Durant l’été, nous recueillons énormément de nocturnes, surtout des chouettes hulottes et des petits ducs, les petits partant du nid avant de savoir voler, suivis par leurs parents, et bien souvent se retrouvent sur des voies passantes. On a aussi beaucoup de martinets et d’hirondelles, mais aussi des fouines, belettes, blaireaux, lapins etc. et on s’occupe même des pigeons des villes auxquels on effectue les premiers soins avant de les donner à une association amie spécialisée, la Palomatriste. En hiver, on nous amène plutôt des faucons et des buses. La plupart des animaux sont victimes de collisions avec les voitures, de la prédation des chats, parfois aussi d’électrocution ou d’empoisonnement à la mort aux rats.
Parlez-nous de la biodiversité de votre région, l’Occitanie (anciennement Languedoc-Roussillon). Quelles sont les menaces qui pèsent sur elle ?
M-P Puech : Ce qui est impressionnant, c’est l’ignorance des gens quant à la biodiversité. Même une ville comme Montpellier est traversée par des espèces emblématiques comme la huppe ou le martinet à ventre blanc sans que personne ne le sache. Aujourd’hui, nous avons la chance d’habiter une région Occitanie-Pyrénées-Méditerranée qui est un véritable lieu d’accueil pour beaucoup d’espèces : les hivernantes comme les rouges-gorges russes qui viennent passer l’hiver chez nous et les estivants reproducteurs comme le rollier, le guêpier ou les quatre espèces de vautours. Notre biodiversité est très riche parce que l’Occitanie est une terre riche, habitée par de nombreux animaux souvent juste de passage, mais nous sommes en train de vivre une période d’extinctions : l’anthropocène. Il faut savoir pourquoi toutes ces espèces nous glissent entre les doigts. Par exemple, à Goupil Connexion, nous travaillons en direct avec le plan national d’action du vautour percnoptère et du vautour moine. Dans l’Hérault, nous sommes passé de 25 couples de percnoptère dans les années 50 à un seul couple de nos jours qui revient au même endroit depuis plus de 10 ans. Cette année, il y a eu deux jeunes. C’est encourageant. L’espèce est passée au niveau mondial de « peu concerné » en 2004 à « en danger d’extinction » en 2007.
Toutes les espèces sont menacées aujourd’hui, il ne faut pas attendre 2050 pour faire des corridors. Nous devons faire cohabiter la technologie et la nature et remettre de l’émerveillement dans les yeux des gens. Pour cela, nous avons un grand projet de sensibilisation avec le zoo de Montpellier afin de montrer aux visiteurs du parc animalier l’avifaune locale. L’idée est de créer une grande volière dans laquelle on observerait une collection d’oiseaux issus de sauvetages de notre hôpital pour la faune sauvage. A l’heure actuelle, les oiseaux que nous recueillons, s’ils ne sont pas en mesure de repartir dans leur milieu naturel, sont euthanasiés. Cette volière permettrait d’éduquer les gens et de donner une seconde vie à ces oiseaux.
Que faire quand on tombe sur un animal sauvage ?
M-P Puech : La première chose à comprendre c’est qu’il y a des moments où il faut agir, quand l’animal est blessé ou en danger immédiat, et d’autres où il faut savoir ne pas intervenir. L’humain pense bien faire en recueillant les animaux qu’il croise mais bien souvent ses parents ne sont pas loin.
Si vous trouvez un juvénile, le mieux est d’essayer de comprendre ce qui s’est passé : blessé, pas blessé ? en cas de doutes, le mettre dans un petit carton sur une branche en hauteur pour que les parents le recontactent et s’en occupent.. Attention, pensez à mettre une serviette en dessous ou une bouillotte, car les oiseaux ont une température corporelle de 40 °. Si l’animal a faim et que c’est un rapace, vous pouvez également lui donner des dés de viande blanche. Les premières 24h sont critiques. Si le lendemain l’oiseau est toujours là et vivant, prenez une photo pour l’envoyer à une association afin qu’elle vous donne la marche à suivre. Si l’oiseau est parti, c’est que ses parents sont venus le chercher. Enfin, si l’oiseau est malheureusement mort, sachez que même en l’amenant dans un centre de soin, il n’aurait peut-être pas pu être sauvé. Sur 2000 animaux recueillis en 2016 par l’hôpital pour la faune sauvage, environ 1200 s’en sortiront.
Pensez également à toujours avoir un carton et une couverture dans votre voiture. Si vous trouvez un animal blessé, cela vous permettra de le transporter sans vous blesser mais également de lui couvrir les yeux.
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3 Réponses to “MP Puech, Goupil Connexion : « On apprend à lire, écrire mais pas à connaître le monde »”
04.03.2020
XJ’ai été touchée par ce que vous faites pour les animaux sauvages Amoureuse des animaux et de la nature je comprends votre dévouement j’ai recueilli il y a 6 mois un goéland que j’ai vu s’envoler c’était très émouvant encore bravo pour tout ce que vous faites pour la nature et les animaux
15.12.2016
Robert Gilbert Sayumweje m’appelle Robert Gilbert Sayumwe, je suis très touché par votre initiative. Moi aussi socio-anthropologue de formation et enseignant de la sociologie de l’environnement à l’Université polytechnique de Gitega au Burundi j’ai eu une idée avec ma femme Zootechnicienne qui est de soigner les chiens que je trouve toujours en détresse mais nous n’avons pas encore trouvé assez d’appui . Nous aimerions avoir une bonne orientation.
08.09.2016
duma762000je suis entièrement d’accord avec vous sur l’éloignement de l’être humain de la Nature. Nous nous disons « civilisés », en réalité nous avons perdu nos racines. Si nous nous intéressions plus à ce qui nous entoure, l’état de la planète serait moins catastrophique. Merci pour vos actions