Aussi appelé gorille de Grauer ou Gorilla beringei graueri, cette sous-espèce du gorille de l’Est est extrêmement menacé. Comme ses cousins de l’Ouest, il est en effet classé « en danger critique » d’extinction (CR) par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Description du gorille des plaines de l’Est
Contrairement à son proche parent le gorille des montagnes, rendu célèbre par les travaux de la primatologue Dian Fossey, le gorille des plaines de l’Est a bénéficié de beaucoup moins d’attention. Très peu étudié et peu médiatisé, il fait peu parler de lui. Au point qu’on le qualifie parfois de « gorille oublié ».
Caractéristiques physiques
Le gorille de Grauer se distingue des autres sous-espèces de gorilles par son physique trapu, sa grande taille, ses grandes mains et son nez légèrement plus court. C’est en effet le plus grand de tous les gorilles. Un mâle adulte peut mesurer jusqu’à 1,83 m et peser 227 kg.
Sa tête est également plus allongée et son poil moins long et touffu que celui des gorilles des montagnes.
Régime alimentaire
Malgré leur gabarit impressionnant, les gorilles sont principalement végétariens. Leur alimentation se compose donc essentiellement de fruits, de feuilles, de tiges et d’écorces. Plus rarement s’ajoutent des protéines animales avec l’ingestion d’insectes comme les fourmis et les termites. Mais cela reste vraiment minoritaire dans l’alimentation de ces gorilles.
Habitat du gorille de Grauer
Toutes les espèces de gorilles vivent en Afrique à l’état sauvage. Et le gorille des plaines de l’Est n’y déroge pas. Cette sous-espèce est en effet endémique de la République Démocratique du Congo (RDC), et plus précisément des forêts du rift albertin, en Afrique de l’Est.
Cette région abrite à elle seule trois grands singes, tous menacés :
- le gorille des plaines de l’Est (Gorilla beringei graueri) ;
- le gorille des montagnes (Gorilla beringei beringei) ;
- le chimpanzé (Pan troglodytes).
Sa préservation est donc primordiale, non seulement pour ces singes menacés mais aussi pour toute sa biodiversité, l’une des plus riches de tout le continent africain. « Avec plus de la moitié des oiseaux africains, 40 % des mammifères du continent et environ 20 % de ses amphibiens et plantes, le rift albertin est le refuge de plus d’espèces de vertébrés que partout ailleurs en Afrique », assure la Wildlife Conservation Society (WCS).
Une grande partie de la population sauvage du gorille de Grauer – 86 % dans les années 1990 mais beaucoup moins depuis les années 2000 – vit dans le parc national de Kahuzi Biega, à l’Ouest du lac de Kivu en RDC. D’autres groupes ont aussi été identifiés dans le parc national de Maiko par exemple ou encore dans les monts Itombwe et la réserve de gorilles de Tayna.
De petites populations extrêmement fragiles ont aussi été repérées au Masisi et au Mont Tshiaberimu. Cette dernière se composait de 18 gorilles lors de sa découverte à la fin des années 1990, tous classés comme gorilles des plaines de l’Est bien que morphologiquement différents.
Menaces
Au début des années 1990, il existait encore près de 17.000 gorilles des plaines de l’Est dans la nature. Aujourd’hui, on estime qu’ils sont 6.800 seulement et que si rien n’est fait, ils pourraient disparaître au cours de la prochaine décennie.
Braconnage et viande de brousse
L’une des principales menaces qui a conduit au déclin du gorille de Grauer, c’est la chasse. Les adultes ont en effet été décimés pour ce que l’on appelle « la viande de brousse », c’est-à-dire pour être mangés. L’arrivée massive de populations dans les environs a encore aggravé cette tendance.
Les gorilles mâles sont aussi convoités pour certaines parties de leur corps vendues comme des sortes de trophées (crâne, crocs, mains, os, etc.).
Après avoir tué les adultes d’un groupe, les braconniers peuvent capturer les jeunes gorilles orphelins pour tenter de les vendre comme animaux de compagnie et gagner encore plus d’argent. Sauf que les petits non sevrés meurent généralement peu de temps après.
Le braconnage d’un seul gorille peut donc conduire à la mort de plusieurs individus. Et c’est encore plus vrai quand le gorille tué est un dos argenté. Car c’est sur ses épaules que repose la survie de tout le groupe.
Disparition de l’habitat
Autre menace forte pour le gorille des plaines de l’Est : la dégradation, voire la disparition pure et simple, de son habitat naturel. Plusieurs raisons à cela, mais l’agriculture est l’une des principales. De nombreuses terres ont en effet été converties en terrains agricoles dans cette partie de l’Afrique. Y compris des zones dans lesquelles vivaient des gorilles de Grauer.
L’environnement de ce grand singe subit également d’autres pressions anthropiques. La région étant riche en ressources naturelles (bois, minerais, etc.), elle est fortement convoitée et les mines illégales pullulent. Quatre ressources sont particulièrement prisées : l’or, l’étain, le tungstène et le tantale qui servent par exemple à la fabrication des smartphones et tablettes. Et pour se nourrir sur place, les mineurs se tournent vers la viande de brousse ce qui accroît encore les menaces sur ce grand singe.
Désormais, le gorille des plaines de l’Est se cantonne à un territoire bien plus petit que son aire de répartition historique. On estime que celle-ci a en effet été quasiment divisée par deux au cours des cinquante dernières années et ne représente plus que 13 % de ce qu’elle était à l’origine.
Instabilité politique
Le Congo-Kinshasa est le théâtre de nombreuses tensions depuis les années 1990. En particulier dans les provinces orientales, traumatisées par des années de conflits ethniques et de violences.
En 1994, le génocide au Rwanda et la mise en place d’un gouvernement tutsi a poussé à l’exil des millions de personnes qui se sont réfugiées dans la RDC voisine. Nombre de ces réfugiés se sont installés à l’Est du pays, dans la région où vivent les gorilles de Grauer. S’en sont suivies deux guerres civiles qui ont éclaté en RDC en 1996 puis en 1998.
L’instabilité politique a conduit à l’apparition de nombreux groupes armés désireux de contrôler cette zone riche en ressources. Résultat, les conflits se sont multipliés et ont eu de lourdes conséquences sur les espèces menacées du pays.
Le parc national de Kahuzi Biega, principal bastion du gorille des plaines de l’Est, a particulièrement souffert. D’après une étude de la WCS en partenariat avec l’Institut congolais pour la conservation de la nature (ICCN), ces événements ont instauré dans toute la zone un climat d’insécurité qui a duré une dizaine d’années et a fait obstacles aux actions de conservation sur la faune locale.
Pris dans cet étau, le personnel du parc national n’a pas pu remplir correctement ses missions de protection. A tel point qu’aujourd’hui encore, l’Unesco considère ce site comme un « patrimoine mondial en péril ».
Ces groupes armés agissent aussi ailleurs sur le territoire du gorille des plaines de l’Est et n’hésitent parfois pas à le tuer lorsqu’ils le trouvent sur leur passage. En juillet 2019, trois gorilles de Grauer – deux femelles et un mâle – auraient ainsi été tués par des miliciens dans la réserve de gorilles de Tayna.
Efforts de conservation
Aujourd’hui encore – et alors que la guerre est officiellement terminée depuis 2003 –, le climat politique est fortement instable dans la zone et les conflits nombreux. Bien que ce gorille soit protégé en RDC et à l’échelle internationale, pas facile sur le terrain de le protéger réellement. Les lieux où il vit sont dangereux et difficiles d’accès. Il est par exemple très compliqué de connaître le nombre d’individus encore présents à l’état sauvage. Mais des initiatives pour sa conservation existent tout de même.
Habitat et communautés locales
Pour aider le gorille des plaines de l’Est à se rétablir, il faut agir à plusieurs niveaux. En préservant d’une part son habitat naturel afin de lui offrir toutes les conditions pour qu’il puisse se reproduire et ainsi renouveler les populations, mais aussi en travaillant à sa cohabitation avec l’homme. Or, cela ne s’est pas toujours passé ainsi.
Lorsque que le parc national de Kahuzi Biega a été créé dans les années 1970-1980, par exemple, « près de 6.000 pygmées ont été expulsés manu militari de leurs villages, condamnés à se réinstaller hors de la forêt sans aide du gouvernement, raconte L’Obs. Ces groupes et leurs descendants vivent aujourd’hui dans des conditions extrêmement précaires sur les bords des routes, ou se vendant comme main d’œuvre au tout venant, privés de nourriture, de terres, d’identité. »
Résultat, les tensions sont fortes entre pygmées et gardes du parc national, géré par l’ICCN. Ces deux dernières années, on assiste même à une escalade de la violence entre ces deux camps. Les pygmées veulent regagner la forêt qu’ils considèrent comme leur territoire d’origine ou, sinon, obtenir une indemnisation de l’Etat. Mais ils n’ont obtenu pour l’instant ni l’un ni l’autre.
La conservation à long terme de ce grand singe ne peut s’envisager sans la participation et la prise en compte des communautés qui vivent à son contact.
Un sanctuaire pour les gorilles de Grauer orphelins
Il existe par ailleurs un sanctuaire dédié au sauvetage et à la réhabilitation des gorilles orphelins, dont les parents ont par exemple été tués par des braconniers. Son nom : le Gorilla Rehabilitation and Conservation Education Centre, ou GRACE. Situé près de la réserve de gorilles de Tayna, ce centre recueille les gorilles orphelins, les soignent et les aident à se reconstruire dans le but d’être un jour relâchés dans la nature.
Ces orphelins arrivent généralement à GRACE très jeunes, avant l’âge de 3 ans. Dans la nature, ils seraient inséparables de leur mère et ne pourraient survivre sans elle. Pour pallier ce manque, les équipes de GRACE doivent donc leur porter une attention constante, 24 heures sur 24. Et il ne suffit pas de les soigner et de les nourrir, le jeu et les marques d’affection sont également primordiaux pour que les jeunes gorilles grandissent dans de bonnes conditions.
Bientôt des réintroductions ?
Les jeunes gorilles doivent aussi se sociabiliser et sont donc rapidement mis en contact avec d’autres gorilles. Une étape essentielle en vue d’une éventuelle future réintroduction. Car ce sanctuaire n’a pas vocation à garder les gorilles qu’il recueille mais seulement à leur servir de transition pour retourner à l’état sauvage.
Complexe, la réintroduction n’a toutefois pas encore été tentée par GRACE pour les gorilles de Grauer. Mais le sanctuaire assure que c’est possible grâce à ces méthodes de réhabilitation, qui ont déjà fait leurs preuves avec d’autres grands singes.
En 2015, il a créé un nouvel enclos afin que les gorilles puissent apprendre à se débrouiller dans leur milieu naturel, interagir avec les autres gorilles et se nourrir seuls. « Nous surveillons leurs comportements et leurs états de santé pour identifier les gorilles qui feraient de bons candidats à la réintroduction et élaborer des process spécifiques pour ceux qui auraient encore besoin de plus d’efforts pour se réadapter à la vie sauvage », explique GRACE.
Reproduction de Gorilla beringei graueri
Les gorilles de Grauer vivent en groupes de 2 à 36 individus, organisés autour d’un mâle dos argenté. La structure sociale de ces groupes est similaire à celui d’un harem avec un mâle dominant accompagné de femelles et de leur progéniture.
Lorsqu’ils atteignent la maturité sexuelle, mâles et femelles quittent le groupe pour en rejoindre un autre et fonder à leur tour une famille. Cela se produit généralement vers l’âge de 12 ans pour les mâles et 8 ans pour les femelles.
La gestation dure huit mois et demi chez Gorilla beringei graueri. Les femelles donnent naissance à un seul petit qui ne sera sevré que vers l’âge de 3 ou 4 ans. Durant cette période, elles n’ont souvent pas d’autres petits.
1 réponse to “Le gorille des plaines de l’Est”
28.04.2022
Achiza lurhakwa christian chite.comme les gorilles de grauer sont moins nombreux, et que cette espèce est menacée est peut disparaître dans les jours à venir,je pense a mon humble avis qu’il serait mieux de faire tout pour la protéger.
chercher comment sécuriser la réserve d’itombwe et à nkuba,et qu’on amène tous les gorilles de cette espèce à ces deux endroits.
et cela permettra de bien controler cette espèce.
recommandation: au ministre qui a la protection des parcs et réserve naturelle dans ses attributions de bien vouloir protéger ces animaux.
je dois avouer que je suis intéressé par cette espèce
je suis étudiant à la faculté de médecine vétérinaire de l’univérsité du cinquantenaire de Lwiro.