
Voilà désormais trente ans que la Guadeloupe fait partie du réseau des réserves de biosphère de l’Unesco. Désignée comme telle en 1992, elle est le premier site des Antilles françaises à recevoir cette distinction, bien avant la Martinique, distinguée en 2021.
Localisation
La Guadeloupe est un archipel des Caraïbes, situé sur l’Arc des Petites Antilles, bordé par la mer des Caraïbes à l’Ouest et l’océan Atlantique à l’Est. Cet archipel se compose de sept îles dont deux principales – la Basse Terre et la Grande Terre – qui, côte à côte, ressemblent à un papillon. Elles sont simplement séparées l’une de l’autre par la Rivière Salée, qui n’est autre qu’un bras de mer. C’est de là que la Guadeloupe tire son surnom de « l’île papillon ».
La réserve de biosphère de l’archipel de Guadeloupe ne comprend pas l’intégralité de la zone. Mais elle en englobe une importante partie : toute la Basse Terre et la quasi-totalité de la Grande Terre, ainsi que quelques îlets comme par exemple Pigeons, Fajou, Kahouanne et Tête à l’Anglais. Au total, 118.954 hectares sont classés en « réserve de biosphère », dont 22.144 en zone centrale. Un peu plus de 225.000 personnes y vivent à l’année.
La Basse Terre – aile gauche du papillon – est la plus grande île de Guadeloupe, avec une superficie de 848 km². Elle est entièrement volcanique et abrite le célèbre volcan de la Soufrière, culminant à 1467 mètres d’altitude. Tout autour de lui, la nature est restée préservée et une vaste forêt tropicale humide, à la biodiversité très riche, encercle le volcan actif.
L’aile droite du papillon guadeloupéen, la Grande Terre, est différente. Plus petite – sa superficie est de 587 km² – il s’agit d’une formation calcaire de faible altitude. La végétation y est moins dense et l’humidité moins élevée que sur Basse Terre.
C’est le Parc national de la Guadeloupe qui pilote la coordination de la réserve de biosphère de l’archipel guadeloupéen.
Biodiversité
Avec sa diversité de paysage, son insularité et son abondante nature, la réserve de biosphère de l’archipel de la Guadeloupe est abondante. Entre le milieu marin, ses herbiers et ses récifs coralliens, les forêts tropicales, les mangroves et autres écosystèmes extraordinaires, la faune et la flore guadeloupéenne sont très variées. De nombreuses espèces sont par ailleurs endémiques. Mais elles doivent faire face à diverses menaces, comme les ouragans et les activités humaines (exploitation, tourisme, surpêche…).
La faune de Guadeloupe
Les mammifères
Comme dans de nombreuses îles, les espèces de mammifères sont peu nombreuses en Guadeloupe. En fait, un seul mammifère terrestre est véritablement indigène, les autres étant arrivés plus tardivement : il s’agit de la sérotine (Eptesicus guadeloupensis), malheureusement classée « en danger » d’extinction.
D’ailleurs, les mammifères terrestres de Guadeloupe sont surtout représentés par les chauves-souris qui comptent pas moins de 13 espèces différentes. Parmi elles, la minuscule myotis de la Dominique dont le poids ne dépasse pas les 4 grammes et classée « vulnérable » par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette chauve-souris ne vit qu’en Guadeloupe et sur l’île voisine La Dominique, au Sud. On peut aussi observer le grand noctilion, ou noctilion pêcheur, une chauve-souris bien plus grosse avec ses 70 à 80 grammes de poids moyen, la ptéronote de Davy aperçue dans les forêts marécageuses du Grand Cul-de-Sac Marin, le sturnire ou encore le monophyllle des Petites Antilles.

©Roland Fortier
Les autres espèces de mammifères terrestres présentes en Guadeloupe ont été introduites par l’homme. La mangouste, par exemple, a été importée intentionnellement pour lutter contre les rats qui dévoraient les cultures de canne à sucre, autre petit mammifère introduit cette fois accidentellement. On observe aussi le raton laveur, présent dans différents habitats, près des cours d’eau.
Les mammifères marins, quant à eux, sont très nombreux. Neuf espèces de dauphins, le grand cachalot et le cachalot nain, la baleine à bosse, l’orque naine, le globicéphale tropical et le pseudorque, bien que rarement aperçu dans les Antilles, peuvent être observés nageant dans les eaux guadeloupéennes.
La faune aquatique

Crabe blanc. ©Hans Hillewaert
Il faut dire que la faune marine est très développée, en partie grâce à d’exceptionnels récifs coralliens, qui servent de pouponnière, d’habitats et de garde-manger à de nombreuses espèces. Malheureusement, plusieurs menaces pèsent sur les coraux. En plus du réchauffement climatique, responsable de leur blanchiment, ces animaux organisés en colonies doivent aussi faire face aux pollutions et, depuis peu, à une nouvelle maladie mortelle.
De nombreux poissons peuplent ces eaux. Des mérous, des requins, des poissons chirurgiens, des barracudas, des poissons lions, etc. Mais également des céphalopodes et des tortues marines. Cinq des sept espèces de tortues marines viennent se nourrir dans les eaux antillaises, et trois viennent carrément pondre sur les plages de Guadeloupe : la tortue luth, la tortue verte et la tortue imbriquée.
Les côtes guadeloupéennes comptent aussi plusieurs espèces de crustacés (environ une soixantaine d’espèces différentes) et de mollusques marins. Deux espèces de crabes, le crabe blanc ou crabe de terre (Cardisoma guanhumi) et le crabe à barbe (Ucides cordatus), sont particulièrement importantes pour les Guadeloupéens car elles font partie du patrimoine gastronomique local. La réserve de biosphère a d’ailleurs lancé en 2018 une nouvelle stratégie de gestion de ces populations afin de mieux les préserver et éviter leur surpêche.
La faune aquatique, c’est aussi la faune d’eau douce et, justement, de nombreux cours d’eau offrent un habitat à ces espèces en Guadeloupe. Mais globalement, il existe peu d’espèces de poissons d’eau douce dans l’archipel. Les plus courants sont le mulet et le colle-roches. A cela s’ajoute des crustacés d’eau douce, dont une douzaine d’espèces de crevettes.
Les oiseaux

Pélican brun. ©_Veit_
La Guadeloupe compte également plusieurs espèces d’oiseaux, aussi bien forestiers que marins. Environ 277 au total, dont neuf sont endémiques des Petites Antilles comme par exemple le pic de Guadeloupe qui vit en forêt et dans les mangroves, ou encore la grive à pieds jaunes, le moqueur grivotte, le trembleur brun et le colibri madère.
Côté mer, on peut observer des pélicans bruns, plusieurs espèces de sternes dont la petite sterne des Antilles, des aigrettes, des hérons ou encore des crabiers.
Reptiles, amphibiens et insectes
Le reste de la faune guadeloupéenne se compose de reptiles terrestres, d’amphibiens, d’insectes et d’arachnides. Du côté des reptiles, l’une des espèces phares est probablement l’iguane des Petites Antilles, classé « en danger critique » d’extinction et endémique de la zone, comme l’indique son nom. Malheureusement, il n’a pas résisté à la compétition avec l’iguane commun, espèce d’Amérique du Sud introduite au XIXe siècle, avec qui il s’hybride.
Il existe aussi plusieurs espèces de lézards, dont l’anolis et le mabouya, deux espèces de tortues terrestres, surnommées « molokoï » – la tortue charbonnière et la tortue denticulée – et quelques espèces de serpents. Parmi elles, le typhlops, un petit serpent qui ressemble davantage à un gros ver de terre et qui est parfaitement aveugle. Deux espèces différentes ont été observées en Guadeloupe : le thyphlops de la Guadeloupe et Ramphotyphlops braminus, originaire d’Inde et introduit accidentellement, dans la terre de plantes importées.

Thyphlops Ramphotyphlops braminus. © Maximilian Paradiz
L’archipel compte également quatre espèces d’amphibiens : l’hylode de Pinchon, l’hylode de Barlagne, l’hylode de la Martinique et l’hylode de Johnstone. Depuis son introduction pour lutter contre le ver de la canne, il y a également le crapaud buffle, espèce désormais considérée comme envahissante en Guadeloupe.
Enfin, plusieurs insectes et araignées peuplent la Guadeloupe. Pour n’en citer que quelques-uns, la mygale de la Soufrière, endémique des environs du volcan éponyme, l’amblypyge, un arachnide au physique très particulier, ou encore le dynaste d’Hercule, le mélipone de Guadeloupe et la protoneure de Romane, trois espèces protégées. A cela, il faut ajouter plusieurs espèces de papillons, dont le soufré montagne, endémique de la région.
La flore guadeloupéenne

Mangrove. ©Papaszym
Comme pour la faune, la flore de Guadeloupe est elle aussi très diversifiée. Arbres, plantes aquatiques, herbiers marins, algues, fleurs, fougères, mousses et autres lichens sont présents en abondance sur ce territoire et de façon disparate selon les écosystèmes.
Dans la mangrove, par exemple, le palétuvier rouge est incontournable. Cet arbre, qui ne craint pas de faire ses racines dans l’eau salée, crée une zone tampon entre terre et mer et confère à la mangrove son identité. Le gommier blanc est également un arbre emblématique de la Guadeloupe. Dans le temps, son bois était utilisé pour fabriquer des pirogues et aujourd’hui encore, sa résine odorante est utilisée pour fabriquer de l’encens pendant le carnaval. Protégé et endémique des Petites Antilles, le palmier Ti-koko fait également partie du patrimoine végétal de la Guadeloupe, tout comme le mancenillier à la réputation sulfureuse, le frangipanier ou encore le bois-cotelette noir.
Un grand nombre de plantes à fleurs poussent également dans les environs, dont beaucoup confèrent aux paysages leurs accents tropicaux si caractéristiques. C’est le cas aussi des orchidées, avec 102 espèces différentes répertoriées en Guadeloupe, dont cinq sont endémiques de la Basse Terre.
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