De prime abord, ces deux amphibiens se ressemblent beaucoup. Et pour cause, ce sont tous les deux des urodèles, un groupe qui se distingue des anoures (grenouilles, crapauds et rainettes) et des gymnophiones (amphibiens dépourvus de pattes). « Morphologiquement et physiologiquement, tritons et salamandres ont donc beaucoup de choses en commun », résume Thomas Gendre, herpétologue et chargé de mission appui à la gestion des aires protégées à l’Office français de la biodiversité (OFB). Néanmoins, ils ont aussi beaucoup de différences.
Le triton nage, pas la salamandre
L’une des principales, c’est le mode de vie de chacun. Les tritons sont en effet bien plus aquatiques que les salamandres présentes en France métropolitaine et qui, une fois arrivée à l’âge adulte, sont presque exclusivement terrestres.
Attention, ce n’est pas le cas de toutes les espèces de salamandres. La salamandre géante de Chine, par exemple, passe le plus clair de son temps au fond de l’eau et ne remonte à la surface que pour faire le plein d’oxygène, quand l’O2 dissous dans l’eau et absorbé par sa peau ne suffit plus. Mais cela se vérifie pour les quatre espèces de salamandres qui vivent en France et en Corse :
- la salamandre tachetée (Salamandra salamandra) ;
- la salamandre noire (Salamandra atra) ;
- la salamandre de Corse (Salamandra corsica) ;
- la salamandre de Lanza (Salamandra lazai).
« La salamandre adulte ne nage pas, reprend Thomas Gendre. Elle n’est pas équipée pour, ses pattes inférieures ne sont par exemple pas palmées. Une salamandre coincée dans un cours d’eau ou une mare pourrait même se noyer si elle ne parvient pas à remonter au bord toute seule. »
Quant aux tritons, il en existe cinq espèces en France :
- le triton marbré (Triturus marmoratus) ;
- le triton à crête (Triturus cristatus) ;
- le triton palmé (Lissotriton helveticus) ;
- le triton lobé (Lissotriton vulgaris) ;
- le triton alpestre (Ichthyosaura alpestris).
Des queues géométriquement différentes
Autre différence majeure entre les tritons et les salamandres, c’est la forme de leur queue. Les urodèles sont des amphibiens à queue, c’est ce qui les distingue grosso modo des deux autres groupes d’amphibiens cités plus haut. Mais cette queue n’a pas la même forme chez les tritons et chez les salamandres.
La queue des tritons est en effet aplatie sur les côtés, ce qui leur est très utile pour nager et se propulser dans l’eau. En revanche, la queue des salamandres est tubulaire, de forme plus arrondie.
Chacun son mode de reproduction
Les salamandres et les tritons n’ont également pas les mêmes façons de se reproduire. Par exemple, alors que l’accouplement des salamandres communes a lieu sur la terre ferme, les tritons se mettent à l’eau pour trouver leur partenaire et s’accoupler.
Après quelques semaines de gestation, la femelle salamandre choisit une étendue d’eau pour libérer ses œufs qui, au contact de l’eau, s’ouvrent pour laisser s’échapper des larves. « Celles-ci sont tout de suite capables de nager et de se nourrir », précise l’herpétologue. La femelle triton, elle, pond des œufs dans l’eau, et non des larves déjà autonomes. Ces œufs devront se développer jusqu’à libérer des larves qui, à leur tour, se métamorphoseront jusqu’à former un triton adulte.
La salamandre produit par ailleurs moins de petits par ponte : quelques dizaines maximum. Le triton, lui, pond de 100 à 300 œufs. Et c’est bien moins que certaines espèces de crapauds qui produisent des filaments de milliers d’œufs ! La femelle triton, en revanche, prend soin d’empaqueter ses œufs dans des feuilles aquatiques pour les protéger à minima des dangers extérieurs.
« C’est très intéressant d’observer des stratégies de reproduction si différentes, observe Thomas Gendre. Chez la salamandre, où les larves sont capables de se cacher des prédateurs et de se débrouiller toutes seules dès la naissance, les effectifs sont plus réduits car leurs chances de survie sont plus grandes que celles des œufs de tritons qui, avant de devenir larves, doivent encore survivre au développement dans l’œuf… sans pouvoir se défendre d’éventuels prédateurs ou échapper à des coups de froid. De la même façon, les crapauds produisent un plus grand nombre d’œufs, mais ceux-ci sont plus exposés au danger. »
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