Présentation de la grenouille corroboree
En Australie, il existe deux grenouilles corroboree :
- Pseudophryne corroboree, l’espèce du sud
- Pseudophryne pengilley, celle du nord
Dans notre fiche, nous allons étudier les amphibiens du sud, classés en danger critique d’extinction par la liste rouge de l’IUCN depuis 2002.
Mesurant entre 2,5 et 3 centimètres de longueur, cette petite grenouille est facilement identifiable à sa couleur, noir et jaune. Son nom lui vient d’ailleurs de son aspect physique qui rappelle les tenues traditionnelles portées par les Aborigènes (peuple primitif d’Australie) lors des réunions commémoratives appelées « Corroborees ».
La grenouille se nourrit principalement d’insectes : coléoptères, acariens, fourmis ou larves d’insectes. Pseudophryne corroboree fait partie des grenouilles dont la peau produit une molécule toxique appelée « pseudo-phrynamine ». Elle a pour particularité de produire elle même ce poison, là ou d’autres l’absorbent via leur nourriture. Il lui sert bien entendu à se défendre des prédateurs mais également à se protéger des infections de la peau.
Localisation
La grenouille corroboree est un amphibien endémique du sud-est de l’Australie, plus précisément de l’état le plus peuplé de l’île, la Nouvelles-Galles du Sud. Son territoire est très limité, il mesure environ 400 km² et se trouve en altitude, au delà de 1 300 m, mais avec la disparition de l’espèce, on ne retrouve plus la grenouille que sur un espace de 10 km², dans le parc national du Mont Kosciuszko.
Comme tous les amphibiens, les grenouilles corroboree apprécient les milieux humides : les tourbières à sphaignes (mousse aquatique des milieux tempérés), les landes, les prairies et marais.
Menaces sur l’amphibien
Alors que la Pseudophryne pengilley est très répandue à basse altitude, la population de Pseudophryne corroboree a drastiquement diminué ces trente dernières années.
Evaluée entre 50 et 250 individus, l’espèce a diminué pour des raisons encore incertaines. Les spécialistes avancent pourtant plusieurs causes possibles :
La maladie :
la Pseudophryne corroboree est victime d’une infection fongique (relative à un champignon) : la chytridiomycose. Ce champignon détruit la peau des grenouilles pourtant protégée par sa toxicité. Cette souche de chytride semble s’être répandue à travers le monde au cours des dernières années causant sur son passage de sérieux dégâts dans les populations d’amphibiens. Son origine est encore inconnue.
La sécheresse :
l’eau n’est pas utile qu’à l’alimentation des grenouilles, c’est aussi un élément fondamental dans le processus de reproduction. Car si les amphibiens vivent dans les landes et prairies, ils pondent sur des zones inondables, et c’est dans l’eau que naissent les têtards. La sécheresse empêche donc les œufs d’éclore et tue les larves. C’est une conséquence du réchauffement climatique : celui-ci augmente le rayonnement des ultra-violets, et l’effet est encore plus marqué avec l’altitude.
Autre conséquence de cette sécheresse, des feux de brousse ont détruit plus de 90% de l’habitat de l’espèce entre 2002/2003, une catastrophe pour l’amphibien.
Enfin, deux éléments aggravants : les porcs sauvages creusent le sol à l’aide de leur groin et menacent ainsi les œufs, et la plantation d’une espèce d’arbre étrangère au biotope, le saule, modifie l’environnement.
Efforts de conservation
Symbole parmi d’autres de l’Australie, la grenouille corroboree bénéficie depuis 1996 d’une politique de sauvegarde. Le docteur Will Osborne est LE spécialiste de l’espèce. Grâce à ses nombreuses recherches et publications, il a été décidé que la sauvegarde de la grenouille corroboree passerait obligatoirement par un programme d’élevage en captivité. Depuis 1997, un petit nombre d’œufs a donc été prélevé chaque année dans la nature pour former une grande colonie de reproduction.
Grâce à cela, plus de 2 000 œufs ont été dispersés entre 2011 et 2014 au parc national de Kosciuszko. C’est grâce à la réintroduction que les experts espèrent sauver l’espèce.
Des programmes d’élevage sont menés au zoo de Taronga, au Zoo de Melbourne, au sanctuaire d’Healesville et au Centre de recherche des amphibiens. Dans chacune de ces réserves, un grand soin est apporté aux installations qui ont pour mission de reproduire les conditions climatiques fraiches, humides et semi-alpines de leur environnement naturel. Bien évidemment, une extrême attention est portée à l’hygiène, afin de ne pas laisser la porte ouverte aux champignons.
Ce programme d’élevage est également associé à la gestion et à la préservation de la diversité génétique de la population actuelle.
Actuellement, les scientifiques n’ont pas encore trouvé d’antidote contre le chytridiomycose mais la conservation de l’espèce à long terme passera forcément par une parade contre ce parasite qui devient un problème mondial ! A cet effet, les spécialistes tentent de comprendre pourquoi la Pseudophryne pengilleye, l’espèce du Nord, résiste beaucoup mieux au champignon.
Reproduction
La reproduction des grenouilles corroborée est très étudiée car il s’agit de l’une des clés pour pérenniser l’espèce. Celle-ci présente en plus quelques particularités.
Tout commence à l’âge de 4 ans, quand l’amphibien atteint sa maturité sexuelle, un âge tardif par rapport aux autres espèces. La saison des reproductions débute en hiver. Les mâles choisissent un lieu proche d’un bassin peu profond (marais ou prairie humide) et préparent un nid avec de la mousse en s’aidant de leurs pattes postérieures. Puis, ils chantent pour attirer les femelles. Les mâles ont trois types d’appels : un appel de publicité, appel de la menace, et la cour d’appel. C’est souvent ce dernier qu’on entend facilement le soir près des zones humides.
Un mâle grenouille peut espérer charmer jusqu’à 10 femelles, qui elles-mêmes peuvent pondre jusqu’à 38 œufs. Le mâle est obligé de construire autant de nids que nécessaire. C’est lui qui gère la logistique ! Les femelles pondent leurs œufs directement dans le nid du mâle, qui déposera son sperme dessus en s’agrippant à la femelle. Puis elle s’en va et le mâle est chargé de veiller sur les futurs têtards. Une surveillance qui peut durer de 4 à 6 mois, jusqu’à ce que le nid soit inondé lors de la saison des pluies, au printemps, et que l’éclosion ait lieu. Ce milieu aquatique est vital pour que les œufs se transforment en têtards. Les embryons mettent ensuite de 6 à 8 mois à atteindre leur taille réelle.
En savoir plus
La grenouille de corroboree hiberne ! Comme d’autres amphibiens, elle possède dans ses cellules une propriété « antigel » qui lui permet de survivre à des températures négatives. C’est le glucose présent dans son sang qui protège ses organes vitaux.
7 Réponses to “La grenouille corroboree”
15.04.2018
GlyciniaC’est vraiment dommage que cet animal soit en voie de disparition. Mais ça n’est qu’un de plus, hélas…
29.11.2016
minac’est quoi le nom scientifique de cet animal ? Est-ce qu’il vit tout seul ou en groupe ?
30.11.2016
Espèces MenacéesBonjour Mina,
Le nom scientifique de la grenouille corroboree est Pseudophryne corroboree. En général, les grenouilles sont des animaux grégaires, c’est à dire qu’ils vivent en groupe, toutefois dans le cas de la grenouille corroboree, je ne peux te répondre avec certitude.
30.11.2016
minaOk merci :3
31.10.2016
theallier sandrineQuels sont les prédateurs de la grenouille corroborée ?
02.11.2016
Espèces MenacéesBonjour Sandrine,
La grenouille corroboree n’a pas de prédateurs naturels connus car elle sécrète sur sa peau un poison qui l’a rend impossible à ingérer. Sans cela, elle serait victime des mêmes prédateurs que les autres grenouilles : serpents, renards, chats, cigognes, hérons et les mustélidés comme les loutres, les putois, les belettes….
11.11.2021
MaxBonjours j’aimerais savoir quelle chose mange t elle