Ce mille-pattes géant endémique de Madagascar est en danger critique d’extinction. Aujourd’hui, il ne vit plus que dans un fragment de forêt d’une superficie de 10 km², qui subit de lourdes pressions comme la culture sur brûlis et les coupes de bois.
Description d’Aphistogoniulus corallipes
Le mille-pattes de feu à pattes rouges est un myriapode. Il appartient donc à la grande famille des arthropodes, comme les araignées, les scolopendres – qu’on confond souvent avec les mille-pattes –, les insectes et les scorpions.
Caractéristiques physiques
Son corps est longiligne et mesure entre 9,8 et 13 cm chez les individus adultes pour une largeur comprise entre 8 et 10 mm. Il se compose de 48 à 50 anneaux pédifères – autrement des anneaux disposant chacun de pieds –, groupés ensemble deux à deux : on parle de diplopodie. Le mille-pattes de feu à pattes rouges fait donc partie des diplopodes, et non des chilopodes, l’autre groupe des mille-pattes.
Il existe un léger dimorphisme sexuel, les mâles étant généralement 20 à 30 % plus fins et 10 % moins longs que les femelles. Les pattes et les antennes sont en revanche de la même longueur chez les deux sexes.
Contrairement à ce que son nom laisse entendre, A. corallipes ne possède pas réellement 1000 pattes mais plutôt entre 40 et 400. Très mobiles et de couleur jaune-orangé ou rouge, ces dernières peuvent facilement basculer des mouvements avant aux mouvements arrière.
Comme toutes espèces de mille-pattes géants du genre Aphistogoniulus – qu’on appelle plus communément « les mille-pattes de feu » –, ce myriapode arbore deux couleurs tout en contrastes : le rouge et le noir. Ces teintes ne servent pas seulement à distinguer ces mille-pattes des autres, mais à prévenir les éventuels prédateurs de leur toxicité. Cette technique de défense par l’avertissement s’appelle aposematisme. D’autres espèces utilisent ce même stratagème, notamment des dendrobates en Amérique du Sud par exemple.
Il est souvent confondu avec son cousin Aphistogoniulus infernalis, car il est difficile de distinguer à l’œil nu les différences qui existent entre ces deux espèces, proches physiquement l’une de l’autre. A. corallipes est toutefois la plus foncée de toutes les espèces de mille-pattes de feu. Comme lui, A. infernalis est menacé et sa population sauvage décline. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe cette espèce « en danger » d’extinction.
Régime alimentaire
Comme beaucoup de ses cousins mille-pattes, cette espèce est détritivore, c’est-à-dire qu’elle se nourrit essentiellement de détritus d’origine animale ou végétale. Pour A. corallipes, son régime alimentaire se compose en priorité de végétaux en décomposition et d’humus, qui désigne la couche supérieur du sol d’une forêt où se décomposent les matières organiques comme les feuilles mortes par exemple. En se nourrissant de ces déchets, les mille-pattes jouent un rôle essentiel dans leur écosystème. Ils recyclent en effet les composés organiques et nettoient les sols en participant à leur qualité et les rendant ainsi plus fertiles.
Habitat du mille-pattes à pattes rouges
Cette espèce est endémique de Madagascar. Mais elle ne vit pas partout sur cette île de l’océan Indien. En réalité, elle ne se trouve que dans un seul endroit : la forêt Manantantely.
Ce fragment de forêt pluviale de plaine est plutôt isolé et se situe l’extrémité sud-est de Madagascar, pas très loin de la côte. Il est très peu étendu. D’ailleurs, les scientifiques estiment que l’aire de répartition d’Aphistogoniulus corallipes se réduit à seulement 10 km².
Ce myriapode est semi-arboricole : autrement dit, il peut lui arriver de grimper aux arbres, même s’il se déplace principalement au niveau du sol. Il apprécie particulièrement le bois mort et l’humus qui tapissent les étages inférieurs de la forêt. La raison est simple : c’est là qu’il trouve en grande partie sa nourriture.
Menaces
Le mille-pattes de feu à pattes rouges vit sur une petite aire de répartition et nulle part ailleurs. L’espèce est donc très sensible à la qualité de son habitat. Or, c’est justement là que le bât blesse. La forêt de Manantantely n’est pas protégée et se dégrade à vitesse grand V sous la main de l’homme. Aujourd’hui, le nombre d’individus matures capables d’assurer la reproduction de l’espèce est trop faible, ce qui a conduit l’UICN à classer Aphistogoniulus corallipes dans la catégorie « en danger critique » d’extinction. Dernière étape avant sa disparition dans la nature.
La culture sur brûlis
A Madagascar, on l’appelle « le tavy » : cette pratique agricole, plus connue dans les autres pays francophones sous le nom de culture sur brûlis, est dévastatrice pour de nombreuses espèces animales et végétales. Y compris le mille-pattes de feu à pattes rouges. Et pour cause, elle consiste à défricher rapidement des pans de forêt pour les convertir en terres cultivables. Pour cela, les agriculteurs utilisent le feu. Le tavy est largement pratiqué à Madagascar, où les populations rurales vivent dans des situations économiques difficiles et ont besoin de trouver de nouvelles parcelles à cultiver.
Les coupes de bois
L’autre menace de taille qui pèse sur l’avenir de ce mille-pattes de feu concerne également la destruction de son habitat, par le déboisement cette fois. Les communautés environnantes ont effet pris pour habitude de se fournir en bois directement dans cette forêt. Résultat, les coupes de bois y sont fréquentes et se font sans gestion durable particulière qui pourrait assurer le renouvellement de la forêt.
Efforts de conservation du mille-pattes à pattes rouges
Même si l’aire de répartition de ce mille-pattes est peu étendue, il est difficile de recenser précisément le nombre d’individus qui y vivent. L’UICN ne dispose d’aucune donnée quant à la population restante d’Aphistogoniulus corallipes. Néanmoins, en se basant sur la dégradation rapide de son habitat, les scientifiques en ont déduit que l’espèce déclinait dangereusement.
Protéger son habitat naturel
L’avenir de ce mille-pattes est lié à celui de la forêt dans laquelle il vit. « La protection efficace de l’habitat de l’espèce et la création d’un soutien aux moyens de subsistance alternatifs pour les communautés locales, qui dépendent fortement des produits forestiers, seraient cruciales pour assurer la survie de l’espèce », recommande ainsi l’UICN.
Un point que partage l’association Asity Madagascar, impliquée dans la gestion de 4 aires protégées à Madagascar, dont la forêt de Tsitongambarika, non loin de celle de Manantantely. « Pour préserver Aphistogoniulus corallipes, il faut avant tout conserver la forêt en général, en mettant en place des patrouilles de surveillance afin de réduire le défrichement et en développant des activités sources de revenus pour la population environnante », explique-t-elle.
Bientôt un plan de conservation ?
Il est également impératif d’en apprendre plus sur cette espèce, la taille de sa population et ses besoins afin d’établir des mesures de conservation pertinentes. Justement, un plan de conservation est actuellement en cours d’élaboration, d’après Asity Madagascar.
A noter que si ce mille-pattes de feu est très apprécié dans le monde des terrariophiles, et donc qu’il se vend sur des marchés spécialisés en Europe et en Amérique du Nord, ce commerce ne nuit pas à la préservation de l’espèce dans son milieu.
Reproduction
Les mâles ont ce qu’on appelle une paire des gonopodes, c’est-à-dire des organes reproducteurs qui, chez la femelle, sont des pattes. Mais chez les mâles, ils ont évolué pour former des appendices copulateurs dans lesquels est stockée la semence. Durant le mois de juin, mâles et femelles s’accouplent par contact direct ce qui, dans la grande famille des milles-pattes, n’existe que chez les diplopodes. Le mâle s’accroche à la femelle et la féconde. A elle, ensuite, de pondre des œufs.
Comme tous les arthropodes, le mille-pattes de feu à pattes rouges dispose d’un exosquelette composé de chitine qui l’oblige à muer régulièrement tout au long de sa croissance. Après chaque mue, le mille-pattes gagne en longueur et en nombre d’anneaux.
2 Réponses to “Le mille-pattes de feu à pattes rouges”
25.08.2021
GELINIl en existe aussi en Martinique. Nous on les appelle bèt zoreil. Chez mon père on en trouve des rouges et des noirs.
14.12.2020
PIERRE SAWYERJ’habite dans le sud ouest de Madagascar et nous en avons regulierement chez nous.
Je viens de citer votre site sur Facebook en accompagnant mes photos prises il y a 3 jours.