Il existe huit espèces de pangolins réparties équitablement entre l’Asie et l’Afrique. Toutes sont menacées d’extinction du fait de la médecine traditionnelle asiatique, qui alimente un marché noir international : depuis 2002, plus d’un million de pangolins auraient été braconnés. Manis javanica, plus communément appelé le pangolin de Malaisie, est aujourd’hui classé par l’UICN en danger critique d’extinction.
Description
De la base du nez jusqu’à la pointe de la queue, Manis javanica est entièrement recouvert d’écailles de 2 à 5 cm qui se chevauchent. Formées de kératine, comme les ongles humains ou la corne des rhinocéros, elles dérivent en fait de poils et rappellent les armures mythologiques des dragons dans la culture asiatique. Leur couleur va du noir ou du brun-vert au brun-jaunâtre. Sur le ventre et sous la tête, seules sections du corps dépourvues de plaques protectrices, la peau tire davantage sur le gris et est recouverte d’un duvet de poils.
Quand il se sent en danger, le pangolin se roule en boule à la manière d’un hérisson : la peau du ventre, plus fragile, est ainsi protégée par une armure d’écailles.
Le corps du pangolin de Malaisie mesure 40 à 65 cm alors que sa queue se déroule sur 35 à 55 cm. Les mâles pèsent en moyenne 7,5 kg alors que les femelles avoisinent généralement 4,5 kg ; l’espèce présente donc un dimorphisme sexuel relativement prononcé. On considère qu’un adulte peut se nourrir de 200 000 fourmis ou de termites par jour, soit 70 millions par an. Il a donc un rôle particulièrement important dans son écosystème, puisqu’il régule naturellement les populations d’insectes.
Localisation et habitat de l’espèce menacée
Contrairement à ce que son nom laisse penser, le pangolin malais n’est pas endémique de Malaisie : il peut aussi être croisé en Thaïlande, en Indonésie, dans les Philippines, au Myanmar, au Cambodge, au Laos, au Vietnam. Il est ainsi présent non seulement dans les îles mais aussi sur le continent asiatique.
Du fait de son importante répartition géographique, Manis javanica évolue dans une grande variété d’habitats. Il a colonisé des forêts primaires et secondaires, des prairies, des zones agricoles, des plantations… et même des jardins, à proximité immédiate d’installations humaines ! Bien qu’il habite des terriers qu’il creuse à l’aide de ses grandes griffes ou qu’il emprunte à d’autres occupants, son comportement est plus arboricole que, par exemple, celui du pangolin de Chine : grâce à sa queue préhensile, Manis javanica est un grimpeur agile et aime se reposer dans les arbres la journée.
Menaces
Le pangolin de Malaisie est, avec le pangolin de Chine, le plus en danger de sa famille comptant huit espèces. Sa population s’est effondrée du fait du braconnage et est désormais aussi menacée par la perte de son habitat.
Chasse et braconnage
La principale menace pesant sur le pangolin de Malaisie est la chasse et le braconnage : presque toutes les parties de son corps peuvent être vendues sur le marché asiatique.
La chair du pangolin est un mets de choix : en soupe, en ragoût ou braisé, les recettes sont nombreuses et Chinois et Vietnamiens en sont friands. Quant aux écailles, elles possèdent selon la médecine traditionnelle asiatique de grandes vertus thérapeutiques. Une fois réduites en poudre, elles peuvent être utilisées pour soigner de nombreux maux : améliorer la production de lait pour les jeunes mères chinoises, stimuler la virilité, renforcer le muscle cardiaque, soulager de l’asthme ou guérir de certains cancers ne sont que des exemples de traitements. Aucune étude scientifique n’a pu apporter du crédit à ces usages traditionnels. Du fait des mesures de protection mises en place autour des rhinocéros, le prix des écailles de pangolins a augmenté ces dernières années : un kilo d’écailles peut désormais être vendu entre 700 et 1000 euros.
Un rapport de la CITES daté de la fin des années 1990 rappelle que l’Académie des sciences de Chine a conduit plusieurs études en 1996 et que, sur cinq marchés médicinaux chinois, « les écailles de pangolins étaient parmi les articles les plus fréquemment observés » . Attention toutefois, la Chine et les pays d’Asie plus généralement ne sont pas les seuls à avoir participé à ce commerce : entre 1991 et 1996 par exemple, le Mexique et les Etats-Unis ont importé quelques 60 000 peaux de Manis javanica en provenance du Laos. Ces peaux étaient destinées à l’industrie du cuir. Entre 1950 et aujourd’hui, des centaines de milliers, probablement des millions de pangolins ont ainsi été chassés et vendus sur les marchés.
Perte d’habitat
Dans une moindre mesure, le pangolin malais est également victime de la perte de son habitat. La Malaisie et l’Indonésie sont respectivement le premier et deuxième pays producteur d’huile de palme du monde ; pour cela, des millions d’hectares de forêts ont été transformés en plantations au cours des dernières années. Si le pangolin de Malaisie est tout à fait capable de s’adapter à cet environnement, puisqu’il y a déjà souvent été observé, il est difficile d’établir les conséquences à long terme de ces modifications d’habitat.
Un point d’alerte subsiste toutefois : comme pour le chimpanzé en Afrique, le développement du réseau routier multiplie les accès à des zones de forêt autrefois préservées, ce qui facilite considérablement la tâche des braconniers. Enfin, dans certaines régions, on considère que la circulation routière est l’une des premières causes de mortalité du pangolin.
Conservation du pangolin de Malaisie
Jusqu’en 2016, Manis javanica était classé sur l’Annexe II de la CITES, ce qui signifie que les exports internationaux nécessitaient un permis mais étaient autorisés. Lors du dernier congrès de la CITES, toutes les espèces de pangolins ont été basculées sur l’Annexe I : le commerce international est désormais strictement prohibé.
Manis javanica est protégé par des lois spécifiques dans la quasi-totalité des pays composant son aire de répartition. En Chine, par exemple, les sanctions ont été durcies en 2016 et la consommation d’espèces menacées, auxquelles appartient le pangolin de Malaisie, peut désormais être punie de dix ans de prison ferme. Par ailleurs, les efforts des douaniers s’intensifient. Le 2 février dernier, la Thaïlande a annoncé avoir découvert près de 3 tonnes d’écailles à l’aéroport de Bangkok, l’équivalent de 7 500 pangolins tués. Quelques semaines plus tôt, le 26 décembre 2016, la même quantité était interceptée en Chine. L’Indonésie n’est pas en reste : en août dernier, 657 pangolins étaient retrouvés dans des congélateurs. Reste à préciser que ces saisies ne débouchent parfois sur aucune interpellation de la police.
Au Vietnam, les pangolins découverts vivants sont par ailleurs directement relâchés dans des zones protégées, sans aucun contrôle. Il est très probable que ces spécimens ne survivent pas longtemps à l’état sauvage : ils sont souvent blessés ou stressés et auraient besoin de quelques semaines de repos en centre d’adaptation. Un projet est en cours de développement dans le Cat Tien National Park afin d’améliorer cette prise en charge. Les initiatives calquées sur ce modèle sont d’autant plus importantes que les saisies se multiplient : il est capital de développer des méthodes de réhabilitation efficaces afin de relâcher les pangolins dans leur milieu naturel avec un faible taux de mortalité.
Probablement du fait de son régime alimentaire très spécialisé, le pangolin de Malaisie ne supporte pas la captivité. Sa sauvegarde doit donc impérativement passer par la mise en place de programmes de sensibilisation et par la meilleure gestion de l’espèce dans son milieu naturel, ceci afin de prévenir le braconnage. Manis javanica est aujourd’hui présent dans plusieurs zones protégées mais ces dernières ne sont que faiblement surveillées, les braconniers y évoluent presque librement.
Malgré les efforts des ONG et les restrictions établies, l’IFAW (Fonds International pour la Protection des Animaux) considère que plus d’un million de pangolins ont été victimes du trafic mondial entre 2002 et 2015.
Reproduction
On sait assez peu de choses sur la reproduction du pangolin de Malaisie. On suppose que le mâle et la femelle s’accouplent en automne, puis que la mère donne naissance à sa portée en hiver, dans son terrier. La gestation dure environ 4 mois et, généralement, la portée ne compte qu’un seul petit. Celui-ci mesure alors une quinzaine de centimètres pour 120 grammes. Les écailles ne durcissent qu’à partir du deuxième jour ; pour compenser la fragilité du nouveau-né, la mère peut s’enrouler autour de lui pour le protéger. Lorsqu’il sort du nid, à l’âge d’un mois environ, le pangolin s’accroche à la base de la queue de sa mère pour se déplacer. Il ne serait indépendant qu’autour de 3 à 4 mois, puis la maturité sexuelle serait atteinte au terme de la première année.
L’espérance de vie de l’espèce est à ce jour inconnue.
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