Le lycaon ou chien sauvage d’Afrique est un mammifère carnivore mesurant environ 70 cm au garrot pour un poids allant de 20 à 30 kg. Sa longueur varie de 60 à 100 cm, ce à quoi il faut ajouter une queue d’une trentaine de centimètres. En général, son pelage est majoritairement brun ou jaune et est parsemé de taches noires, blanches, rousses ; de cette caractéristique provient le surnom de l’animal, « loup peint », et son nom scientifique, Lycaon pictus. Ces « peintures » permettent par ailleurs de distinguer chaque individu, à la manière d’empreintes digitales chez l’Homme ou des rayures des zèbres. Il se pourrait même qu’elles leur permettent de se reconnaître entre eux.
Cette espèce se distingue des autres canidés par le fait qu’elle ne possède que 4 doigts à chaque patte, alors que les autres membres de sa famille en comptent 5 aux pattes postérieures. Ses pattes sont longues et son corps est fin et musclé, taillé pour les longues courses ; lorsqu’il est en chasse, un lycaon peut courir à une vitesse maximale de 50 km/h sur plusieurs kilomètres. La traque débute par une approche discrète de la proie, généralement une antilope pesant une cinquantaine de kilogrammes (springboks, gazelles de Thomson, impalas, zèbres…), puis la meute entame une poursuite qui dure parfois plus d’une heure. Des rapports indiquent également que le lycaon est capable de traquer des proies beaucoup plus imposantes comme des buffles africains (Syncerus caffer).
Localisation et habitat
Lycaon pictus est endémique de l’Afrique subsaharienne : il est présent du Tchad jusqu’à l’Afrique du sud. Si on a longtemps pensé qu’il privilégiait les plaines ouvertes et les steppes arides en raison de sa technique de chasse, qui requiert des espaces dégagés n’entravant ni la course, ni la vision, le lycaon est en réalité capable de s’adapter à une grande variété d’habitats. Mieux, les zones les plus densément peuplées semblent en fait être les montagnes et les territoires arborés, comme dans le parc national de Mana Pools (Zimbabwe). En Ethiopie, l’espèce a même été repérée à 2800 mètres d’altitude, et un individu mort a été trouvé sur le plateau de Sanetti, à 4000 mètres d’altitude.
Menaces pesant sur le lycaon
Au début du XXème siècle, on estime que 100 000 lycaons peuplaient le continent africain. Aujourd’hui, les effectifs de l’espèce s’élèvent à environ 5000 individus. L’espèce est classée « en danger » d’extinction par l’UICN.
La chasse
Le chien sauvage d’Afrique a été victime d’une chasse intensive jusqu’aux années 1970. Pourtant, ni sa viande ni sa fourrure ne sont commercialisées : cette espèce était simplement considérée comme nuisible. Elle était accusée de dévorer les animaux d’élevage, de répandre les maladies, de tuer pour le plaisir. Des milliers de spécimens ont été abattus par les fermiers, les éleveurs et même les employés des parcs nationaux.
Malgré la législation et les opérations de sensibilisation, le problème reste d’actualité : les conflits avec les fermiers et éleveurs ne sont pas résolus. Beaucoup sont encore convaincus que les attaques des lycaons sont responsables de la perte de leurs animaux alors que, dans les faits, Lycaon pictus ignore presque systématiquement les animaux d’élevage tant que des proies sauvages existent : partout où la biodiversité est préservée, la perte pour les fermiers est minime.
La perte de son habitat
Aujourd’hui, la principale menace pesant sur l’espèce est la dégradation de son habitat et la multiplication des contacts avec l’Homme, ce qui accroît par exemple la dispersion des maladies. En Tanzanie, la population de lycaons a presque entièrement disparu, victime de la maladie de Carré qui provoque vomissements, diarrhées, convulsions et peut engendrer des troubles neurologiques importants, voire une paralysie. Le virus aurait été transmis initialement par les chiens domestiques des Maasaï, des éleveurs et guerriers semi-nomades d’Afrique.
Le développement du réseau routier fragmente également l’habitat du lycaon et a engendré une hausse des accidents, alors que l’apparition de champs cultivables divise les meutes. La croissance démographique en Afrique entraîne elle aussi des effets néfastes : elle réduit le nombre de proies disponibles, pousse ainsi les meutes à s’attaquer aux animaux domestiques, multiplie les contacts avec l’Homme… et par conséquent le nombre de canidés tués, que ce soit par balle ou à cause de pièges.
Ces différents éléments cumulés aboutissent à une faible densité de population, ce qui laisse les meutes vulnérables face aux événements climatiques ou aux épidémies.
Conservation
La protection du chien sauvage d’Afrique est rendue difficile par ses longs déplacements. Ces derniers rendent difficile tout suivi efficace des populations. De plus, établir une réserve accueillant plusieurs meutes est d’une rare difficulté. En effet, en admettant que les autorités créent un parc de 5 000 km², ce qui représente par exemple plus d’un quart du parc Kruger, le plus grand parc d’Afrique du sud, si une meute se trouve en son centre, elle sera inévitablement à moins de 40 km de la frontière la plus proche. Les lycaons auront donc de grandes chances d’être amenés à quitter la réserve lors de leurs déplacements… et, du fait de la croissance démographique en Afrique, à entrer en contact avec l’Homme. Et on ne parle dans cet exemple que d’une seule meute ! Seules les plus grandes réserves comme le parc Kruger en Afrique du sud ou le parc Hwange au Zimbabwe peuvent donc protéger entièrement les lycaons.
Une fois acté qu’il est impossible de supprimer tout contact entre l’Homme et le lycaon, il devient capital de développer d’autres techniques de conservation. Mener des études sur les réels impacts des meutes sur le gibier ou les animaux d’élevage, ceci afin d’améliorer la réputation de ce canidé et de sensibiliser les populations locales, est l’une des principales pistes. Sans cela, les conflits avec les fermiers locaux ne pourront être réduits. L’association Painted Dog Conservation compte parmi les organisations les plus investies dans la protection de lycaon pictus. Elle a déjà lancé deux programmes au Zimbabwe, trois en Zambie et un en Namibie. A force d’échanges, les populations locales se sont laissées convaincre que les lycaons ne représentaient pas un danger pour eux et, mieux, qu’ils pouvaient alimenter l’écotourisme. Des panneaux de signalisation ont également réduits de 50% les collisions avec les véhicules, et des colliers ont été posés sur plusieurs spécimens afin d’étudier les migrations et d’en déduire les zones propices aux réintroductions. Les résultats de ces investissements n’ont pas tardé à se faire sentir : au Zimbabwe, sur le territoire où l’organisation travaille, le nombre de lycaons est passé de 350 à 750 en une vingtaine d’années.
Enfin, diverses tentatives de réintroduction ont déjà eu lieu. Malheureusement, en Namibie par exemple, dans le parc national Etosha, les meutes n’ont pas survécu : elles n’étaient composées que d’individus nés en captivité et ne sachant donc pas chasser, et ont été relâchées sur un territoire présentant une faible densité de proies mais plusieurs meutes de lions, leurs prédateurs naturels.
Reproduction du chien sauvage d’Afrique
En Afrique de l’est, il n’existe pas de saison spécifique pour la reproduction mais, au sud, il semble que le chien sauvage d’Afrique se reproduise entre avril et juillet. Dans l’immense majorité des cas, comme pour les loups, seul le couple alpha de la meute se reproduit ; lorsqu’une autre femelle met bas, le mâle ou la femelle dominants peuvent décider de tuer les petits. Ce comportement pourrait être lié au fait que Lycaon pictus est le canidé dont les portées comptent le plus grand nombre de nouveau-nés : entre 6 et 20 chiots peuvent naître pour une seule femelle. Or, une meute de taille moyenne compte souvent moins de dix adultes et est donc dans l’incapacité de subvenir aux besoins alimentaires de 30 ou 40 chiots.
Les lycaons sont monogames et les couples peuvent rester ensemble toute leur vie, celle-ci pouvant durer une douzaine d’années. La copulation est extrêmement brève : elle dure moins d’une minute, ce qui correspond peut-être à une évolution liée à la présence importante de prédateurs dans le milieu naturel. La gestation des lycaons dure 70 à 80 jours et n’a lieu qu’une fois par an.
La femelle donne naissance à sa portée dans une tanière abandonnée par ses premiers occupants, par exemple des porcs-épics ou des oryctéropes du Cap, un termitivore d’Afrique. De fait, la meute se sédentarise : durant les trois premières semaines, les nouveau-nés ne sortent pas du terrier. Ils sont dans un premier temps allaités par la mère mais, dès cinq semaines, ils sont sevrés. Cependant, incapables de chasser, ils sont encore dépendants de la meute : durant ces mois d’apprentissage, les adultes les nourrissent de viande par régurgitation lorsqu’ils rentrent de la chasse. Toute la meute participe ainsi à l’éducation des juvéniles.
Après trois mois, la meute reprend ses longues migrations. Après 12 à 18 mois, les jeunes atteignent leur maturité sexuelle, mais ils ne se reproduisent que bien plus tard : la plus jeune mère connue était âgée de 22 mois.
Meute et comportement social
Les lycaons sont probablement parmi les canidés les plus sociaux qui existent ; ils passent toute leur vie avec d’autres individus de leur espèce. Une meute dispose d’un territoire s’étalant sur environ 2000 km² et compte généralement une dizaine de membres, bien que des groupes de plus de 40 membres aient déjà été observés.
Si la meute est dominée comme chez les loups par un mâle et une femelle, elle revêt une importance particulière pour chacun de ses membres. Les lycaons handicapés, blessés ou trop vieux pour chasser ne sont par exemple pas écartés mais sont, comme les plus jeunes individus, nourris par régurgitation. Après la chasse, les juvéniles peuvent quant à eux se nourrir en premier : ils ont ainsi droit aux meilleurs morceaux. Mieux encore, lorsqu’un lion s’en prend à un membre de la meute, même si celui-ci est trop vieux pour se défendre, la horde fait corps autour de la victime et affronte le prédateur.
Le comportement social du lycaon permet à chaque membre de la meute d’agir de concert et de faire preuve de ce qu’on pourrait appeler de la solidarité. Ce trait de caractère s’illustre également lorsque la meute chasse et fait de Lycaon pictus l’un des meilleurs prédateurs d’Afrique : 80% des traques s’achèvent par la mort de la proie. Les lions, par exemple, atteignent un taux de réussite avoisinant seulement 10%.
7 Réponses to “Le lycaon ou chien sauvage d’Afrique”
07.05.2020
ouedraogoBonjour un projet de préservation des animaux sauvages. Mais comment trouver un financement?merc
02.04.2021
SawadBonjour ! J’ai un projet d’étude pour cet animal. Besoin d’une astuce pour étudier sa reproduction.
20.09.2019
Quelqu'unParfait pour un projet!
merci!