.
Créé en 1970, le Parc national des Cévennes comptabilise plus de la moitié des espèces de mammifères visibles en France. Parmi eux, on retrouve la loutre d’Europe, pas moins de 29 espèces de chauves-souris dont le minioptère de Schreibers (Miniopterus schreibersii), classée vulnérable par l’UICN.
On peut aussi couramment observer le castor d’Europe ou encore des espèces plus caractéristiques du biome montagnard comme le mouflon d’Arménie, de Corse et le chamois des Alpes. A noter, l’observation rarissime du très discret chat forestier.
En termes d’avifaune, la réserve de biosphère des Cévennes compte aussi quelques espèces d’importance à commencer par les vautours ! Vautour moine, vautour fauve, percnoptère et gypaète barbu sont visibles dans les falaises cévenoles.
Concernant le gypaète barbu, sa présence aujourd’hui est le fruit d’un partenariat initié en 2012 entre la LPO, le Parc national des Cévennes et le Parc naturel régional des Grands Causses. L’objectif était de réintroduire Gypaetus barbatus afin de créer un nouveau noyau de population dans le Massif Central. Presque chaque année depuis l’instauration de ce partenariat, des oiseaux sont relâchés au sein de la réserve de biosphère des Cévennes.
Malheureusement, sur près de 20 individus réintroduits, plus de la moitié sont aujourd’hui décédés. Les causes sont multiples : électrocution sur des lignes de haute tension, empoisonnement, accident ou maladie. Plusieurs n’ont pas été observés depuis plusieurs années, laissant penser qu’ils ont quitté la région ou qu’ils sont morts sans que leur dépouille ne soit signalée.
Outre les vautours des Cévennes, la réserve de biosphère accueille aussi des grands tétras, des faucons crécerellettes, des outardes canepetières et de nombreuses espèces d’oiseaux plus ou moins communes allant de l’aigle royal à l’hirondelle des rochers.
A noter le retour d’espèce ! Ainsi, la chevêchette d’Europe a été observée pour la première fois en septembre 2020 sur le massif de l’Aigoual. Auparavant, elle n’avait été entendue qu’une fois… en 2016 !
Toutes classes confondues, le Parc national des Cévennes abrite 42 espèces considérées comme menacées par l’UICN (dont 11 en danger et 31 vulnérables) et 18 espèces rares.
La végétation des Cévennes
Région de moyenne montagne, les Cévennes jouissent d’une flore adaptée. Si 2.300 espèces de plantes à fleurs et de fougères sont comptabilisés par les naturalistes, la région fait la part belle à la végétation forestière comme les mousses – environ 730 espèces – et 1000 espèces de lichens !
Une richesse dont se targue le parc national puisqu’il abrite selon lui « 40 % de la flore française sur seulement 0,5 % de la surface du territoire national« .
Etendue sur les départements de l’Ardèche, du Gard et de Lozère, la réserve de biosphère des Cévennes compte une végétation variée qui rappelle sa proximité avec la mer Méditerranée, à travers ses garrigues et ses forêts de pins, mais aussi son relief montagneux avec sa couverture végétale de sapins. Enfin, le chêne vert reste l’essence d’arbre dominante de la région, à l’instar du châtaignier, surnommé l’arbre à pain des Cévennes, puisqu’on produit toujours aujourd’hui du pain à partir de la farine de son fruit.
Dans les Cévènnes, le surpâturage de troupeaux à longtemps été une menace pour la flore, comme nous l’évoquions un peu plus haut en prenant l’exemple du massif de l’Aigoual. A présent, il semblerait que ce soit le contraire. Le retrait des animaux a eu pour « résultat la transformation de zones ouvertes de prairies en zones envahies par les plantes ligneuses« , explique-t-on sur le site de l’Unesco. « C’est la raison pour laquelle la réserve de biosphère a pour but premier de soutenir les activités agricoles comme la mise en place de contrats de maintenance pour les fermiers, allouer des subventions pour la restauration de fermes, maintenir des vieilles races (vache de l’Aubrac, brebis de Raïole), labelliser les produits carnés, restaurer les châtaigneraies abandonnées et gérer la chasse et la sylviculture. »
Rappelons-le, une réserve de biosphère n’est pas une zone protégée où chasse, pêche et agriculture sont interdites contrairement à l’image populaire. Bien au contraire, c’est un territoire où l’homme et la nature vivent en harmonie et sur lequel les activités économiques favorables à la biodiversité sont encouragées ! Le pâturage réfléchi est donc favorisé, loin des excès du passé.
Enfin, impossible d’évoquer la flore sans évoquer les fleurs des Cévennes. Des variétés connues sont communes dans la région comme la primevère officinale ou la garance voyageuse, utilisée pour teindre les étoffes en rouge.
Les différentes variétés de sauge sont également très présentes et notamment la sauge glutineuse (Salvia glutinosa), espèce rare en France mais très courante dans les Cévennes.
Fleurs de prairies ou fleurs de rivières, il ne faut pas oublier que la réserve de biosphère est traversée par de nombreux cours d’eau qui permettent de donner vie à une végétation spécifique, notamment la gentiane des marais.
0 réponse à “Les Cévennes”