On l’appelle la plante la plus seule au monde. Il s’agit de Hyophorbe amaricaulis, un palmier endémique de l’île Maurice dont il ne reste plus qu’un seul exemplaire au Jardin Botanique de Curepipe. Malheureusement, l’arbre âgé serait stérile. L’espèce est-elle condamnée ?
Le palmier le plus rare du monde
Entouré d’un échafaudage qui facilite ses soins et de barrières qui le protègent du public, il se dresse courageusement au sein du Jardin de Curepipe, l’un des deux jardins botaniques connus de l’Ile Maurice, avec le jardin de Pamplemousses. Cet Hyophorbe amaricaulis est classé « en danger critique d’extinction » par l’UICN depuis 1998 et pour cause, il serait le dernier de son espèce.
Personne ne sait s’il a été planté ou si le jardin botanique a été construit autour. Ce palmier est un mystère. Âgé d’au moins 100 ans, il continue à arborer régulièrement des fleurs blanches et produit même des fruits ronge foncé. Pourtant, il serait stérile : les fleurs mâles et femelles ne s’ouvrant pas au même moment, la pollinisation est impossible.
Il a longtemps été confondu avec Hyophorbe lagenicaulis, le palmier bouteille ou bonbonne, une autre espèce menacée végétale de l’île Maurice, bien plus commune toutefois.
Les causes de la disparition de Hyophorbe amaricaulis
L’UICN ne s’étale pas beaucoup sur les causes de disparition du Hyophorbe amaricaulis. « Très sensible aux maladies et aux cyclones, enclin à l’hybridation » sont quelques-unes des raisons avancées par l’organisme international pour expliquer qu’il n’en reste plus aujourd’hui qu’un seul individu.
Il semblerait toutefois que la déforestation soit la cause principale de la disparition de cette plante : en effet, la végétation naturelle n’occuperait plus que 2 % de la superficie de l’île Maurice. (source : rapport de mission 2006 – Les Palmiers Menacés de Maurice et de Ses Îlots).
L’espèce Hyophorbe amaricaulis vivait autrefois dans les forêts humides de l’île, en grande partie détruites. La colonisation européenne au 17ème siècle et l’apparition de plantes exotiques envahissantes ont conduit au déclin drastique de ce palmier aujourd’hui rarissime.
Peut-on encore sauver Hyophorbe amaricaulis ?
Comme pour les espèces menacées animales, les espèces végétales bénéficient elles aussi de mesures de conservation. Bien que le grand public ne connaisse pas vraiment son existence, Hyophorbe amaricaulis ne disparaîtra pas sans que rien ne soit tenté.
La communauté scientifique ne perd pas espoir. Elle s’appuie sur la démarche employée pour ramener à la vie une plante disparue d’Ile Maurice : Cylindrocline lorencei. Éteinte en 1990, cette plante doit son retour à Jean-Yves Lesouëf, fondateur du Conservatoire botanique national de Brest. En 1977, alors qu’il est en voyage sur l’Ile Maurice, il récolte des graines de Cylindrocline lorencei et les ramène à Brest où elles sont placées au congélateur du Conservatoire. En 1990, la plante est considérée comme éteinte en milieu sauvage et son seul espoir réside dans ces quelques graines.
Grace à la culture in vitro de cellules extraites de ses graines, Jean-Yves Lesouëf réussit à donner vie à trois pousses. Dix ans plus tard, elles fleurissent et permettent de récolter de nouvelles graines et de perpétuer le cycle. Quelques années plus tard, des centaines de plantes sont comptabilisées.
Extinction/conservation in the island of the dodo. Hyophorbe amaricaulis, the « loneliest palm”, has only 1 individual left alive. On the bright side, Cylindrocline lorencei, now extinct in the wild, is being successfully propagated by the National Park @clbaider @Tropical_IBEC pic.twitter.com/8RKrd5NoEh
— Luis Valente (@evo_island) July 4, 2019
Dans le cas de Hyophorbe amaricaulis, pas de graines, mais une plante encore existante, avec son tissu cellulaire. Le Kew Garden, jardin botanique très célèbre de Londres, mais également le Jardin botanique royal d’Edimbourg ont tenté de procéder au clonage de la plante, par culture tissulaire. Des jeunes pousses sont bien nées, mais elles sont mortes à chaque fois qu’elles étaient retirées de leur milieu stérile. L’espoir est pourtant toujours permis…
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