Dans la langue tswana, le mot Kalahari veut dire « lieu sans eau ». D’ailleurs, à regarder la végétation éparse qui survit dans ce milieu très sec, difficile de s’imaginer que sous la surface s’étend un immense réseau de galeries long de plusieurs milliers de kilomètres. Et que l’une de ces cavités abrite le plus grand lac souterrain non glaciaire au monde.
Un immense lac sous le Kalahari
Le lac du souffle du dragon a été découvert en 1986. Avec ses 20 000 m², il s’agit du plus grand lac souterrain au monde. On le rejoint en passant par une cavité profonde (environ 60 m de haut) et étroite, dont l’entrée se trouve au nord de la Namibie, sous le désert du Kalahari.
La grotte qui l’abrite a été baptisée « souffle du dragon » en raison de l’air chaud et humide qui s’en échappe, laissant entendre aux plus imaginatifs que cela pourrait s’agir de la respiration d’une créature mythique cracheuse de feu.
Il pourrait s’être formé doucement au cours du temps à partir du ruissellement des eaux de pluie qui se sont infiltrées dans la roche poreuse et calcaire du site. L’entièreté du lac n’a pas encore été explorée, si bien qu’il conserve encore bon nombre de mystères. Même sa profondeur reste inconnue. Des plongeurs ont pu descendre à plus de 100 m sous sa surface sans en apercevoir le fond.
Une biodiversité rare mais existante
Toutes les conditions ne sont pas réunies pour que naisse la vie dans ce lac. Les rayons du soleil ne parviennent pas jusqu’à sa surface, résultat il n’y a aucune photosynthèse ou presque.
Pourtant, la vie est tout de même apparu dans ce milieu hostile. Elle prend le plus souvent la forme de bactéries, mais aussi d’organismes plus grands comme des sortes de vers et de crevettes translucides.
La biodiversité y est aussi exceptionnelle que les caractéristiques de ce lieu, uniquement accessible depuis la surface depuis un étroit passage dans la roche et en permanence plongé dans l’obscurité. Les interactions avec l’extérieur sont quasi inexistantes, ce qui fait que ce lac souterrain dispose de son propre écosystème, indépendant et parfaitement rôdé avec une chaîne alimentaire et un système de renouvellement des espèces équilibrés.
Le très rare poisson-chat doré, endémique du souffle du dragon
Poisson-chat doré (Clarias cavernicola).
C’est aussi ici que vit l’un des poissons les plus rares au monde, le poisson-chat doré (Clarias cavernicola). On ne le trouve nulle part ailleurs que dans ce lac souterrain. Ce poisson-chat – très probablement le plus gros occupant des lieux – est d’autant plus remarquable qu’il se distingue de ces cousins sur de nombreux points.
En effet, soumis aux conditions de vie particulières inhérentes à ce biotope, il a évolué différemment des autres poissons-chats vivant sur Terre. Déjà, il est complètement aveugle. Ses yeux, minuscules, sont recouverts d’une couche de peau. De toute façon, nul besoin pour lui de voir tant la pénombre est forte dans le souffle du dragon !
Autre faculté exceptionnelle, son régime alimentaire. Le poisson-chat doré ne peut se nourrir de végétaux, puisque le lac en est dépourvu. Et les crustacés et invertébrés sont en quantité faible. Pour survivre, il se sustente donc de tout ce qui tombe depuis la surface.
Sa population serait évaluée à quelques centaines d’individus et l’espèce est classée « en danger critique » d’extinction par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
par Jennifer Matas
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