Présentation de ce papillon très menacé
Le bâton bleu du Sinaï est l’un des plus petits papillons du monde, si ce n’est le plus petit avec ses 14 à 18 millimètres de long. Les ailes de Pseudophilotes sinaicus sont grises et bleues sur le dessus et blanches parsemées de points noirs sur le dessous avec un liserai orange sur le bord des ailes qui le rend facilement identifiable.
Ce papillon de jour est en danger critique d’extinction.
Localisation du bâton bleu
Cet insecte est endémique du parc naturel Sainte Catherine, réserve nationale désertique, située dans le sud du mont Sinaï, en Egypte. Il ne vit que dans les hautes altitudes, à partir de 1 500 mètres. Sa zone d’occurrence est très faible, seulement 7 km2, ce qui s’explique par une répartition très fragmentée de sa plante hôte, Thymus decussatus, du thym sauvage. L’hôte est la plante où un papillon pond ses œufs et dont ses larves se nourrissent à leur naissance ; il est donc capital.
Si en 2001, la population du bâton bleu du Sinaï était estimée à environ 2 300 adultes, elle est soumise à d’énormes fluctuations. Par exemple, entre 2002 et 2003, les scientifiques ont observé que le nombre de papillons a été divisé par neuf tandis que quelques années plus tard, de 2009 à 2010, la population a été multipliée par 10. Pour autant, sur la durée, la population semble invariablement en baisse.
Les menaces qui pèsent sur l’insecte
Le Sinaï bâton bleu est une victime du réchauffement climatique. Les variations de volume de la population semblent corrélées à son environnement. En effet, la vie de ce papillon est étroitement liée à la survie de sa plante hôte, elle-même très menacée. Si la plante disparaît, l’insecte prendra le même chemin.
Les menaces de la plante et de l’insecte sont donc les mêmes. Entre 2002 et 2010, le thym sauvage a diminué de 53 %, les plants restants étant relativement en mauvaise santé. Avec la mort de ses plantes hôtes, le papillon voit son habitat se fragmenter de plus en plus.
De plus, Thymus decussatus est également récolté par les égyptiens pour ses qualités médicinales. C’est pour toutes ces raisons que la plante en inscrite depuis 1997 sur la liste rouge de l’UICN comme étant en voie de disparition.
Une autre menace pèse sur ce papillon : le réchauffement climatique qui augmente chaque année la durée de la sécheresse et qui pourrait entrainer une augmentation des températures de 2°. Cela peut sembler peu à nos yeux mais suffit en fait à bouleverser un écosystème entier et à augmenter d’un mois la sécheresse chaque année. La montée des températures entraine petit à petit la mort du thym sauvage et, par voie de fait, celle des larves des futurs papillons, qui sont très sensibles au climat.
Enfin, dernière menace mais qui semble moins vraie aujourd’hui, le surpâturage. Sous ce nom se cache l’action de faire paître trop de bétail, ou pendant trop longtemps, sur un territoire incapable de reconstituer sa végétation face à cette agression.
Mesures de sauvegarde en faveur du papillon
Le bâton bleu du Sinaï est endémique du parc national Sainte Catherine, décrété réserve naturelle en 1996. D’une superficie de 4 350 km2, la réserve occupe une large partie du Sinaï du sud, qui comporte les montagnes les plus élevées du pays, dont le mont Sainte Catherine qui culmine à 2 624 mètres. Ce territoire aride est difficile à protéger, mais la réserve dispose de ses propres rangers ; chacun d’eux veille sur la biodiversité de la région et protège les espèces qui s’y côtoient, dont le Pseudophilotes sinaicus qui est considéré comme emblématique du parc naturel.
Pour le protéger, les scientifiques ont compris qu’il fallait avant tout veiller sur sa plante hôte. Pour cela, ils traitent les menaces une à une :
- Contre le surpâturage, les bédouins ont accepté que cette zone soit interdite à leur bétail
- Contre la collecte médicinale, le Protectorat a récemment mis en place des amendes pour toute personne surprise à cueillir du thym sauvage
Afin de s’assurer que ces deux menaces ne seront plus des obstacles à la préservation de l’espèce, une clôture a été édifiée autour du site afin d’empêcher l’accès au public. - Contre la sécheresse, deux barrages ont été construits afin de retenir l’eau sur cette parcelle et ainsi alimenter les plants de thym.
Malheureusement, contre le réchauffement climatique, les solutions sont rares et surtout insuffisantes à de si petites échelles.
Enfin, en plus de toutes ces mesures, les scientifiques comme les rangers tentent de sensibiliser les Egyptiens à la préservation de ce papillon. Pour cela, ils ont créé un timbre à son effigie, des livres et des vidéos pour enfants ainsi qu’un programme de télévision diffusé sur la chaine Al-Jazheera. Il serait même question que l’insecte soit l’emblème d’une pièce de monnaie !
Reproduction de Pseudophilotes sinaicus
Le bâton bleu du Sinaï se reproduit comme tous les autres papillons : la femelle pond ses œufs sur une feuille. Elle pond des centaines d’œufs mais peu naissent. Beaucoup se font manger par les prédateurs naturels : oiseaux, fourmis, etc. Une fois nées, les chenilles font la taille d’une fourmi. Pour grandir, elles se nourrissent des feuilles sur lesquelles elles reposent et muent pour grandir. Au bout de trois semaines, elles forment un cocon en s’entourant de fil, puis la larve devient papillon !
Encore une fois, la survie de Pseudophilotes sinaicus est donc mise en péril par la disparition de sa plante hôte. Sans feuille, les chenilles ne peuvent se nourrir et atteindre leur taille adulte.
En savoir plus
Le bâton bleu du Sinaï est l’une des deux seules espèces endémiques d’Egypte ! L’autre animal est également un papillon : le Satyrium jebelia. Cet insecte vit également dans le Sinaï, mais sa plante hôte Rhamnus dispermus n’est pas aussi menacée que Thymus decussatus.
7 Réponses to “Le papillon bâton bleu du Sinaï”
24.02.2021
Gouchon ThierryVoilà malheureusement ce que le réchauffement climatique peut engendrer . Les hauts dignitaires de la planète se moquent de tout ce qui ne rapporte rien et le début de la fin ne fait que commencer . Mais gardons espoir d’un changement prometteur pour toute la biodiversité de la planète