Arrivé au début des années 2000, le frelon asiatique est aujourd’hui bien installé en France. A moins qu’un appauvrissement du patrimoine génétique ne conduise à un effondrement des populations, il devrait trouver sa place dans nos écosystèmes. Mais les ravages qu’il est capable de causer sur des ruches d’abeilles domestiques a attisé la haine que beaucoup peuvent lui porter. Résultat, chaque année des particuliers posent des pièges faits maison qui, en réalité, causent plus de tort à la biodiversité, ou bien tuent tout ce qui ressemble de près ou de loin à une guêpe. Voici comment reconnaître le frelon asiatique et que faire quand on croise sa route.
Le frelon asiatique, plus petit et plus foncé
« Quand on a déjà vu un frelon asiatique et un frelon européen, on ne peut plus les confondre », assure Mathieu de Flores, chargé de mission sciences participatives à l’Office pour les insectes et leur environnement (Opie) et entomologiste.
Le frelon asiatique est la seule guêpe présente en France – et en Europe – à être aussi foncé, presque noir.
Les individus présents en France sont issus de la sous-espèce Vespa velutina nigrithorax qui, comme leur nom scientifique l’indique, ont un thorax entièrement noir, à l’exception de segments abdominaux bruns et du 4e segment jaune-orangé. Les pattes sont également foncées et jaunes sur leur extrémité, tout comme l’arrière de la tête de l’insecte, tranchant sur une face jaune-orangé. Aujourd’hui, on l’appelle d’ailleurs plus « frelon à pattes jaunes » que « frelon asiatique » tant il semble s’être acclimaté.
L’autre espèce de frelon à vivre en Europe est le frelon dit européen, ou Vespa crabro. Il est facilement reconnaissable à son corps parsemé d’orange, de noir et de jaune et son abdomen rayé jaune et noir.
« Le frelon asiatique ou à pattes jaunes est aussi généralement plus petit que le frelon européen, ajoute Mathieu de Flores. Même si dans l’imaginaire collectif il est beaucoup plus imposant, ce n’est pas vrai. En fait, cette croyance vient d’images qui ont beaucoup circulé à propos d’un autre frelon asiatique, Vespa mandarinia, qui est le plus gros frelon du monde. Il est réellement impressionnant avec ses 6 cm de long, mais ce n’est pas l’espèce qui est arrivée en France, qui elle mesure dans les 3 cm. »
A retenir : le frelon asiatique a les pattes jaunes et est plus foncé avec des couleurs noir-orangé tandis que le frelon européen est plus grand, jaune et noir sur l’abdomen et rouge et noir sur le thorax.
Plus dangereux que le frelon européen ?
Si depuis son arrivée en France le frelon asiatique suscite autant de peur, c’est peut-être en raison de son comportement de prédation sur les abeilles. « Devant une ruche, il se met en vol stationnaire et attrape en plein vol les abeilles qui tentent d’en sortir. Soit elles ne quittent plus la ruche, soit elles se font décimer », résume l’entomologiste de l’Opie.
Mais les frelons asiatiques ne sont en réalité pas plus agressifs que les autres hyménoptères qui vivent en colonie. « Il n’y a de danger que si leur nid se trouvent à proximité – c’est-à-dire moins de 5 mètres de vous – et que les frelons se sentent menacés. Il en est de même avec n’importe quelle guêpe et même avec les abeilles domestiques. L’abeille noire, par exemple, n’est pas franchement docile. Si vous approchez de leur ruche, les ouvrières la défendront. »
Autre sujet d’inquiétude, la piqûre du frelon n’est en réalité pas plus dangereuse ou plus mortelle pour l’homme que celle des autres frelons et guêpes présents en France. Bien sûr, une personne allergique court un plus grand risque, mais cela concerne une faible proportion de la population.
En France, 10 à 20 personnes meurent chaque année après avoir été piquées par un hyménoptère, mais le frelon n’est pas toujours en cause, l’abeille domestique est aussi impliquée, ainsi que les autres guêpes.
A retenir : le frelon asiatique n’est pas plus agressif qu’une autre guêpe. Il représente un danger quand on s’approche trop de son nid. Sa piqûre n’est pas plus létale que celle d’un autre hyménoptère (abeilles, guêpes, frelons).
Reconnaître un nid de frelons asiatiques
L’autre différence de taille entre le frelon à pattes jaunes et le frelon européen, c’est l’aspect et la localisation de leur nid.
« Le frelon européen a plutôt tendance à faire son nid dans des cavités – trous dans les murs ou de vieux arbres –, il est donc caché. On ne le voit pas, seulement les entrées et sorties des individus. Le frelon à pattes jaunes, en revanche, construit un nid primaire un peu bas, puis au fur et à mesure que la colonie grandit, elle déménage pour un nid plus gros et le plus souvent plus en hauteur », explique Mathieu de Flores.
Le nid du frelon asiatique mesure environ 40 cm de diamètre. Sa forme est très caractéristique et ressemble à une boule quasi-parfaite. Il est fabriqué en papier mâché. « Les frelons grattent du bois en cours de décomposition à l’aide de leurs mandibules et, mélangé à leur salive, fabrique ce précieux matériau. » De nombreuses heures de travail sont nécessaires pour bâtir ce nid qui accueillera plusieurs milliers de frelons.
Souvent, les nids de frelons situés en haut des arbres sont peu visibles. « Ce n’est qu’à l’automne, lorsque les feuilles tombent, que les gens s’aperçoivent qu’ils ont passé tout l’été pas loin d’un nid de frelons asiatiques. A ce moment-là, la colonie est en déclin, elle ne survivra pas aux premières gelées, et le nid ne servira plus », ajoute l’entomologiste.
A retenir : les nids de frelons asiatiques sont souvent en hauteur et de forme sphérique alors que ceux des frelons européens sont cachés. Ils ne représentent un danger que s’ils se trouvent à moins de 5 m de vous.
Piège ou pas piège ?
Sur les réseaux sociaux, on n’en finit pas de voir des personnes vanter les mérites du dernier piège fait maison capable de capturer et tuer les frelons asiatiques. Sauf qu’en y regardant de plus près, ces pièges tuent de façon non sélective guêpes, frelons européens, mouches, papillons et autres pollinisateurs.
« Entre les pesticides et la transformation des milieux, les insectes n’ont pas en plus besoin de subir ces captures. Cette année, nous avons de nouveau été catastrophés par leur si faible nombre. Si en plus ceux qui survivent se font piéger, ce sera dramatique pour la biodiversité », avertit Mathieu de Flores.
Les piégeages de printemps, visant à capturer les fondatrices avant qu’elles ne se reproduisent, ne sont absolument pas conseillés. D’abord, parce qu’on ignore s’ils ont une réelle pertinence, et puis parce qu’ils causent des ravages chez les pollinisateurs. « Même si les apiculteurs vous le demandent, ne piégez pas vous-même. Seuls les apiculteurs dont les ruchers sont attaqués peuvent mettre en place des solutions ponctuelles. Et le piégeage n’est pas toujours l’unique solution. On sait par exemple que de laisser pousser la végétation devant les planches d’envol des ruches gêne le vol stationnaire des frelons et permet aux abeilles de sortir avec moins de risque. »
Si vous avez des guêpes ou frelons dans votre jardin et qu’ils vous dérangent pendant vos repas ou vos moments de détente, peut-être est-ce parce qu’ils manquent de nourriture dans les alentours. « Laissez une zone en friche, non tondue, et elles iront chasser là-bas plutôt que de vous embêter », conseille Mathieu de Flores. Contrairement aux abeilles qui nourrissent leurs larves avec des protéines végétales, les larves de guêpes ont besoin de protéines animales. D’où l’obligation de chasser ou de trancher un bout du jambon sorti pendant le pique-nique. Un coin resté sauvage dans un jardin attire la vie et ce sera plutôt là que les guêpes iront trouver leur nourriture.
A retenir : ne posez pas de piège dans votre jardin. Cela ne servirait pas à grand-chose si ce n’est tuer des pollinisateurs déjà très menacés par les pesticides et la dégradation des milieux naturels.
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