
Quand on pense aux mygales, on s’imagine des grosses araignées au corps velu vivant dans les régions tropicales de la planète, comme par exemple la mygale de Gooty, d’un bleu envoûtant. Pourtant, peu de gens le savent, mais il existe au moins une vingtaine d’espèces différentes de mygales en France métropolitaine… sans parler de l’Outre-mer !
Au moins 21 espèces en France métropolitaine
Dans « La biodiversité en France, 100 chiffres expliqués sur les espèces », l’Inventaire National du Patrimoine Naturel (INPN) et l’Observatoire National de la Biodiversité (ONB) l’écrivent noir sur blanc : « 21 espèces de mygales, réparties dans 3 familles, se rencontrent en France métropolitaine ».
Un chiffre qui peut en décontenancer plus d’un, tant on pense – à tort – que les mygales sont toutes des araignées de taille imposante inféodées aux zones les plus chaudes du globe. D’autant que nous parlons bien ici d’espèces présentes naturellement sur le territoire, et non de quelques individus réintroduits par accident par l’homme ou relâchés par des particuliers.
D’ailleurs, peut-être que davantage d’espèces de mygales existent dans l’Hexagone, le chiffre de 21 espèces n’étant que le résultat des connaissances actuelles. Il y a encore quelques années, les scientifiques estimaient qu’elles n’étaient que 19. Elles sont donc peut-être plus nombreuses, mais seuls des inventaires plus approfondis permettront de le découvrir.
3 familles distinctes

Mygale du genre Atypus, présente en France métropolitaine.
Comme évoqué plus haut, les mygales vivant en France appartiennent à trois familles différentes, correspondant chacune à un genre distinct :
- les mygales Atypus avec la mygale à chaussette (Atypus affinis) présente un peu partout en France, y compris en plein Paris, et Atypus piceus avec qui on la confond souvent mais qui est cependant plus rare dans le Nord de la France ;
- les mygales Cteniza avec Cteniza moggridgei, identifiée dans le Sud-Est du pays, la mygale pionnière (Cteniza sauvagesi) – en photo de Une de cet article – et Cteniza genevieveae, toutes deux présentes en Corse. A noter que C. genevieveae vient d’être découverte ;
- les mygales Nemesia, plus importante famille de mygales françaises avec 16 des 21 espèces connues, dont la petite mygale maçonne (Nemesia caementaria), essentiellement présente sur le pourtour méditerranéen et en Occitanie, la mygale cardeuse (Nemesia carminans), la mygale de Simon (Nemesia simoni), Nemesia congener, Nemesia incerta, etc.
Les mygales du genre Cteniza et Nemesia sont souvent appelées plus communément « mygales maçonnes ». Ce nom leur vient d’une particularité : elles construisent une sorte de porte pour refermer l’entrée de leur terrier.
Des mygales petites et non dangereuses pour l’homme
Que les arachnophobes se rassurent, ces mygales sont inoffensives pour l’homme. D’abord, elles sont loin d’atteindre les tailles impressionnantes de leurs cousines sud-américaines ou africaines. En effet, les mygales de France métropolitaine ne dépassent pas les 2 cm, ce qui est loin des 30 cm de la mygale Goliath (Theraphosa blondi) rencontrée notamment en Guyane.

Mygale goliath, en Guyane.
A noter que comme c’est le cas chez de nombreuses araignées, les femelles sont généralement plus grandes que les mâles. Elles ne mesurent toutefois pas plus qu’une phalange de pouce.
Et puis, bien qu’elles produisent du venin qu’elles injectent via leurs crochets – ou chélicères – ces mygales ne représentent pas un danger pour nous. Elles préfèrent réserver leur venin pour des proies de leur taille et non pour les gros mammifères que nous sommes. Et quand bien même l’une d’elle nous mordrait, soit la morsure serait dépourvue de venin – on parle alors de morsure sèche –, soit la quantité inoculée serait tellement infime qu’elle ne serait pas mortelle.
Comme le rappelle à juste titre l’Office National des Forêts : « aucune araignée n’est véritablement mortelle pour l’homme. Dans quelques rares cas le problème sera l’infection ou la surinfection découlant de la morsure et non pas la réaction directe au venin de l’araignée. »
Les mygales par rapport aux autres araignées
Au total et d’après nos connaissances actuelles, il existe 1700 espèces d’araignées en France métropolitaine, sur les 49.550 espèces observées dans le monde. La plupart sont venimeuses, mais rien d’inquiétant : cela fait partie de leur méthode de chasse. Pour l’homme, aucune n’est véritablement dangereuse, ce serait même plutôt l’inverse !
Quant aux mygales, elles sont généralement très discrètes. On les distingue des autres araignées par la disposition de leurs chélicères : chez la mygale, les crochets venimeux sont verticaux et vont du haut vers le bas alors que chez les autres araignées, ils sont horizontaux et se rejoignent.
1 réponse to “21 espèces de mygales vivent en France métropolitaine”
05.08.2023
Marc BoucharelJe viens de lire votre article sur les mygales présentes en France métropolitaine car j’en ai observé et photographié une hier (3 août) dans un cluzeau (cavité souterraine aménagée par l’homme) périgourdin. Or, le spécimen en question mesurait bien plus que la taille annoncée, environ 5 à 6 cm… Ce cluzeau est en pleine forêt, loin de toute habitation, creusé dans le calcaire d’un lapiez : un environnement obscur à température et hygrométrie relativement constantes…
Alors, que peut-il en être selon vous et auprès de qui est-il possible de signaler cette observation (si elle a un quelconque intérêt) ?
J’aurais bien la photo… si cela avait été possible.
Cordialement, MB