Après une année 2020 marquée par la pandémie, les associations de conservation in-situ tentent de retrouver une vie normale et notamment en mettant à profit ce temps pour développer de nouveaux projets. C’est le cas de Projet Primates, qui travaille avec le Centre de Conservation pour Chimpanzés (CCC) en Guinée, et devrait bientôt s’agrandir afin d’accueillir plus d’animaux.
Projet Primates au temps du Covid 19
En Guinée, les répercussions de la pandémie mondiale ne sont pas les mêmes qu’en France. « Là-bas, il est très difficile de confiner la population », nous explique Céline Danaud, directrice de Projet Primates France, « De toute façon, le centre est très isolé en forêt ce qui lui confère une certaine sécurité, même si bien sûr les mesures sanitaires ont été renforcées. En revanche, très vite nous avons eu des problèmes d’obtention de visas pour les éco-volontaires et des pénuries de matériel. »
Effectivement, la directrice des opérations sur place se retrouve par exemple bloquée 6 mois en Belgique sans possibilité de rejoindre le centre africain. La fermeture des frontières empêche également l’envoi d’éco-volontaires. Dès le mois de juin, le CCC n’en compte plus aucun contre 6 à 8 d’habitude. Autant de charge de travail supplémentaire qui repose donc sur l’équipe locale confinée trois mois au centre par précaution. Mais le pire est surtout l’accès aux denrées « Comme il y avait moins de transports, les produits sont devenus de plus en plus chers. L’ensemble de nos budgets ont explosé. » résume la directrice française.
Une capacité d’accueil de chimpanzés déjà dépassée
Heureusement, le nombre de chimpanzés orphelins accueillis par le centre ne grossit pas en 2020 et seul un nouveau pensionnaire vient alourdir les rangs en ce début de 2021. « Heureusement » tout simplement parce que le centre est déjà au-dessus de sa capacité d’accueil. « Nous avons actuellement 62 chimpanzés pour une quarantaine de places en principe. Nous devons être en mesure d’accueillir les animaux afin que la lutte contre le trafic perdure. »
Face au problème de place, deux solutions : la réintroduction et l’agrandissement
« Contrairement à ce que pense le grand public, on ne peut pas relâcher aussi vite qu’on accueille. Les chimpanzés se développent doucement. Ils ne sont matures qu’à 14 ans, il est très difficile de les réintroduire avant. Nous avons donc une grande contrainte de temps. Surtout que chez les chimpanzés rien n’est inné, ils doivent tout apprendre », explique Céline Danaud.
Attendre la maturité sexuelle, inculquer assez de connaissances pour être autonome en forêt, travailler sur les ententes de chacun pour relâcher des groupes ensemble mais surtout…surtout trouver des territoires pour relâcher les animaux où ils ne seront pas en danger. Autant de difficultés que connaissent l’ensemble des ONG qui tentent de réintroduire des animaux prélevés en milieu sauvage. « Relâcher n’est pas toujours possible et n’est malheureusement pas toujours la meilleure option. Cela reste bénéfique bien sûr aux individus, et à l’espèce qui se voit protégée, mais il est tout aussi important de protéger les forêts et de sensibiliser les populations. »
L’agrandissement du sanctuaire, projet 2021
Pour mener à bien leurs missions, le Centre de Conservation pour Chimpanzés (CCC) souhaite donc agrandir le sanctuaire de 7 hectares supplémentaires, ce qui permettrait « d’augmenter considérablement la capacité d’accueil du centre avec deux nouveaux territoires reliés par un tunnel permettant de respecter le principe de fission-fusion que l’on retrouve dans la nature », nous explique la directrice de Projet Primates. « Plus la surface dont nous disposerons sera importante et moins il y aura de conflits au cœur de nos groupes sociaux et notamment pour les adultes. »
Le terrain appartient à l’Etat Guinéen et le CCC peut en disposer avec leur autorisation mais encore faut-il réunir l’argent pour construire les infrastructures nécessaires à la sécurité des animaux. Autant de travaux à prévoir et à financer. « Nous avons créé une campagne où les gens peuvent nous aider à financer le nouveau territoire. Elle a très bien démarré et nous avons réuni 11 000 € sur les 20 000 € mais il manque encore des fonds. »
Et pourtant, agrandir le sanctuaire pour augmenter sa capacité et soustraire des animaux à leurs braconniers, c’est leur permettre de rejoindre leurs congénères dans un espace suffisamment grand pour que leurs codes sociaux prennent toute leur place. Mais c’est aussi intégrer plus rapidement des animaux pour lesquels il n’y pas de place actuellement.
Les travaux devraient démarrer en octobre ou novembre 2021 si la problématique de transport des matériaux est résolue.
Si vous souhaitez aider le Centre de Conservation pour Chimpanzés à accueillir plus d’animaux saisis, vous pouvez faire un don via Helloasso jusqu’au 30 juin.
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