La nouvelle est tombée le 15 septembre 2021 : la Martinique a obtenu la désignation « réserve mondiale de biosphère » de la part de l’Unesco. Elle rejoint ainsi les quinze autres réserves de biosphère françaises, dont certaines comme la Camargue et Fakarava, en Polynésie, ont déjà plus de quarante ans.
Localisation
Cette île volcanique des Caraïbes est donc désormais classée « réserve de biosphère » pour l’ensemble de son territoire marin et aussi terrestre. Cela englobe une vaste superficie : près de 50.000 km², en plus des 1.128 km² de l’île. Trente-quatre communes sont concernées, dont la principale est Fort-de-France, et un peu plus de 360.000 habitants à l’année.
La Martinique se situe plus précisément dans l’arc des Petites Antilles, entre Dominique et Sainte-Lucie, au large du Venezuela. Son littoral ouest s’ouvre sur la mer des Caraïbes et l’est sur l’océan Atlantique.
Géographie de l’île
Le nord de l’île est souvent présenté comme plus sauvage. Ce qui est sûr, c’est qu’il est très montagneux. C’est là que se trouvent la célèbre montagne Pelée, point culminant de l’île à 1.397 mètres d’altitude, et volcan encore en activité, responsable de la destruction de l’ancien chef-lieu Saint-Pierre en 1902. On y trouve également les Pitons du nord, pointant à plus de 1.000 mètres de haut, et entourés par une forêt labellisée « forêt d’exception ». Toute la zone est d’ailleurs candidate au patrimoine mondial de l’Unesco, en juillet 2022.
Le sud, quant à lui, se compose de mornes (nom donné à des monts d’origine volcanique), de centres volcaniques anciens en partie érodés et de plaines. Les côtes sont elles aussi exceptionnelles, avec de nombreuses baies et anses offrant des plages diverses et variées. Parmi elles, les Anses d’Arlet à la pointe sud-ouest, non loin de là la petite crique de l’Anse noire et son sable noir volcanique ou encore la célèbre Anse des Salines.
Accessible en bateau, la Baignoire de Joséphine compte également parmi les incontournables du tourisme. Cette large bande de sable blanc, située entre les ilets Thierry et Oscar, est en effet réputée pour ses eaux turquoise peu profondes.
Activités économiques
On l’aura compris, la Martinique est une destination touristique de poids. Avant la crise sanitaire, l’île accueillait plus de 960.000 touristes (source : Insee), principalement en provenance de France métropolitaine. Mais le tourisme n’est pas la seule activité économique de la région.
L’une des fiertés de la Martinique, c’est son rhum. Cet alcool fabriqué à partir de la canne à sucre est même l’un des seuls à avoir obtenu une appellation d’origine contrôlée, et les distilleries sont nombreuses sur l’île : Clément, Saint-James, Trois-Rivière, Depaz, La Mauny, etc.
L’activité agricole, de façon plus générale, pèse encore lourd dans l’économie martiniquaise. En plus de la culture de la canne à sucre, l’île est historiquement un acteur de taille dans les plantations de bananes. Mais cette activité est aujourd’hui entachée par une triste affaire : celle de l’utilisation massive, depuis les années 1970, de chlordécone. Cet insecticide, utilisé contre les charançons et désormais interdit, a contaminé 90 % des populations de Martinique et de Guadeloupe, d’après Santé Publique France, et serait responsable de nombreux cancers. Persistant, il a aussi durablement pollué l’environnement de ces îles. Un véritable scandale sanitaire qui continue, aujourd’hui, de révolter alors qu’aucun responsable n’a été condamné.
Autre point noir de l’histoire de la Martinique, c’est l’esclavage. A la fin du XVIIIe siècle, des milliers d’esclaves travaillaient dans les plantations martiniquaises. Il a fallu attendre le 22 mai 1848 pour que l’esclavage soit aboli dans l’île.
Avec la reconnaissance de l’Unesco, la Martinique s’engage à ce que ses activités économiques soient compatibles avec la préservation de la biodiversité. Le projet est géré par l’Association Martinique Réserve de Biosphère, composée de cinq associations et de différents acteurs bénévoles.
Biodiversité
Sur terre comme dans la mer, la Martinique présente une biodiversité exceptionnelle, avec certaines espèces qui ne vivent nulle part ailleurs et ont grand besoin de protection. La distinction « réserve de biosphère » de l’Unesco est aussi là pour rappeler l’importance de ce patrimoine naturel.
La faune de Martinique
Comme c’est souvent le cas de nombreuses îles, la Martinique dispose d’un important taux d’endémisme : 13 %. Cela signifie que 13 % des espèces animales vivent uniquement dans cet endroit sur Terre.
Au total, la faune martiniquaise se compose de 232 espèces d’oiseaux (limicoles, marins, forestiers, etc.), 26 mammifères marins (baleines à bosses, cachalot, dauphin de Fraser, grand dauphin, etc.), une vingtaine de mammifères terrestres (dont plusieurs espèces de chauves-souris et des mangoustes), de reptiles terrestres (iguanes, couleuvres, geckos, etc.) et 5 tortues marines (dont la tortue verte), une vingtaine également de poissons d’eau douce, des mollusques, des insectes et 7 espèces d’amphibiens.
Malheureusement, plusieurs de ces espèces sont menacées : d’après l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 15 % des espèces indigènes de Martinique sont en voie de disparition.
Parmi elles, l’iguane des Petites Antilles, dont les populations ont été décimées par l’invasion de son cousin l’iguane commun. Aujourd’hui, la Martinique est l’un des derniers bastions pour l’espèce. Une population protégée de tout iguane commun – avec qui l’iguane des Petites Antilles s’hybride – survit sur l’ilet Chancel, à l’abri de toutes perturbations.
Autre espèce emblématique de la faune martiniquaise menacée : le moqueur gorge blanche. Les derniers représentants martiniquais de cette espèce endémique des Petites Antilles vivent sur la presqu’île de la Caravelle, au nord-est de l’île. Comme l’iguane des Petites Antilles, le moqueur gorge blanche est classée « en danger critique » d’extinction.
Voir la liste complète des espèces présentes en Martinique et leur classification par l’UICN ici (avril 2020).
La flore martiniquaise
La végétation de la Martinique est également très variée. Entre ses forêts, ses littoraux, ses volcans et son espace marin, il y a de quoi faire. Mais commençons par l’une des fiertés de l’île : ses fleurs. Ce n’est pas pour rien qu’on la surnomme l’île aux fleurs !
La Martinique est en effet réputée pour ses fleurs exotiques très colorées. Parmi elles, le célèbre oiseau de paradis, le balisier – symbole fort porté par Aimé Césaire – l’héliconia ou encore l’allamanda jaune, aussi appelée liane à lait.
A côté des fleurs, plusieurs arbres font aussi partie du patrimoine naturel de l’île. Notamment le fromager (Ceiba pentandra), cet arbre majestueux au tronc recouvert de piquants, considéré comme sacré et liés à de nombreux mythes et légendes. Certains disent par exemple qu’il s’agit de l’arbre à zombies, et qu’il serait habité par des esprits.
Dans le même genre, la Martinique abrite aussi des figuiers étrangleurs, ces arbres qui étouffent les autres pour vivre. C’est aussi là que pousse le mancenillier, l’arbre le plus dangereux du monde. Tout dans cet arbre est extrêmement toxique : de sa sève jusqu’à son écorce et ses feuilles ! S’abriter sous un mancenillier alors qu’il pleut serait du suicide !
Moins dangereuse, voire au contraire salvatrice, la mangrove fait elle aussi partie du paysage martiniquais et est hautement importante. Dans cette zone tampon entre la terre et la mer, c’est le palétuvier qui est l’arbre roi, car l’un des seuls à survivre dans ce sol riche en sel. La mangrove joue un rôle primordial pour tous : elle protège des catastrophes naturelles comme les cyclones et sert aussi de pouponnière à de nombreuses espèces aquatiques.
Dans son espace marin, la Martinique compte également une flore précieuse. Plusieurs herbiers, essentiels à la vie de nombreuses espèces marines, habillent ses fonds marins. Sept espèces d’herbiers existent dans la zone, dont deux principales : l’herbier Thalassia Testudinum, appelé aussi herbe à tortue, et l’herbier Syringodium Filiforme, autrement dénommé herbe à lamantin. On comprend alors pourquoi ces herbiers sont très importants pour la biodiversité de l’île.
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