
Depuis 2020, on ne dit plus « Réserve de biosphère de la Vallée du Fango », comme c’était le cas depuis sa création en 1977, mais « Réserve de biosphère Falasorma-Dui Sevi ». Une modification qui date de 2020, avec la dernière extension de la zone. Il s’agit donc, avec la Camargue et la commune de Fakavara, de l’une des premières réserves de biosphères à avoir vu le jour en France.
Localisation
Aujourd’hui, cette réserve de biosphère corse s’étend sur plus de 86.000 hectares, dont 26.000 d’espace marin. Elle se situe au nord-ouest de l’Ile de Beauté, depuis le massif du Monte Cinto – et son plus haut sommet, la Punta Minuta qui culmine à 2556 m – jusqu’au golfe de Galeria.
Toute la zone englobe deux vallées : la vallée du Fango et la vallée du Porto, deux fleuves qui coulent jusqu’à la mer Méditerranée. Elle recouvre une douzaine de communes habitées par près de 3500 personnes à l’année. L’été, la région est bien entendue plus peuplée, le tourisme étant l’une des activités phares des environs.
D’autres activités économiques font également partie du paysage comme l’élevage – activité ancestrale – et la production de produits du terroir corse. Conformément aux critères de l’Unesco, ces activités sont censées être respectueuses de l’environnement dans lequel elles prennent forme. Il s’agit là de l’une des conditions pour qu’une zone soit classée « réserve de biosphère », mais aussi l’un des principaux enjeux.
Biodiversité
Entre ses forêts, ses montagnes, ses maquis, son littoral et son espace maritime, ou encore les eaux cristallines du Fango – réputé pour sa pureté et labélisé « Site Rivières Sauvages » –, la réserve de biosphère Falasorma-Dui Sevi offre une diversité de paysages et d’écosystèmes dans lesquels vivent de nombreuses espèces, dont certaines endémiques.

Eaux cristallines du Fango, rivière labellisée « Site Rivières Sauvages » pour sa pureté. ©
Clément Livolsi
La faune
Grâce à sa nature préservée, cette réserve de biosphère est l’habitat d’un grand nombre d’espèces animales qui trouvent dans ces lieux de quoi se nourrir, se reproduire et vivre sans être dérangées.
Et c’est tant mieux, car certaines sont particulièrement menacées. C’est le cas par exemple de l’anguille d’Europe, classée « en danger critique » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), ou encore de la tortue cistude et la tortue d’Hermann ainsi que du gypaète barbu qui, en France, ne vivent plus que dans quelques régions.
Certaines espèces sont même endémiques de la Corse et ne vivent nulle part ailleurs dans le monde. Parmi elles :
- la sitelle corse (Sitta whiteheadi), classée « vulnérable » à l’extinction,
- l’euprocte de Corse (Euproctus montanus), un amphibien jaune à brun,
- la truite corse ou truite macrostigma, une sous-espèce qui ne nage que dans les eaux corses mais est aujourd’hui menacée,
- le cerf de Corse (Cervus elaphus corsicanus), sous-espèce de cerf élaphe, classée « vulnérable »,
- le mouflon de Corse. Cet animal emblématique des reliefs les plus escarpés de l’Ile de Beauté est l’un de ses emblèmes les plus forts. Il est protégé depuis 2019. Avant cette date, il faisait partie des espèces chassables mais a malheureusement été chassé à l’excès. Il a d’ailleurs failli disparaître dans les années 1950.

Sitelle corse (Sitta whiteheadi). ©Joost Woltering
Le lézard de Bedriaga (Archaeolacerta bedriagae), considéré comme « en danger » en Corse, est lui aussi plutôt rare. Il ne vit que sur l’Ile de Beauté et en Sardaigne.
L’avifaune est également exceptionnelle… et fragile. Là aussi, plusieurs espèces remarquables sont menacées. Le héron pourpré (Ardea purpurea), l’aigle royal (Aquila chrysaetos), le goéland d’Audouin (Ichtyaetus audouinii), l’aigrette garzette (Egretta garzetta), le busard des roseaux (Circus aeruginosus) ou encore le balbuzard pêcheur (Pandion haliaetus), pour n’en citer que quelques-uns, figurent tous sur la liste rouge régionale des espèces menacées, dans la catégorie « en danger » d’extinction. D’autres, comme l’alouette des champs (Alauda arvensis), le rouge-queue noir (Phoenicurus ochruros) et le pouillot véloce (Phylloscopus collybita) sont classés « vulnérables ». Volent également dans ces cieux corses la grue cendrée (Grus grus) et le pygargue à queue blanche (Haliaeetus albicilla).
L’espace marin n’est pas en reste. Des raies – comme la raie bouclée (Raja clavata) – et des requins sont parfois observés, ainsi que des mammifères marins comme le globicéphale noir (Globicephala melas), le dauphin de Risso (Grampus griseus) ou le cachalot (Physeter macrocephalus).
A noter que l’écrevisse de Louisiane, espèce exotique envahissante, a fait son apparition dans la zone. Parce que sa présence à des conséquences lourdes sur l’équilibre de l’écosystème qu’elle colonise, elle est surveillée de près par les scientifiques.
Sa flore
Les espèces végétales sont, elles aussi, remarquables. Ormes, aulnes glutineux, pins maritimes et pins laricio (sous-espèce de pins noirs originaire de Corse, de Sicile et de Sardaigne) sont nombreux dans la région.
La réserve de biosphère Falasorma-Dui Sevi est particulièrement réputée pour son exceptionnelle forêt de chênes verts, unique en Méditerranée. Dans la vallée du Fango, elle est le résultat d’un maquis qui a pu se développer au cours du temps à l’abri de tout incendie qui, sinon, aurait tout ravagé sur son passage. Certains de ces arbres ont plus de 250 ans, mesurent plus de 30 m de haut, et ont été exceptionnellement préservés. Les vieilles forêts de chênes verts sont extrêmement rares et la Corse abrite là un patrimoine mondial de premier ordre, reconnu internationalement.
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