La grenouille mantelle dorée est un amphibien menacé qui ressemble sous plusieurs aspects aux dendrobates – les grenouilles toxiques d’Amérique centrale et du Sud. Originaire pour sa part de Madagascar, Mantella aurantiaca est classée depuis 2004 comme espèce en danger critique d’extinction d’après l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).
Présentation de cet amphibien menacé
La mantelle dorée fait partie de la famille des Mantellidae, qui regroupe plus de 200 espèces dans la liste rouge de l’UICN. Toutes sont toxiques.
Description physique
Mantella aurantiaca est reconnaissable à la couleur jaune, rouge ou orange de sa peau. Seuls les yeux sont noirs. Les juvéniles en revanche sont plus difficiles à identifier car de couleur verte ou noire. Il n’existe pas de dimorphisme sexuel, si ce n’est au niveau de la taille : la femelle est plus grande et peut approcher les 3 cm tandis que les mâles avoisinent plutôt 2 cm. Leurs pattes ne sont pas palmées mais chaque doigt se termine par un disque qui fait office de ventouse.
Régime alimentaire
La mantelle dorée est une grenouille terrestre active la journée, qu’elle passe en général à chasser : elle est insectivore. Fourmis, termites, mouches, criquets composent généralement son régime alimentaire mais l’espèce est connue pour ne pas être difficile… et même plutôt opportuniste ! Elle peut déguster tout insecte qui croisera son chemin.
Comportement social
Mantella aurantiaca vit en groupes comptant généralement deux fois plus de mâles que de femelles, un ratio qui pourrait refléter la composition sexuelle de la population dans son ensemble.
Localisation
A l’état naturel, les mantelles dorées sont visibles uniquement sur l’île de Madagascar, à la biodiversité si riche et endémique. On peut la trouver sur un territoire très restreint situé dans le centre-est de l’île, à plus de 900 mètres d’altitude, à l’est de la capitale Antananarivo et à proximité du parc national d’Antasibe.
Cet amphibien vit à proximité de zones de marécages de Torotorofotsy dans les forêts de pandanus – des arbres fruitiers qui se caractérisent par des racines en forme de tipi. On dit souvent que son aire de répartition ne dépasse pas 10 km² mais cette information est erronée : s’il est vrai que la majorité de l’espèce est regroupée sur un territoire très restreint, quelques groupes de mantelles dorées sont également visibles dans le sud-est de Madagascar.
Bien que terrestre, cette grenouille affectionne particulièrement l’humidité et la fraîcheur : elle ne survit pas à des températures dépassant 24° ou inférieures à 15°, ce qui explique qu’elle ne vive qu’en altitude.
Menaces
Le prélèvement en milieu naturel
Mantella aurantiaca est une de ces espèces qui pâtissent de leur physique : une jolie couleur, un élevage en captivité plutôt facile, un animal rare… il n’est fallait pas plus pour que la mantelle dorée devienne un incontournable du marché des animaux domestiques. Son exportation commerciale a débuté à la fin des années 80. Au moins 100 000 mantelles dorées auraient été prélevées en milieu naturel avant que ce commerce ne soit régulé. Toutefois même aujourd’hui, alors que l’espèce est considérée comme en danger critique d’extinction, la CITES n’a pas interdit sa vente et dispense chaque année un nouveau quota de permis d’exportation. Si en 2001, l’institution permettait le prélèvement de 8000 grenouilles, ce chiffre n’était plus que de 550 en 2010 et depuis 2015, « seulement » 280 permis sont délivrés chaque année. Malgré ces quotas, le commerce illégal des mantelles dorées existe et le prélèvement en milieu naturel se poursuit.
La destruction de l’habitat
Comme l’escargot de Corse, la mantelle dorée vit sur une surface très limitée qui se situe à proximité d’une aire protégée… mais pas à l’intérieur. Or, ce territoire est également convoité par l’Homme. Les forêts de pandanus sont détruites pour le commerce du bois – un fléau à Madagascar – et les terres, faciles à irriguer, sont convoitées pour l’agriculture. De plus, en 2011, un gigantesque feu a en partie détruit les marais de Torotorofotsy, où vit Mantella aurantiaca. L’espèce se heurte aujourd’hui à un problème de fragmentation de son habitat, ce qui engendre des difficultés de brassage génétique entre les différents groupes.
Enfin, il semblerait qu’à Madagascar comme sur beaucoup d’îles, l’introduction d’espèces exotiques soit une cause de déclin pour les mantelles dorées.
Sauvegarde
L’attrait des scientifiques et des touristes pour la mantelle dorée a poussé le gouvernement malgache et les sociétés industrielles à s’engager dans la conservation de l’espèce.
En juillet 2000, Mantella aurantiaca est placée en Annexe II de la CITES et son commerce est comme nous l’avons vu précédemment soumis à des quotas. Cinq ans plus tard, l’Union Européenne va plus loin et interdit l’importation sur son sol de spécimens sauvages. L’élevage en captivité de l’espèce n’est pas difficile et permet de freiner le prélèvement en milieu naturel. De plus, une trentaine de parcs animaliers dans le monde participent au programme d’élevage mis en place. Ainsi, pour la première fois, le 19 mai 2017, 1500 mantelles dorées nées en captivité sont réintroduites dans la nature. Fait assez inhabituel pour être cité, la compagnie Ambatovy, une société minière de Madagascar, finance le programme de conservation qui a permis ces réintroductions. Ce plan de protection est un bel exemple de partenariat entre associations de protection de la nature, parcs animaliers et société industrielle.
Bien sûr, l’intérêt de la société minière pour la grenouille n’est pas que philanthropique. La compagnie Ambatovy exploite le nickel et le colbalt présents juste à côté de l’aire de répartition des mantelles dorées. En protégeant l’amphibien, la compagnie souhaite « assurer la viabilité et la durabilité du site, tout en maintenant ses fonctions écologiques, en conservant sa biodiversité et en générant des bénéfices pour la population locale à travers l’utilisation durable de ses ressources naturelles », précise-t-elle dans Madagascar Tribune.
Ainsi pour préserver le lieu de ponte des mantelles, la société a accepté de dévier le tracé original de son pipeline qui devait détruire cette zone.
Reproduction
Les mantelles dorées ont une longévité de 8 ans en milieu naturel et de 5 à 7 ans en captivité. Ces grenouilles sont matures sexuellement au bout d’un an. La reproduction débute après les premières pluies abondantes : les mâles appellent alors les femelles en chantant, même si les vocalises de cette espèce sont faibles comparées aux autres.
Les femelles peuvent pondre plusieurs fois durant la saison des pluies. Durant cette période, les mantelles dorées – et particulièrement les mâles – deviennent assez territoriaux.
La femelle pond 20 à 60 œufs, non pas dans l’eau mais dans une litière humide du type mousse, crevasse ou écorce humide. C’est la pluie qui généralement les entraînera vers la source d’eau la plus proche. Chose assez inhabituelle, la fécondation des œufs est externe : le mâle féconde généralement les œufs dès que la femelle les expulse. Les têtards naissent au bout de 14 jours et restent au stade larvaire durant 70 jours avant de devenir des petites grenouilles de 11 millimètres seulement. Elles n’adopteront leur couleur caractéristique qu’après plusieurs semaines.
En savoir plus
Comme les dendrobates, les mantelles dorées sont des grenouilles toxiques. En milieu naturel, elles tirent leur poison de leur nourriture et leur couleur vive est là pour prévenir les éventuels prédateurs des risques qu’ils prennent. En captivité, comme leur régime alimentaire est différent, les grenouilles ne sont pas ou très peu toxiques.
1 réponse to “La mantelle dorée”
26.01.2020
KiaraJe trouve ça extraordinaire merci grâce à vous ,mon exposé sera top!!!