Le faux gavial d’Afrique (Mecistops cataphractus), également appelé crocodile à nuque cuirassée, est l’un des crocodiles les moins connus du monde. Jusqu’en 2014, l’UICN ne pouvait se prononcer sur la santé de l’espèce et la classait dans la catégorie « Manque de données » (Data Defficient). Elle est désormais classée en danger critique d’extinction (CR).
Description
Le faux gavial d’Afrique est un crocodile de taille moyenne : bien qu’un individu atteignant 4,2 mètres pour 325 kg ait déjà été enregistré, la plupart des adultes mesurent environ 2,5 mètres et leur poids avoisine 200 kg. Redoutable nageur, il possède un museau effilé particulièrement adapté à la vitesse sous l’eau ; cette caractéristique lui permet de capturer en eaux vives les poissons ou encore de fouiller entre les racines des arbres à la recherche de proies. En effet, bien qu’essentiellement piscivore, Mecistops cataphractus n’hésite pas à chasser crabes et grenouilles, mais aussi de plus grosses proies comme des serpents aquatiques, des tortues et même des oiseaux ou de petits mammifères.
La peau du faux gavial d’Afrique va du brun au jaune et est parsemée de grandes taches noires, notamment le long de l’arête dorsale. Au niveau de la tête, la peau prend une teinte olive et les tâches tirent davantage sur le brun. Enfin, son dos est protégé par d’épaisses écailles, caractéristique qui se trouve à l’origine de son nom scientifique : « cataphractus » vient du grec « kataphraktos » et signifie « recouvert par une armure ».
Localisation de l’espèce
L’aire de répartition historique de Mecistops cataphractus est très large : ce saurien a colonisé toute la côte ouest de l’Afrique, de la Mauritanie jusqu’à l’Angola. Il était également présent au Mali et en République centrafricaine. Une population était connue au Tchad, mais il semble qu’elle ait désormais disparu. Au sud, des traces de faux gavial ont été relevées jusqu’en Zambie et en Tanzanie.
En 1996, on estimait que 50 000 adultes étaient encore vivants ; depuis 2014, l’UICN évoque une fourchette allant de 1 000 à 20 000 individus. La largesse de cette estimation est révélatrice du manque d’études concernant l’espèce : aujourd’hui, il est difficile de déterminer jusqu’où s’étend son aire de répartition et à quel point cette dernière est fragmentée. Les populations d’Afrique occidentale, de la Mauritanie au Nigéria, semblent toutefois nettement plus en péril que celles d’Afrique centrale.
Mecistops cataphractus se rencontre généralement dans des milieux d’eau douce, jusqu’à 600 mètres au-dessus du niveau de la mer ; il affectionne notamment les rivières peu profondes dans les forêts tropicales humides où, très timide, il peut rester abrité sous une végétation dense. Il peut également évoluer dans de plus grands bras d’eau comme des étangs ou des lacs. Enfin, il semble qu’il puisse être observé à proximité de lagunes côtières, ce qui suggère qu’il pourrait survivre en milieu salé.
Menaces sur le faux gavial d’Afrique
Les populations de faux gavial d’Afrique sont très peu documentées. L’UICN classait jusqu’aux dernières années l’espèce dans la catégorie « Data Deficient » (DD) ; elle n’a revu sa position qu’en 2014, où Mecistops cataphractus a finalement rejoint les espèces « en danger critique d’extinction« .
Chasse
Le déclin des effectifs de faux gavial d’Afrique est principalement lié à la chasse, dont l’intensité a été particulièrement marquée dans la seconde moitié du XXème siècle. L’espèce était, jusqu’en 1960, relativement épargnée par cette activité : le reptile permettait localement d’alimenter les marchés en viande de brousse, mais cela restait anecdotique au regard de sa population totale. Cependant, à partir de 1940, le commerce de peaux de crocodile s’est considérablement développé jusqu’à atteindre un pic dans les années 1950 ; il permettait, comme aujourd’hui, d’approvisionner le marché de la mode. Si le faux gavial d’Afrique était la principale espèce commercialisée dans certains pays (Gabon, Côte d’Ivoire, Liberia, Congo et République Démocratique du Congo), ailleurs, les chasseurs privilégiaient largement le crocodile du Nil (Crocodylis niloticus). Ce dernier, victime de surexploitation, a rapidement décliné et, dès lors, le faux gavial d’Afrique a été considéré comme une excellente alternative partout en Afrique, ce qui l’a lui aussi conduit à régresser entre 1960 et 1980.
Aujourd’hui, les peaux de crocodiles proviennent presque exclusivement de fermes d’élevage ; la chasse a donc drastiquement diminué. Cependant, il arrive que des pêcheurs capturent accidentellement des spécimens de Mecistops cataphractus ; les museaux de ces derniers, longs et fins, peuvent s’empêtrer dans les filets de pêche. Si ce phénomène est involontaire et reste marginal, il augmente néanmoins la mortalité de l’espèce.
Modification de l’habitat
Aujourd’hui, le faux gavial d’Afrique fait face à d’autres menaces anthropiques. La principale d’entre elle est la déforestation, qui vise par exemple à installer plantations et zones agricoles à la place d’un écosystème naturel. Ce phénomène, couplé à la croissance démographique, renforce la présence de l’Homme sur des territoires auparavant inoccupés, ce qui a d’autres conséquences. Mecistops cataphractus est très sensible à toute modification de son environnement. Son territoire se voit réduit ou fragmenté, les sites de reproduction sont supprimés, les pêcheurs réduisent drastiquement le nombre de proies dans les rivières… D’autre part, la dégradation des forêts réduit les territoires d’autres espèces, comme le crocodile d’Afrique de l’ouest (Crocodylus suchus), ce qui provoque une cohabitation forcée défavorable au faux gavial d’Afrique.
En Afrique occidentale, l’UICN estime que 70 à 90 % des effectifs de Mecistops cataphractus ont disparu au cours des 75 dernières années, contre 50 à 60 % en Afrique centrale. Entre 2013 et 2035, « la réduction continuelle de l’habitat, la transformation de son territoire en terres agricoles (huile de palme, caoutchouc…) et l’augmentation des pressions anthropiques sur les ressources naturelles (notamment les poissons) augmenteront grandement le risque d’extinction de l’espèce« .
Conservation du reptile menacé
Comme pour bon nombre d’espèces en danger critique d’extinction, comme par exemple la grenouille rouge du yapacana, il n’existe à ce jour aucun programme de conservation spécifiquement lié à l’espèce. Cette dernière bénéficie toutefois de la création de parcs nationaux et est officiellement protégée dans chacun des pays composant son aire de répartition. Elle a également été inscrite sur l’Annexe I de la CITES en 1992, ce qui en interdit toute forme de commerce excepté dans des conditions exceptionnelles. Ces protections officielles ne semblent toutefois pas suffire pas à enrayer le déclin de l’espèce.
Très peu de moyens semblent alloués à l’étude ou à la protection de l’espèce dans son habitat naturel. L’UICN va jusqu’à émettre l’idée que si la chasse a diminué à la fin du XXème siècle, c’est davantage en raison de la baisse dramatique des effectifs que des restrictions de commerce.
Le principal espoir pour les populations occidentales de Mecistops cataphractus pourrait provenir de Côte d’Ivoire, où un projet de pouponnière a été lancé dès les années 1980. L’initiative avait finalement été suspendue en 1999 faute de financements, la Côte d’Ivoire entrant alors dans une période d’instabilité politique, mais a pu renaître de ses cendres en 2014. Au zoo d’Abidjan, les soigneurs recueillent ainsi les oeufs de Mecistops cataphractus et les placent dans des incubateurs, puis permettent aux nouveau-nés de grandir à l’abri des adultes qui, jusqu’alors, les mangeaient. L’objectif, à terme, est de les réintroduire dans leur habitat naturel. D’autres parcs animaliers européens et nord-américains tentent aussi de mettre en place un plan similaire.
Reproduction de Mecistops cataphractus
Le faux gavial d’Afrique est un solitaire n’acceptant ses congénères qu’en période de reproduction. Celle-ci débute avec la saison des pluies. Environ un mois après l’accouplement, la femelle choisit un site à l’ombre, au pied d’un arbre, à quelques mètres de la rive. Elle y construit un monticule de boue et de débris végétaux à l’aide de ses pattes arrières et, quelques jours plus tard, pond dans ce nid entre 15 et 30 oeufs. Ces derniers mesurent environ 8 cm de long pour 5 cm de large, ce qui est très important compte tenu de la taille de la mère.
Après 90 à 100 jours d’incubation, les oeufs éclosent. A la naissance, les jeunes crocodiles mesurent 28 et 35 cm de long. Il semble que la mère défende et protège ses petits s’ils sont en danger, mais cela doit encore être confirmé. De même, on ignore l’âge auquel les petits sont indépendants ; on sait simplement qu’ils restent au moins deux semaines autour du nid.
La maturité sexuelle du faux gavial d’Afrique est ensuite atteinte entre 10 et 15 ans. L’espérance de vie moyenne de l’espèce est inconnue mais, en captivité, elle dépasse 38 ans.
En savoir plus
En 2013, une étude a trouvé des différences génétiques et morphologiques entre les spécimens d’Afrique centrale et d’Afrique occidentale. Il est donc possible que l’espèce que nous appelons aujourd’hui Mecistops cataphractus soit séparée, dans les prochaines années, en deux nouveaux taxons.
1 réponse to “Le faux gavial d’Afrique”
21.09.2018
matalatalaje cherche vraiment comment garder ces espèces des animaux en guise de disparition. les conserver pour l’histoire de nos enfants et cela ne reste pas une histoire sans fondement vue. c’est pourquoi j’aimerai être en contact avec vous pour me procurer comment puis – je vraiment faire pour la protection de quelques animaux en extinction.tel que les tortues ,les crocodiles nain , les raies de grande mer..