Le « kopi luwak » – littéralement le « café Luwak » – est très connu des amateurs de café pour deux raisons : il fut longtemps le « petit noir » le plus cher du monde avec une tasse pouvant s’élever à 100 $ et son mode de production est plutôt original, puisqu’il est récolté dans les crottes d’un animal.
Un système digestif qui vaut de l’or
La civette palmiste commune ou hermaphrodite – Paradoxurus hermaphroditus – n’est pas une espèce menacée. Pas encore tout du moins. Ce petit mammifère nocturne asiatique, à ne pas confondre avec Civettictis civetta – la civette africaine – est à l’origine du café « kopi luwak ». A l’état naturel, l’animal se nourrit parfois des fruits du caféier dont il digère la pulpe et évacue le noyau par ses crottes, noyau qui est en fait le grain de café. Le passage par le tube digestif de la civette conférerait à la précieuse fève un goût très particulier, dénué d’amertume et légèrement caramélisé. Une fois lavés, séchés et torréfiés, les grains sont vendus à prix d’or.
L’exploitation des civettes
Le problème, c’est que le caféier n’est en fleur que de mars à mai, soit une période très courte. Ajoutez à cela la popularisation de ce café à la saveur originale et l’offre ne peut plus répondre à la demande. C’est ainsi que sont nées des fermes à civettes, au cœur même des plantations de caféiers. Conditions de vie déplorables en cage, gavage aux fruits de caféier alors qu’il ne s’agit que de l’un des nombreux composants du régime alimentaire de la civette, non-respect du rythme biologique de l’animal… sont quelques-unes des dérives révélées dans le rapport « The animal welfare implications of civet coffee tourism in Bali » rendu public en mai 2016. Le tourisme aurait amplifié le phénomène, la civette étant un animal très docile, qui se prête facilement aux selfies.
Dernièrement, un autre type de café a vu le jour pour devenir à son tour le plus rare du monde : le « black ivory ». Cette fois-ci, les grains de café transitent par l’organisme d’un éléphant ! Pour le moment, la production se dit éthique : elle a lieu dans un refuge pour éléphants maltraités et les fruits du café ne sont donnés qu’en minorité, parmi les autres aliments qui composent le repas du pachyderme. De plus, une partie des fonds sert à financer la fondation du Triangle d’or, dédiée à la protection des éléphants.
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