Dans la famille des salamandres que vous aurez peu l’occasion de croiser, voici la salamandre de Lanza. Cette espèce ne vit en effet que dans le massif du Mont Viso, en France et en Italie.
Description
Assez proche physiquement de la salamandre noire (Salamandra atra) avec son corps entièrement noir et sa peau lisse et brillante, Salamandra lanzai mesure une quinzaine de centimètres de long.
Comme toute salamandre, c’est un urodèle, autrement dit un amphibien qui se distingue des anoures par la présence d’une queue à l’âge adulte, comme chez les tritons. Bien que supposée vivre aussi bien dans l’eau que sur terre, la salamandre de Lanza a un cycle de vie entièrement terrestre. Elle a certes besoin de zones humides pour s’établir, mais c’est sur la terre ferme qu’elle se nourrit (de limaces, de vers et autres invertébrés), qu’elle se reproduit et même qu’elle donne naissance à ses petits.
Contrairement à la salamandre tachetée par exemple, qui libère ses œufs dans un cours d’eau où resteront les larves jusqu’à la fin de leur métamorphose, la salamandre de Lanza a une gestation longue – jusqu’à 4 ans – et donne naissance à un ou deux petits déjà formés mais plus petits que les adultes : 3 à 5 cm en moyenne.
Habitat
Comme évoqué plus haut, la salamandre de Lanza a une aire de répartition très restreinte : elle ne vie que dans une partie des Alpes, à cheval entre la France et l’Italie. Côté français, on la trouve uniquement dans le parc naturel régional du Queyras, et plus précisément sur la commune d’Abriès-Ristolas. Son territoire s’étend jusqu’en Italie, dans les Alpes cottiennes, entre le Val Varaita au Sud et le Val Sangone au Nord.
Elle apprécie tout particulièrement les ravins de haute montagne et les habitats calcaires, les zones d’éboulis rocheux et les bords de torrents. Des individus ont été observés jusqu’à 2200 mètres d’altitude, et pas en-dessous de 1000 mètres. Son habitat, c’est donc véritablement la montagne.
Menaces et conservation
Classée « vulnérable » (VU) et donc menacée à l’échelle mondiale par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) lors de son évaluation en 2008, la salamandre de Lanza était jusqu’à récemment encore considérée comme « en danger critique » (CR) d’extinction en France.
Son statut a été révisé en 2015, suite aux travaux réalisés afin de mieux connaître cette espèce. D’après la dernière mise à jour de la liste rouge des amphibiens menacés en France, Salamandra lanzai est désormais considérée comme « quasi-menacée » (QT) à l’échelon national.
Sa population sauvage est stable et ne rencontre aucune menace particulière, étant donné que tous les individus vivent dans une zone protégée, au sein du parc naturel. Il n’empêche que la prudence reste de mise, car avec une aire de répartition si localisée, le moindre aléa peut précipiter la disparition de l’espèce.
Sont particulièrement une source d’inquiétude pour scientifiques le changement climatique d’un côté, et la prolifération de champignons pathogènes de l’autre. Deux champignons sont dans le viseur :
- Batrachochytrium salamandrivorans ou « Bsal », très dangereux pour les salamandres et les tritons qui y sont majoritairement sensibles ;
- Batrachochytrium dendrobatidis ou « Bd », responsable de l’extinction de plusieurs espèces d’amphibiens à travers le monde, mais principalement des anoures. On ignore encore les véritables effets sur les salamandres.
Bsal serait arrivé en Europe au début des années 2010, via le commerce d’animaux de compagnie et plus précisément des salamandres et tritons asiatiques, porteurs sains de l’agent pathogène. Il a été identifié pour la première fois aux Pays-Bas en 2012, où il a décimé les populations de salamandres tachetées. Encore absent en France, il a cependant touché des salamandres proches des frontières, en Belgique et en Allemagne.
Bd est potentiellement lui aussi dangereux. Et justement, une salamandre tachetée a été testée positive récemment dans le Val Pellice, côté italien. Or, elle se trouvait tout près de l’unique population de salamandres de Lanza… à seulement 1,5 km ! Si ce champignon, potentiellement mortel, touchait cette espèce, les conséquences pourraient être désastreuses.
Alors, en Italie comme en France, on surveille la situation de très près. En partenariat avec l’École Pratique des Hautes Études à Montpellier – qui pilote un programme national d’étude des maladies des amphibiens – et l’université de Madrid, toute salamandre découverte morte sans trace visible de prédation ou d’écrasement sur la route doit être signalée. Des examens supplémentaires seront réalisés pour déterminer si l’un de ces champignons est en cause.
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