Présentation de la grande mulette
La grande mulette est une moule d’eau douce. De couleur noire, elle est charnue et peut atteindre jusqu’à une vingtaine de centimètres. Au cours des 30 dernières années, la grande mulette a malheureusement vu ses effectifs se réduire de plus de 90 %. Très sensible à la qualité de l’eau, la pollution empêche le mollusque de se reproduire. Margaritifera auricularia, de son nom scientifique, est aujourd’hui une des espèces les plus menacées et ne pourra être sauvée sans un réel engagement de notre part en faveur de l’environnement.
Localisation et répartition de l’espèce
Autrefois commune dans presque tous les cours d’eau d’Europe, la grande mulette n’est plus présente que dans 3 ou 4 zones en France et dans une seule en Espagne.
La grande mulette en France
Les scientifiques retrouvent encore des coquilles dans de nombreux cours d’eau mais les seules populations vivantes recensées sont présentes dans les fleuves ci-dessous :
- La Vienne
- La Creuse
- La Charente
- La Drôme
- L’Adour
- Le Luy
- La Salve
On sait que l’espèce a récemment disparu de l’Oise, puisque des coquilles vides mais fraîches y ont été découvertes en 2008…
La grande mulette en Espagne
L’Espagne constitue le deuxième dernier bastion de la grande mulette. Des coquilles vides ont été retrouvées dans de nombreux cours d’eau mais c’est uniquement dans une partie de l’Ebre que des populations vivantes ont été identifiées.
On estime la population mondiale à quelques 100 000 individus dont la majeure partie se trouve dans la Charente.
Une espèce encore très menacée
Avant de bénéficier des statuts de protection, la grande mulette a été énormément chassée par l’homme pour la nacre de sa coquille. On raconte que les bateaux revenaient plein de coquilles ce qui laisse sous-entendre un massacre industriel des moules. La nacre était ensuite travaillée pour obtenir des perles, des boutons et autres produits manufacturés… Bien que cette menace ne soit plus d’actualité, d’autres ont pris sa place :
- La raréfaction des poissons-hôtes : Comme on le verra dans la partie reproduction, la grande mulette a besoin de poissons hôtes pour sa reproduction. La disparition dans certaines zones de l’esturgeon d’Europe ou de la Blennie fluviatile a grandement participé à la disparition de la grande mulette.
- La pollution de l’eau : Pour ce mollusque qui passe son temps à filtrer l’eau pour se nourrir, la pollution a un effet dévastateur sur la mortalité des juvéniles comme des vieilles moules.
- La fragmentation des populations : Les barrages, digues, écluses et autres déformations des cours d’eau mis en place par l’homme nuisent à la grande mulette et à d’autres poissons tels que l’apron du Rhône en isolant des populations… L’isolation génétique conduit inexorablement à la disparition.
- Les espèces introduites : D’autres moules, telles que les moules zébrées, auraient un effet négatif sur le développement de la grande mulette, sans doute par effet de compétition sur un même territoire.
- Le changement climatique : Certains cours d’eau voient leur débit fortement diminué en été à cause de la hausse des températures. Or, la grande mulette, sensible à son environnement, a besoin d’un minimum de débit pour se sentir bien.
Efforts de conservation
Aujourd’hui la grande mulette bénéficie de nombreux statuts de protection (européen, français ou espagnol mais aussi régional). Cela a permis de faire cesser les prélèvements dans la nature mais aussi de débloquer des fonds et de mettre en place des plans d’action.
La grande mulette est présente dans quelques zones protégées mais aucune n’a été définie pour l’espèce.
Dans les faits, il existe finalement encore assez peu de mesures concrètes en faveur de la grande mulette. Un plan de communication national a été mis en place. Cela implique que désormais les travaux d’aménagement du territoire se doivent de prendre en compte l’impact d’un changement sur la grande mulette. C’est notamment ce qui a permis un recensement aussi précis.
La majeure partie des actions sont finalement en faveur de l’esturgeon d’Europe et des autres poissons hôtes qu’il faut absolument faire revenir dans nos cours d’eau. Tous les maillons de la chaîne du vivant sont liés les uns aux autres ce qui implique qu’une action positive pour une espèce aura forcément des ricochets positifs sur d’autres espèces de son environnement.
L’enjeu ici, est donc bien plus important que celui de sauver une simple moule.
Reproduction d’une moule d’eau douce
La reproduction de la grande mulette relève d’une bonne dose de hasard et d’un prodigieux processus d’adaptation à son milieu.
Il faut savoir que même s’il peut arriver que plusieurs moules d’eau douce soit les unes contre les autres, elles sont généralement beaucoup plus espacées que les moules de mer que l’on peut observer sur les rochers. La moule mâle et la moule femelle doivent donc être capables de se reproduire à distance. C’est là que la chance entre en jeu une première fois. Le mâle va libérer son sperme au gré des courants en espérant qu’une femelle arrivera à réceptionner la précieuse cargaison. Si le miracle se produit, les œufs seront fécondés. La grande mulette femelle va stocker toute sa progéniture dans une poche en dehors de sa coquille appelée « marsupium ».
Une fois les œufs éclos, le marsupium est rempli de moules miniatures pour la plupart encore à l’état de larves. Ces dernières sont incapables de survivre seules et ne peuvent lutter contre la force des courants en dehors de leur poche maternelle. Elles vont avoir besoin d’un hôte pour se déplacer. C’est là que la grande mulette s’est formidablement adaptée à son environnement. Elle va se servir des poissons, et plus particulièrement d’une ou deux espèces de poissons. Son sac marsupium ressemble à s’y méprendre à un petit poisson qu’elle agite par spasme pour attirer un poisson plus gros. Une fois l’hôte assez proche, elle lui expulse toute sa progéniture dessus. Les petites moules vont ainsi venir se loger dans les branchies du poisson où elles passeront un bon moment. Quand elles auront atteint une taille suffisante pour s’accrocher au fond de l’eau, elles abandonneront leur hôte.
Bien que la grande mulette soit d’apparence noire, les juvéniles commencent par avoir une coquille de couleur brune.
Voici une petite vidéo où une moule piège un poisson. Ne mettez pas le son trop fort.
Pour en savoir plus sur la grande mulette
Le métabolisme de la grande mulette est très lent et cela lui procure une incroyable longévité. On estime qu’un individu est sexuellement mature quand il atteint une taille de 16 cm ce qui correspondrait à un âge avoisinant 50 ans. Le plus vieil individu découvert avait dépassé les 160 ans…
9 Réponses to “La grande mulette”
30.12.2016
EnzoGamer64YTça mange quoi svp ? c’est pour un exposé
13.04.2017
lollierBonjour,
Désolé de vous contredire, mais moi j’en ai plein dans mon étang dans le loiret si vous voulez me contacter . lollierjean@orange.fr
17.11.2016
LouzeMais ça le tue le poisson d’avoir les bébés moule accrocher à lui ? Non parce que ça doit pas du tout être agréable pour respirer…
17.11.2016
DumazyDésolé il y en avait dans l’étang de ma ville (08300) depuis nous avons améliorer sa pureté et je recherche à réintroduire la mulette dans cette étendu d’eau donc…
22.07.2015
martin patricej aimerais savoir si ce que j ai dans mon etang est bien des grandes mulette . je suis des vosges et y en a plein l etang . et si quelqun en cherche ou si je peu les relacher dans la riviere merci d avance en atendant votre reponse salutation distinguée .
16.09.2015
Jean-PhilippeBonjour,
Les grandes mulettes ne vivent pas dans les étangs mais dans les rivières tout comme les mulettes. Ce que vous avez dans votre étang, sont des moules d’eau douce.
17.11.2016
DumazyJ’en voudrai bien pour l’étang de ma ville (08300) depuis un nouveau bureau de l’APPMA de Rethel ,je m’intéresse à son introduction .dans votre étang qu’elles sont les espèces de poissons avez-vous ! Car la mulette à besoin d’un poisson hôte pour sa reproduction étonnante quand on sait .A bientôt de vous lire Joel