L’insecte dont nous allons vous parler est une demoiselle et non une libellule, le terme employé à tort pour désigner tous les odonates. Les demoiselles sont plus fines que les libellules mais attirent l’œil grâce à leurs couleurs vives. Autre différence, les demoiselles rassemblent leurs ailes au-dessus du corps au repos alors que les ailes de la libellule restent plates.
Pyrrhosoma elisabethae, plus connu sous le joli nom de nymphe de Grèce, possède un thorax noir et un abdomen rouge vif. Signe distinctif, le mâle présente des anneaux noirs à la fin de son abdomen. On confond souvent pyrrhosoma elisabethae avec une autre demoiselle, la pyrrhosoma nymphula, la « nymphe au corps de feu », qui est très répandue. La nymphe de Grèce, elle, est proche de l’extinction. Selon l’IUCN, sa population devrait encore diminuer de 30 à 50 % au cours des 10 prochaines années.
Localisation de la nymphe de Grèce
Les odonates sont l’ordre qui regroupe les libellules et les demoiselles. Elles sont présentes dans toute l’Europe mais se concentrent dans le sud de la France, dans les Alpes et dans la péninsule de Balkans. Trois des espèces les plus menacées d’Europe vivent en Grèce ou dans ses pays voisins.
La nymphe de Grèce est endémique, comme son nom l’indique, du sud de la péninsule des Balkans et plus particulièrement de l’île de Corfou, appelée Kérkira en grecque, du Péloponnèse, la péninsule au sud de la Grèce continentale et du sud de l’Albanie. Sa population est fortement fractionnée, c’est-à-dire que les sous-populations sont éloignées géographiquement les unes des autres, ce qui est problématique au quotidien pour l’espèce mais également pour les scientifiques qui tentent de suivre son évolution.
Pyrrhosoma elisabethae vit près des petits ruisseaux à forte végétation, notamment aquatique. Son aire de répartition semble très faible, inférieure à 10 km².
Menaces
Les libellules et les demoiselles dépendent des cours d’eau pour se reproduire. Or, les habitats humides s’assèchent de plus en plus. La faute en revient au réchauffement climatique, qui génère des étés de plus en plus chauds et secs, mais également à l’intensification du détournement des ruisseaux et rivière. En effet, la gestion et la protection des cours d’eau en Albanie et en Grèce est quasi-inexistante. L’eau des rivières est détournée dans le but d’irriguer les terres agricoles, de servir à l’industrie ou même d’être consommée.
Et quand l’eau demeure, elle est parfois victime, comme en France, de pollution à laquelle les odonates sont très sensibles.
En l’absence d’actions et de mesures, la nymphe de Grèce pourrait disparaitre dans les 30 ans à venir.
Efforts de sauvegarde de Pyrrhosoma elisabethae
Tous s’accordent à dire que la nymphe de Grèce est l’une des demoiselles les plus menacées d’Europe. Pourtant, aucun plan de sauvegarde n’existe actuellement. L’UICN a bien conscience que des actions sont nécessaires immédiatement mais manque encore d’informations au sujet de cet insecte.
La première chose à faire est de déterminer avec précision l’aire de répartition de l’espèce et de collecter davantage d’informations sur son habitat et ses mœurs. Partant de ces données, un travail sur le terrain pourra être mis en œuvre pour la conservation de Pyrrhosoma elisabethae : les fameux plans d’action des espèces menacées. Bien entendu, ces démarches doivent être réalisées conjointement avec les autorités locales et les agriculteurs doivent être sensibilisés à la protection de l’environnement. Le classement en zone naturelle ou protégée peut éventuellement être une solution pour préserver les ruisseaux.
Reproduction
Sur la reproduction de la nymphe de Grèce, peu d’informations ont été recueillies jusque-là. Les experts se basent donc sur sa plus proche parente pour comprendre ses mécanismes de vie et de reproduction.
Comme beaucoup d’insectes, les libellules et demoiselles subissent des transformations tout au long de leur existence. C’est ce qu’on appelle la « métamorphose ». Dans le cas des abeilles ou des papillons, le processus de métamorphose est réalisé complètement alors que pour les odonates, il est incomplet. Lorsque le processus est complet, l’œuf pondu se transforme en « larve » puis en « nymphe » (cocon) pour enfin prendre sa taille adulte appelée « imago ».
La particularité des demoiselles et libellules se trouve d’abord au stade larvaire, puisque celui-ci se passe entièrement dans l’eau. Ensuite, cette larve va connaitre de multiples mues qui vont lui permettre de grandir et d’atteindre directement le stade d’imago, sans passer par la nymphe.
On ne connait pas précisément la période de reproduction de Pyrrhosoma elisabethae mais on a pu observer que c’est une espèce précoce, observable dès le début du printemps. Sur les 5 années environ de longévité de l’insecte, le stade adulte, le seul où il peut voler, n’est pas le plus important. La libellule reste une larve pendant au moins une à deux années. Les œufs, puis les larves, sont cachés à l’intérieur des plantes aquatiques ou au fond des rivières. Ils y sont déposés par la femelle et le mâle qui pondent ensemble. C’est pourquoi vous observez souvent ces insectes le long des plans d’eau. Attention, les larves ont déjà leur caractère et défendent leur territoire au même titre que les mâles adultes hors de l’eau.
En savoir plus
Le mot « odonate » provient du grec ancien et signifie « mâchoire dentée ». En effet, les libellules et les demoiselles sont de vrais prédatrices. Jeunes, elles se nourrissent de vers et de larves puis, une fois adultes, chassent en volant des insectes tels que les moustiques, les papillons, mouches, etc.
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