
Au XIVe siècle, le poète Pétrarque racontait dans une lettre la périlleuse ascension de ce massif du Vaucluse et l’incroyable beauté des lieux. Sept siècles se sont écoulés, et malgré la présence de plus en plus marquée de l’homme sur ces terres, la nature a su rester époustouflante. Raison pour laquelle l’Unesco a reconnu le Mont Ventoux et ses environs « réserve de biosphère » en 1990.
Localisation
Située dans le département du Vaucluse et de la Drôme, entre le Parc régional des Baronnies provençales au Nord et le Lubéron au Sud, la réserve de biosphère du Mont Ventoux englobe 34 communes autour du massif éponyme, que l’on surnomme parfois « le Géant de Provence ». Et pour cause : il culmine à 1910 mètres de haut et s’étend sur près de 25 km de d’Est en Ouest.

Mont Ventoux. ©Eric Huybrechts
Quatre sites Natura 2000 y sont répertoriés :
- les gorges de la Nesque et leur canyon long de 12 kilomètres et profond de 400 mètres par endroit, dont les merveilleux paysages attirent chaque année de nombreux touristes ;
- le Mont Ventoux lui-même et ses nombreuses espèces animales et végétales
- l’Ouvèze et son affluent le Toulourenc, deux cours d’eau du Vaucluse et de la Drôme ;
- l’Aygues, rivière également qui se caractérise par des périodes plus sèches alternant avec des crues impressionnantes.
La gestion de cette réserve de biosphère est assurée par le Syndicat mixte d’aménagement et d’équipement du Mont Ventoux (SMAEMV) depuis ses débuts en 1990. Depuis 1996, ce syndicat est épaulé par un comité de gestion composé d’élus, d’administrations, d’usagers, d’associations locales et des gestionnaires.
Ensemble, ils ont pour mission d’animer et de mettre en œuvre les actions adéquates pour répondre aux prérequis de toute réserve de biosphère, à savoir préserver et restaurer la biodiversité tout en permettant le développement d’activités économiques durables, dans une logique de cohabitation harmonieuse entre l’homme et le milieu naturel.
Concrètement, cela se traduit par la mise en place de programmes de recherche et de surveillance continue de l’environnement, le soutien à la conservation des écosystèmes et des espèces, l’aide au développement économique respectueux de la nature et de la culture local et la promotion de la formation, de l’éducation et de la sensibilisation à ces thématiques. Sont par exemple organisés des opérations « Nettoyons le Ventoux » au cours desquelles sont ramassées d’importantes quantités de déchets, mais aussi des ateliers et des documents de sensibilisation afin de mieux en connaître la biodiversité et alerter sur les menaces comme le changement climatique. Des suivis scientifiques d’espèces animales et végétales sont également au programme.

Gorges de la Nesque. ©GAUDIN Philippe
Biodiversité de la réserve de biosphère
La réserve de biosphère du Mont Ventoux est le lieu de rencontre entre deux mondes : les paysages alpins au Nord et les habitats méditerranéens au Sud. Tout naturellement, la faune et la flore de ces deux univers s’entremêlent dans cet écrin de nature.
La faune du Mont Ventoux
L’avifaune du Mont Ventoux est remarquable, avec plus de 150 espèces d’oiseaux recensées. Deux espèces de rapaces en particulier sont visibles dans les environs : le vautour percnoptère et l’aigle royal.
Le Mont Ventoux est également un haut lieu pour les papillons de jour, dont on dénombre plusieurs espèces différentes et d’importantes populations. Lors d’une récente évaluation, pas moins de 108 espèces de lépidoptères ont été observées, dont certaines sont peu communes et protégées. Parmi elles, citons par exemple l’azuré des Serpolets (Maculinea arion), l’hermite (Chazara briseis), le grand Sélésier (Papilio alexanor) et l’apollon (Parnassius Apollo). Six espèces considérées comme remarquables pour la région PACA ont également été observées :
- l’échancré (Libythea celtis),
- l’échiquier de Russie (Melanargia russiae),
- le sablé provençal (Polyommatus ripartii),
- la dryade (Minois dryas),
- le moirié des pierriers (Erebia scipio),
- la zygène ibère (Zygaena nevadensis).

Echiquier de Russie (Melanargia russiae). ©Cataloging Nature
Plusieurs espèces de chauves-souris peuplent également les environs. Voici quelques exemples :
- le grand et le petit rhinolophe,
- le grand et le petit murin,
- le murin à oreilles échancrées
- la barbastelle d’Europe,
- le murin de Capaccini.
Enfin, trois espèces de coléoptères font l’objet d’une surveillance particulière :
- le grand capricorne (Cerambyx cerdo), espèce d’intérêt communautaire, classée « vulnérable » sur la liste rouge de l’UICN,
- la rosalie des Alpes (Rosalia alpina), espèce d’intérêt communautaire prioritaire, considérée comme « vulnérable » en France,
- le lucane cerf-volant (Lucanus cervus), également considéré comme espèce d’intérêt communautaire.

Rosalie des Alpes. ©Pierre Bornand
La flore
Tout aussi remarquable, la flore du Mont Ventoux est, elle aussi, diversifiée. On répertorie pas moins de 1500 espèces de plantes sur le site, dont certaines rares et menacées. Comme par exemple la nivéole de Fabre (Acis fabrei), une plante herbacée bulbeuse formant des fleurs blanches recourbées vers le sol, et qui ne pousse que sur le Mont Ventoux et les Monts de Vaucluse, sur des substrats calcaires francs. Elle est considérée comme « vulnérable » et est protégée dans la région PACA.
Certains sites méritent une attention particulière et font l’objet d’un suivi. C’est le cas notamment des forêts anciennes du fond des gorges de la Nesque, dominées par des essences telles que le buis et l’amélanchier, ainsi que l’alisier blanc et, plus rarement, des érables et des chênes verts.
C’est aussi le cas de la cédraie de Bédoin, une magnifique forêt de cèdres située au pied du Mont Ventoux et dans laquelle on retrouve sur une superficie de 98 hectares des érables, des cèdres bleus de l’Atlas, des pins noirs d’Autriche ou encore des hêtres.
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