
Au printemps, le réveil de la nature passe aussi par la présence de chenilles dans nos jardins. Ces futurs papillons en inquiètent plus d’un depuis la médiatisation des dangers des chenilles processionnaires. Mais comment savoir si le petit insecte sous vos yeux est bien une de ces « méchantes » chenilles dont tout le monde parle ? Alexis Borges, chargé d’études Entomologiste à l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie), nous donne quelques pistes.
La ou les chenilles processionnaires ?
Il existe environ 5 555 lépidoptères (papillons) mais il n’y a que chez trois espèces que les chenilles (stade larvaire des papillons) sont réellement dangereuses :
- la processionnaire du pin – Thaumetopoea pityocampa,
- la processionnaire du chêne – Thaumetopoea processionea,
- la processionnaire pinivore – Thaumetopoea pinivora.

La processionnaire du chêne – Thaumetopoea processionea- sous sa forme finale adulte.
Si cette dernière n’a une aire de répartition que très limitée, les deux autres en revanche gagnent chaque année du terrain et couvrent désormais presque toute la France à l’exception du Nord.
Pourquoi sont-elles dangereuses ?
« Les gens pensent que dès qu’une chenille est poilue elle est dangereuse mais c’est totalement faux, il n’y a aucun rapport. Il existe de nombreuses espèces très poilues et non urticantes. Ce ne sont d’ailleurs pas les poils des processionnaires qui sont dangereux mais les micro-poils de moins d’un millimètre qui sont recouverts de venin. Si une muqueuse comme la truffe d’un chien entre en contact avec, ça peut devenir dangereux avec une réaction qui peut durer plusieurs jours. Plus l’espèce en contact a un gabarit important et plus les désagréments sont faibles. D’ailleurs, chez la plupart des personnes on note surtout une hyper sensibilité pendant environ une semaine », nous explique Alexis Borges.
En revanche, ces chenilles sont très gourmandes et peuvent provoquer des dégâts sur les arbres puisqu’elles consomment ses feuilles pour se nourrir. C’est pourquoi les agents forestiers de l’Office National des Forêts (ONF) interviennent régulièrement pour limiter les dégâts en forêt.
Comment différencier les processionnaires des autres chenilles ?
La plante hôte
Donc, si on ne peut pas se fier à son aspect « poilu », comment reconnaître une chenille processionnaire ? « C’est très simple, nous détaille le chargé d’études Entomologiste de l’OPIE. Déjà il faut regarder la plante hôte des chenilles. Les processionnaires sont monophages, ce qui signifie qu’elles se nourrissent d’une seule et même essence d’arbres. Les pins et autres résineux comme les sapins ou les cèdres pour la processionnaire du pin, Thaumetopoea pityocampa, et les chênes pour la processionnaire du chêne, Thaumetopoea processionea. »
Donc si vous trouvez des chenilles sur une autre sorte de variétés d’arbres, il y a de très fortes chances qu’elles ne soient pas dangereuses.
Le nid soyeux

Nid de chenilles processionnaires ©JD Fotografiert
Autre élément clef pour les différencier : le nid. Une fois arrivé à l’âge adulte, le papillon femelle entame la dernière période de sa vie. Elle doit se reproduire rapidement et trouver son arbre hôte pour y pondre ses œufs. Les œufs deviendront des chenilles qui observeront plusieurs mues avant de se transformer en chrysalides. Enfin, un papillon adulte sortira de cette chrysalide.
Quel est le rôle du nid dans ce cycle ?
Observable de loin, le cocon soyeux est une protection pour les processionnaires. La particularité de ces chenilles c’est qu’elles sont grégaires et vivent ensemble dans ces nids. Il est tissé par les jeunes chenilles elles-mêmes qui en profitent pour se nourrir de leur arbre hôte sous cette bulle protectrice. Quand elles n’ont plus assez à manger, elles font un autre nid sur un autre rameau pour se nourrir à nouveau. Et cela tout l’hiver.
Au printemps, les processionnaires du pin quittent leur nid et descendent au sol, à la queue leu leu, comme une procession, et c’est là qu’elles sont particulièrement dangereuses et qu’un jeune enfant ou un animal domestique peuvent entrer en contact avec. Le venin apparaît lors de la troisième mue et resterait urticant pendant 3 ans, bien après la mort de l’insecte. La processionnaire du chêne pour sa part ne descend pas au sol, raison pour laquelle on en entend moins parler que Thaumetopoea pityocampa.
En résumé, si beaucoup de particuliers se méfient de la moindre chenille dans leur jardin, la seule chose qui doit vous alerter c’est la présence d’un nid sur un chêne ou un pin. Une chenille isolée, ou un cocon sur une autre essence d’arbre ne sont pas des facteurs d’inquiétude.
La confusion avec la laineuse du Prunellier, espèce protégée
Eriogaster catax, le Bombyx Evérie ou Laineuse du Prunellier, est une espèce dont la chenille est souvent confondue avec les processionnaires. Outre la ressemblance physique entre les deux chenilles, la laineuse du Prunellier construit elle aussi un nid de soie où les chenilles se regroupent. Comme les Thaumetopoea, la forme adulte des chenilles de Bombyx Evérie, le papillon, est un insecte nocturne.
Mais à la différence des espèces de processionnaires, la Laineuse du Prunellier est une espèce protégée en France par la directive Faune Flore Habitat et un arrêté ministériel de 2007 : « sont interdits (…) la destruction ou l’enlèvement des oeufs, des larves ou des nymphes, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement des animaux. »
Comment différencier les deux espèces ? Il suffit d’observer la plante hôte. Si la processionnaire est monophage et ne s’attaque qu’aux pins ou aux chênes, la laineuse s’alimente de nombreuses espèces d’arbres et arbustes à feuilles caduques et principalement de prunelliers et d’aubépines.
Vous avez des chenilles dans votre jardin et notre article ne suffit pas à vous rassurer ? Voici trois sites ou forums références : Lepinet, Oreina, Insecte.org
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