Dans la famille des camélidés, la liste rouge de l’UICN ne connait que trois espèces. En Asie, on trouve le chameau de Bactriane – Camelus Ferus – espèce en danger critique d’extinction qui vit en Chine et en Mongolie. En Amérique du Sud, l’UICN répertorie la vigogne et le guanaco, tous deux non menacés. Mais où sont donc le lama et l’alpagua ? Et quelles différences entre ces quatre espèces souvent confondues ?
Lama, vigogne, alpaga, guanaco : comment les différencier ?
Des aires de répartition identiques….
Si l’Union internationale pour la conservation de la nature ne parle ni du lama ni de l’alpagua, c’est tout simplement parce qu’il s’agit de deux espèces domestiques au contraire de la vigogne et du guanaco qui vivent à l’état sauvage. Ce dernier est d’ailleurs communément surnommé « le lama sauvage ». Ces quatre espèces sont souvent confondues, d’autant plus qu’on les rencontre dans les mêmes pays : Argentine, Bolivie, Chili, Pérou et Paraguay (pour le guanaco seulement).
….mais Des tailles différentes
Le lama est la plus grande des quatre espèces de camélidés américains avec une hauteur au garrot de 1,25 m environ. La vigogne en revanche est le plus petit des camélidés d’Amérique du Sud avec 80 cm au garrot. Entre ses deux extrêmes, l’alpaga mesure pour sa part 90 cm au garrot et le guanaco est légèrement plus grand avec une moyenne de 1,1 m de hauteur.
Lama, vigogne, alpaga, guanaco : une histoire de fibre et de laine
L’alpaga possède la fourrure la plus importante des quatre animaux. Douce et chaude, cette fibre haut de gamme varie en couleur selon les pays mais la plus demandée sur le marché du luxe est celle de couleur blanche. Un alpaga produit 2 à 3 kg de poils par an, c’est donc une laine rare et chère.
La vigogne quant à elle, était sacrée pour les Incas. Seul le souverain était autorisé à porter des vêtements contenant son poil doré, surnommé la « laine des dieux », car plus doux et plus rare que celle de l’alpaga. Le poil de vigogne a été tour à tour autorisé puis interdit à la vente par la CITES – ou convention de Washington – le régulateur du commerce international des espèces sauvages.
Le commerce de la laine de vigogne a été interdit 1975 par l’inscription en annexe I de la CITES avant que les populations du Pérou et du nord du Chili ne retrouvent une taille satisfaisante et ne reviennent en annexe II en 1995. Malheureusement, la décision de la CITES dans les années 1970 n’a pas eu qu’un impact positif. L’interdiction du commerce du poil de vigogne a rehaussé le prix au kilo de la fibre et fait émerger un important marché noir alimenté par le braconnage. Sauf que si l’alpaga domestique est tondu sans être tué, la vigogne sauvage est, elle, abattue par les chasseurs pour obtenir le précieux poil. De nos jours, avec l’assouplissement du commerce de l’espèce, la cérémonie du « chaccu » permet aux locaux de rabattre en toute légalité les troupeaux de vigognes sauvages afin de les tondre avant de les remettre en liberté.
Le lama quant à lui est élevé pour sa viande, sa laine étant de piètre qualité. On s’en sert traditionnellement comme bête de somme mais un adulte ne peut pas monter dessus comme sur un cheval, le lama ne pouvant porter une charge plus importante que 40 kg.
Enfin, le guanaco possède un poil plus court que ses comparses. Ce sous-poil peut avoir une valeur marchande mais inférieure à la laine de vigogne ou d’alpaga. C’est donc principalement pour sa viande que le guanaco est chassé.
Liens de parenté entre les quatre espèces
Le lama et l’alpaga sont des espèces domestiques. On ne sait pas exactement de quelles espèces sauvages elles descendent tant elles se sont hybridées. On supposait qu’elles descendaient toutes deux du guanaco, dont le nom scientifique est d’ailleurs Lama guanicoe, jusqu’à la publication d’une étude génétique datant de 2001.
Cette étude suggère que l’alpaga ne descendrait pas du guanaco, comme le lama, mais de la vigogne. Une petite révolution en Amérique du Sud où « traditionnellement, l’ascendance des deux formes est attribuée au guanaco, tandis que la vigogne est supposée n’avoir jamais été domestiquée », explique les auteurs de l’étude.
Cela pourrait en revanche expliquer pourquoi la vigogne et l’alpaga sont tous deux recherchés pour la qualité de leurs laines au contraire de leurs deux cousins.
Les menaces sur les vigognes et les guanacos
Quand les Espagnols sont arrivés en Amérique du Sud, les populations de vigognes ont commencé à décliner jusqu’à ce que la sonnette d’alarme soit sonnée dans les années 1960, quand Vicugna vicugna a été déclarée vulnérable à l’extinction (VU). L’espèce continuera à être classée en voie d’extinction jusqu’en 1996 où, notant les tendances à la hausse de ses populations et sa présence en aires protégées, l’UICN la rétablisse en préoccupation mineure. Toutefois le braconnage des vigognes pour leur peau reste une pratique récurrente et étroitement surveillée.
Le guanaco quant à lui, n’a jamais été considéré comme une espèce menacée, tant son aire de répartition est importante, notamment dans des aires protégées. Le Chili autorise d’ailleurs sa chasse depuis 2003. Les conflits avec l’espèce semblent augmenter en Argentine, où les éleveurs et agriculteurs se plaignent du broutage excessif du camélidé qui concurrence leur bétail. Mais c’est au Paraguay, en Bolivie et au Pérou que le guanaco semble décliner à cause du braconnage.
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