Sea Shepherd est une organisation non gouvernementale (ONG) connue dans le monde entier pour ses opérations en faveur de la défense des océans. Elle a été créée en 1977 par le capitaine Paul Watson, un ancien de Greenpeace – il l’a même cofondé en 1969 – qui a souhaité prendre le large et mener sa barque comme il l’entendait. Ce personnage aux cheveux en bataille et à la barbe blanche est tout aussi mythique que l’organisation qu’il a créée. Encore sous le coup d’un mandat d’arrêt de la part du Japon, il pilote Sea Shepherd depuis la France où il s’est réfugié en 2015.
Les dates clés de Sea Shepherd
- 1977 : Création de l’ONG Sea Shepherd par Paul Watson. La même année, il attire l’attention du monde entier sur la chasse aux bébés phoques lors d’une opération devenue célèbre avec Brigitte Bardot ;
- 1978 : Sea Shepherd acquiert son premier navire ;
- 1980 : Le baleinier Sierra est coulé dans le port de Lisbonne. L’affaire fait la Une des journaux ;
- 1980 : L’ONG acquiert son deuxième navire ;
- 1996 : Acquisition du Sea Shepherd III ;
- 1997 : Paul Watson est arrêté en Norvège pour avoir sabordé un navire de chasse à la baleine. Il est libéré après 90 jours de prison ;
- 1999 : Le fondateur de Sea Shepherd reçoit le prix de l’environnement délivré par l’ONU ;
- 2005 : Ouverture d’un bureau permanent aux Galápagos ;
- 2006 : Création de Sea Shepherd France ;
- 2008 : Lamya Essemlali devient présidente de Sea Shepherd France ;
- 2010 : Sea Shepherd mène une opération en mer Méditerranée pour le thon rouge ;
- 2012 : Paul Watson est arrêté à Francfort au mois de mai. Il est accusé par le Costa Rica de violation du trafic maritime lors du tournage du film documentaire « Les seigneurs de la mer » sur la chasse aux requins pour leurs ailerons, en 2002. Libéré sous caution, il prend la fuite et restera en mer quinze mois avant de regagner la terre ferme. En septembre, Interpol émet une « notice rouge » à son encontre ;
- 2013 : Création de Sea Shepherd Global pour coordonner les communications et la logistique des campagnes hors Etats-Unis ;
- 2015 : Lancement de l’opération Mare Nostrum pour nettoyer les plastiques et retirer les filets « fantômes » laissés dans la Méditerranée. Acquisition de deux nouveaux navires, le Farley Mowat et le Jules Verne ;
- 2016 : Paul Watson publie son ouvrage dont le titre est devenu le slogan de l’ONG : « Urgence ! Si l’océan meurt nous mourrons ». En décembre, Sea Shepherd lance sa onzième campagne anti-chasse à la baleine dans l’Antarctique, l’opération Nemesis ;
- 2017 : lancement de l’opération Sola Stella en coopération avec le gouvernement du Liberia pour lutter contre la pêche illicite ;
- 2018 : Sea Shepherd dispose d’une flotte de douze navires ainsi que plusieurs bateaux de plus petite taille.
Ses principales actions
Des campagnes pour défendre les océans
L’ONG de Paul Watson s’est fait connaître par ses opérations directes visant à faire respecter les lois qui protègent les océans, en empêchant par exemple des braconniers de pêcher des espèces protégées. Son mot d’ordre, Sea Shepherd le tire d’une citation des Misérables de Victor Hugo : « Il vient une heure où protester ne suffit plus. Après la philosophie, il faut l’action ». Sans jamais tomber dans l’illégalité ni la violence, assure-t-elle. Paul Watson traîne tout de même une réputation assez sulfureuse, son ONG ayant mené des actions plutôt musclées et coulé une dizaine de bateaux de pêche illégaux depuis les années 1970. « Depuis 1977, nous n’avons pas causé la moindre blessure à quiconque. Nous sommes une organisation profondément non-violente », se défend-t-il toutefois dans une interview accordée à Reporterre.
En 2018, Sea Shepherd mène sept campagnes d’envergure dans le monde :
- L’opération Milagro IV : dans la mer de Cortez, les navires Sea Shepherd travaillent main dans la main avec le gouvernement mexicain pour traquer les braconniers qui pêchent illégalement le totoaba, une espèce menacée qui vaut son pesant d’or sur le marché asiatique, et tuent accidentellement les vaquitas dont il ne resterait que douze spécimens ;
- L’opération Galápagos : l’ONG veille à la conservation des aires naturelles protégées de cet archipel en apportant par exemple un soutien technique aux institutions publiques présentes sur place ;
- La lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN) : c’est bien entendu l’un des chevaux de bataille de Sea Shepherd aux quatre coins du globe. L’organisme apporte notamment son aide aux pays côtiers africains n’ayant pas ou peu de navires de patrouille alors que des braconniers pêchent dans leurs eaux, utilisent des filets illégaux ou que des navires étrangers opèrent sans licence ou sans déclarer leurs prises ;
- L’opération Jairo, pour la protection de tortues marines menacées à Antigua-et-Barbuda, dans les Caraïbes. Pour cela, Sea Shepherd travaille en partenariat avec des chercheurs du projet Antigua Sea Turtle (ASTP) et mène des études et des patrouilles sur les principaux sites de nidification des tortues ;
- L’opération Virus Hunter : le but de cette campagne est de protéger le saumon sauvage qui vit au nord-ouest de l’océan Pacifique. La principale menace qui pèse sur lui ? Les maladies et parasites transmis par le saumon d’élevage, qui partage les mêmes cours d’eau ;
- L’opération Clean Waves : avec la pêche illégale, la pollution des océans est l’un des principaux combats menés par l’ONG, qui a choisi de se concentrer sur Kiribati, un petit Etat composé de 33 îles et atolls dans l’océan Pacifique, pratiquement à mi-chemin entre l’Australie et l’Amérique ;
- L’opération Nyamba (voir « Les actions de Sea Shepherd en France » ci-dessous).
Il s’agit là des principales campagnes dirigées par l’ONG. Sea Shepherd mène en parallèle d’autres opérations un peu partout dans le monde, comme par exemple la surveillance des baleiniers en Islande, l’opération Bloody Fjords dans les îles Féroé ou encore l’opération Siracusa contre le braconnage dans la réserve marine de Plemmirio, en Italie. La liste complète est longue et jamais figée dans le temps.
Les actions de Sea Shepherd en France
L’antenne française, présidée par Lamya Essemlali, mène elle aussi des actions visant la protection de la biodiversité marine. En 2018, elle s’est concentrée sur le deuxième volet de l’opération Nyamba. Son but : défendre les tortues marines vertes de l’île de Mayotte, dans l’océan Indien. Le braconnage représente la principale menace : ces tortues qui viennent pondre sur l’île sont la cible de braconniers qui les tuent pour vendre leur chair sur le marché noir. La viande de tortue est en effet très recherchée dans certains pays. Depuis juin 2017, des bénévoles Sea Shepherd patrouillent sur les plages la nuit – moment où les tortues viennent pondre sur les plages – et protègent les sites jusqu’à la fin de la saison de la ponte, fin septembre. Chaque année, plusieurs centaines de tortues vertes seraient tuées à Mayotte.
Sea Shepherd France interpelle par ailleurs régulièrement le gouvernement sur des problématiques en lien avec la protection de la biodiversité de ses côtes. Courant 2018, l’ONG a ainsi dénoncé l’abattage de 6 500 dauphins sur la côte Atlantique, victimes accidentelles de pêcheurs. Elle s’est également portée partie civile au mois de mai dans l’affaire des phoques tués au Touquet le 6 mai 2018. Au total, Sea Shepherd France participe chaque année à environ 150 événements.
Gouvernance
Sea Shepherd est aujourd’hui scindée en différentes entités nationales – comme Sea Shepherd France par exemple – et régionales. Au total, l’ONG est présente dans une vingtaine de pays. C’est Sea Shepherd Global, basée à Amsterdam, qui pilote le tout. Il s’agit d’un organisme à but non lucratif enregistré aux Pays-Bas sous le nom « Stichting Sea Shepherd Global ». La société américaine Sea Shepherd Conservation Society, en revanche, est restée autonome à la fois fiscalement et juridiquement.
Sea Shepherd Global est dirigée par un conseil d’administration composé de cinq personnes : Alex Cornelissen, directeur général, Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, Peter Hammarstedt, directeur des campagnes, Jeff Hansen, directeur de Sea Shepherd Australie et Geert Vons, directeur de Sea Shepherd Pays-Bas.
Financement
L’ONG est principalement financée par les dons qu’elle reçoit et qui lui servent à assurer ses campagnes, à acquérir de nouveaux navires et à entretenir la flotte existante. Des personnalités ont par exemple fait d’importantes donations, comme par exemple Sam Simon, co-créateur des Simpsons qui a légué une partie de sa fortune à l’ONG, ou Bob Barker, célèbre animateur de jeux américain qui a fait un don de 5 millions de dollars en 2009. Mais la plupart des dons sont bien entendu moins élevés et réalisés soit de façon ponctuelle, soit de façon régulière. Ils représentent environ 95 % des fonds totaux récoltés par l’antenne française.
L’ONG vend également sur sa boutique en ligne différents produits arborant son célèbre logo à tête de mort. Bonnets, t-shirts, posters, livres, sacs à dos… Le choix est vaste. En 2016, la boutique a permis à Sea Shepherd France de récolter 64 849 euros, soit un peu plus de 5 % de son budget total s’élevant à 1,22 million d’euros (rapport financier 2016).
par Jennifer Matas
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