Non, les forêts ne poussent pas que sur terre. Dans les océans aussi il existe des forêts que l’on peut qualifier de « sous-marines ». Bien souvent, ces milieux marins à part sont de véritables temples de la biodiversité.
Le kelp géant, l’algue reine des forêts sous-marines
Au large de la Californie, de l’Australie, dans les eaux chiliennes et même norvégiennes, d’étranges lianes de plusieurs dizaines de mètres de haut fendent les mers et océans depuis les fonds rocheux jusqu’à la surface. Il s’agit en réalité d’algues géantes aussi appelées kelp.
L’espèce Macrocystis pyrifera, plus communément appelée « kelp géant », est certainement l’une des plus connues. Ces algues brunes peuvent mesurer jusqu’à 50 m de haut et grandissent à vitesse grand V : jusqu’à 50 cm par jour ! D’autres espèces d’algues géantes composent les forêts sous-marines. Elles appartiennent principalement au genre Macrocystis – dont fait partie le kelp géant – et – Nereocystis, qui poussent moins vite, à raison de 6 cm par jour en moyenne.
Un écosystème à part entière
Comme dans n’importe quelle forêt terrestre, une forêt sous-marine sert de sanctuaire pour de nombreuses espèces animales. Tout en bas, dans les fonds marins, des oursins, crabes et mollusques peuplent ces forêts de kelp où règne la pénombre. Dans les étages supérieurs vivent plutôt de jeunes poissons qui trouvent dans cet environnement à la fois nourriture et refuge. A mesure qu’on se rapproche de la surface, la luminosité est de plus en plus forte. Enfin, ce que l’on pourrait désigner comme la canopée – la cime des algues qui perce la surface de l’eau – est habitée par d’autres animaux, et notamment des loutres de mer. Là, elles y trouvent un nombre abondant d’oursins dont elles se repaissent.
Sans les loutres, les forêts de kelp sont généralement menacées car les oursins – qui ont peu d’autres prédateurs naturels – s’y attaquent. Ces forêts peuvent aussi être menacées par le réchauffement climatique – l’augmentation de la température de l’eau empêchant son développement – et les activités humaines, l’industrie de l’algue alimentaire en tête. Or, ces écosystèmes doivent être préservés car au total, près de 750 espèces en dépendent.
Des forêts englouties
Il existe aussi un autre type de forêts sous-marines, cette fois composées d’arbres et non d’algues. Ce sont des forêts englouties. Il y a plusieurs milliers d’années, ces forêts étaient encore au-dessus de la surface. Mais la montée des eaux consécutive à la fin des périodes glaciaires les a immergées et il arrive qu’elles restent en état.
C’est notamment le cas d’une forêt de cyprès découverte il y a quelques années dans le golfe du Mexique, au large des côtes de l’Alabama (Etats-Unis). Après examen, les scientifiques ont découvert que ces arbres avaient 52 000 ans. Ils ont pu rester bien conservés, à 18 m de profondeur, grâce à l’épaisse couche de sédiments océaniques qui les recouvre, empêchant ainsi leur détérioration. En 2015, une autre forêt engloutie a été retrouvée dans la mer du Nord, entre la France et l’Angleterre. Celle-ci remontait à environ 10 000 ans.
Des récifs artificiels
Les forêts englouties sont également très appréciées des animaux marins. Lorsque la couche de sédiments disparaît, sous l’effet par exemple d’intempéries comme un ouragan, elles se font investir par de nombreux animaux. Elles servent alors de récifs artificiels dans lesquels poissons, crustacés, anémones creusent pour trouver un abri. Mais cela ne dure que quelques années car une fois découvertes et privées de leur couche protectrice, ces forêts englouties disparaissent petit à petit.
par Jennifer Matas
0 réponse à “Il existe des forêts sous-marines à la biodiversité exceptionnelle”