A en croire la plupart des médias, l’ours a de nombreux opposants dans les Pyrénées. Heureusement, il a aussi des défenseurs. Parmi l’un des plus actifs, Pays de l’Ours – Adet, une association créée en 1991 pour promouvoir le retour de l’ours dans les Pyrénées centrales.
Les dates clés de Pays de l’Ours – Adet
- 1987 : on estime qu’il ne reste plus que 15 à 20 ours dans les Pyrénées. C’est le dernier endroit où vivent des ours à l’état sauvage en France ;
- 1988 : dernière fois qu’un ours a été identifié avec certitude dans les Pyrénées centrales. Les derniers représentants de souche pyrénéenne de l’ours brun se cantonnent désormais aux Pyrénées occidentales ;
- 1991 : création de l’Association pour le Développement Economique et Touristique (Adet) qui deviendra ensuite Pays de l’Ours – Adet ;
- 1995 : l’ours des Pyrénées est au bord de l’extinction avec seulement 6 représentants dans la nature ;
- 1996 : premiers lâchers d’ours bruns dans les Pyrénées centrales ;
- 2004 : Cannelle, dernière femelle de souche pyrénéenne, est tuée par un chasseur en vallée d’Aspe ;
- 2006 : 5 autres ours sont lâchés dans les Pyrénées centrales, et plus précisément sur les communes d’Arbas, Luchon et Burgalays en Haute-Garonne, et de Bagnères de Bigorre dans les Hautes-Pyrénées. Il s’agit de 4 femelles (Palouma, Franska, Hvala et Sarousse) et 1 mâle (Balou) ;
- 2009 : Pays de l’Ours – Adet s’associe à Ferus pour « Parole d’ours », un programme d’information et de communication sur l’ours dans les Pyrénées ;
- 2016 : un mâle est relâché côté espagnol ;
- 2018 : deux femelles, Sorita et Claverina, sont relâchées dans le Béarn ;
- 2019 : selon les derniers recensements, la population d’ours des Pyrénées s’élève à au moins 52 individus, dont 46 vivent principalement dans les Pyrénées centrales et 6 dans les Pyrénées occidentales ;
- 2020 : une quinzaine de femelles peuvent potentiellement avoir eu des portées, ce qui voudrait dire que 10 à 15 oursons ont pu naître dans les Pyrénées. En parallèle, la polémique enfle du côté des opposants à l’ours avec la découverte, en juin, d’un mâle tué par balle en Ariège.
Les principales actions de l’association
Pays de l’Ours – Adet a un double objectif : rétablir une population viable d’ours bruns dans les Pyrénées d’une part, et promouvoir les activités respectueuses de l’environnement dans la région d’autre part. Pour l’association, l’ours n’est donc pas une menace pour l’économie d’un territoire, comme pourrait le mettre en avant certains éleveurs opposés à l’ours, mais plutôt une chance. Un atout sur lequel s’appuient d’ailleurs déjà de nombreux acteurs du tourisme locaux.
Réintroduire des ours dans les Pyrénées
Première mission avant toute chose : réussir à ce que l’ours, qui a failli disparaître des Pyrénées dans les années 1990, se rétablisse et qu’une population viable soit restaurée. Pour cela, pas le choix : il faut réintroduire des ours. La devise de l’association : « On ne lâche rien, sauf des ours ! ».
Les ours de souche pyrénéenne étant alors au bord de l’extinction, le choix s’est porté sur les ours de Slovénie pour leurs caractéristiques proches. « Ours slovènes et ours pyrénéens appartiennent à la même espèce et à la même lignée occidentale, rappelle Pays de l’Ours – Adet. Par ailleurs, ils ont exactement le même comportement et régime alimentaire. » Quant à leur gabarit, on entend souvent dire que l’ours slovène est beaucoup plus imposant que l’ours des Pyrénées, mais ce n’est pas exact. Pour preuve, « le plus gros ours pyrénéen pesait environ 350 kg. Il s’agissait du fameux Dominique, tué par Jean Loustau en Vallée d’Ossau en 1848. Pyros, le mâle lâché dans les Pyrénées en 1997, pesait 235 kg », rappelle l’association.
Pays de l’Ours – Adet travaille en étroite collaboration avec les services de l’Etat pour réintroduire des ours dans les Pyrénées. Elle mène des études de terrain, participe aux lâchers ainsi qu’au suivi des populations via le Réseau Ours Brun (ROB), créé par l’ONCFS.
Travailler sur la cohabitation avec l’homme
L’association mène aussi des missions de sensibilisation et d’information, aussi bien auprès des médias que des collectivités ou directement du grand public. « Nous diffusons de nombreux documents, agissons sur le terrain, de manière directe, par le biais d’animations nature, de conférences ou sur les stands que nous tenons régulièrement lors de diverses manifestations », explique-t-elle.
L’un de ses principaux chevaux de bataille : la question de la cohabitation avec l’homme. Car c’est sur ce point d’achoppement que les esprits s’échauffent. En particulier en Ariège, où les actions contre la présence de l’ours dans les Pyrénées sont les plus vindicatives. Pourtant pour Pays de l’Ours, il n’y a pas à choisir entre l’homme ou l’ours mais simplement à réfléchie à des façons de faire que les deux coexistent.
« Certes, le retour de l’ours pose encore problème à une partie du monde pastoral, mais la démonstration est faite, partout en Europe où l’espèce est présente comme aujourd’hui dans les Pyrénées : la présence de l’ours est compatible avec l’élevage en zone montagne, à condition de s’adapter », explique Pays de l’Ours.
Valoriser le territoire grâce à l’ours
Convaincue que la présence de l’ours dans les Pyrénées est non seulement un atout pour le territoire mais surtout une responsabilité qui nous incombe, l’association mène diverses actions auprès des acteurs de ce territoire pour le mettre en valeur.
« L’ours est indissociable de l’identité pyrénéenne. Le laisser disparaître reviendrait à ruiner ce patrimoine et priver nos vallées de l’un de ses ambassadeurs le plus emblématique. En restaurant la population d’ours, nous entendons non seulement protéger notre environnement mais aussi renforcer et valoriser les activités humaines qui y existent », assure Pays de l’Ours – Adet.
Pour y parvenir, l’organisme entend s’inspirer des Italiens et des Espagnols qui ont réussi à valoriser le territoire des Abruzzes, du Trentin et des Asturies grâce à la présence de l’ours. « S’ils l’ont fait, pourquoi pas nous ? » s’interroge à juste titre Pays de l’Ours.
Gouvernance
Le directeur de Pays de l’Ours – Adet est Alain Reynes. Il est accompagné d’une équipe de permanents ainsi que de volontaires et stagiaires pour l’aider dans ses missions.
Les grandes orientations de l’association sont décidées lors des quatre réunions annuelles du conseil d’administration. Celui-ci se compose de quatre représentants de chaque commune adhérente et de douze représentants des associations, professionnels et particuliers adhérents à l’association, qui ont été élus en assemblée générale.
Ce sont également les administrateurs qui élisent le bureau de l’association. Il se compose d’un président, de quatre vice-présidents (un pour chaque collège d’adhérents à savoir élus, associations, professionnels et particuliers), d’un trésorier et d’un secrétaire.
Financement
Pays de l’Ours – Adet est une association loi 1901 sans but lucratif. Pour financer ses actions, l’organisme peut s’appuyer sur trois sources de financement différentes. A commencer par les dons de particuliers ou de mécènes. Ceux-ci peuvent prendre la forme de dons ponctuels ou réguliers, c’est-à-dire tous les mois. Ces dons ouvrent droit à une réduction fiscale à hauteur de 66 % du montant total. Il est également possible d’adhérer à l’association. Plusieurs formules sont possibles, allant de 5 € par an pour les étudiants et faibles revenus jusqu’à 15 € pour les associations, professionnels et familles. L’adhésion individuelle, elle, est à 12 € par an.
En complément, Pays de l’Ours – Adet a également lancé plusieurs projets pour collecter des fonds. L’organisme a par exemple créé une boutique en ligne, boutique.paysdelours.com, sur laquelle il est possible d’acheter peluches, livres, t-shirts ou encore jeux de société. Il organise aussi régulièrement des animations et des formations dont les fonds servent à financer les actions de l’association. A la belle saison, Pays de l’Ours – Adet organise ainsi plusieurs sorties « Sur les traces de l’ours ». L’objectif : partir à la recherche d’indices pour détecter la présence de l’ours dans les parages et en apprendre plus sur le mythique plantigrade grâce aux commentaires d’un accompagnateur membre du Réseau Ours Brun et guide de montagne. Trois formats sont possibles :
- balade en famille (à partir de 3 ans) : départ à Arbas pour une sortie d’environ 2h30 ;
- à la découverte de l’ours (à partir de 10 ans) : départ à Juzet d’Izaut pour une matinée – 30 € pour une personne seule puis dégressif pour les groupes ;
- sur les traces de l’ours (à partir de 12 ans) : départ à Melles pour toute une journée (réservé aux randonneurs confirmés ou sportifs réguliers) – 99 € pour une personne seule puis dégressif pour les groupes.
Des formations plus longues et plus spécialisées sont également proposées par Pays de l’Ours – Adet, avec des conférences, des sorties terrain et des stages pour des élèves du lycée à l’université par exemple.
Enfin, la dernière source de financement de l’organisme est publique. Elle prend la forme de subventions versées par la Direction Régionale de l’Environnement Aménagement et Logement (DREAL) de Midi-Pyrénées, l’Etat et l’Union Européenne.
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