Menacé à l’état sauvage, le panda roux (Ailurus fulgens) ne compterait plus que quelques milliers d’individus vivant sur son aire de répartition, dans les forêts humides de l’Himalaya. C’est pour mieux connaître ce petit mammifère et monter des projets de conservation luttant contre sa disparition progressive que l’association Red Panda Network (RPN) a été créée en 2005 aux Etats-Unis.
Dates marquantes dans l’histoire de Red Panda Network
- 2005 : création par Brian H. Williams. A l’origine, Red Panda Network est l’un des projets de l’association Earth Island Institute, basée à San Francisco depuis sa création en 1982 ;
- 2007 : RPN se constitue en tant qu’organisme à but non lucratif ;
- 2009 : lancement de la Journée internationale du panda roux ;
- 2010 : RPN se détache d’Earth Island Institute et devient une association indépendante à part entière. Son siège s’établit à Eugene, dans l’Oregon ;
- 2011 : Brian H. Williams démissionne de son poste de directeur général ;
- 2012 : l’association mondiale des zoos et aquariums (WAZA) s’allie à Red Panda Network ;
- 2014 : Ang Phuri Sherpa devient directeur de RPN Asie ;
- 2016 : RPN publie le premier rapport sur le panda roux au Népal ;
- 2017 : lancement d’un programme de conservation au Bhoutan.
Les principales actions de l’association
Programmes de conservation
La principale mission de RPN consiste à lutter contre le déclin du petit panda à l’état sauvage. Pour y parvenir, l’association a opté pour une méthode qui lui est propre : créer des programmes de protection de l’espèce et de son habitat naturel dans lesquels les populations locales jouent un rôle de premier plan. Ces programmes cherchent en effet à intégrer au maximum les locaux, le but étant qu’au bout de cinq années sur place, ce soient eux qui prennent entièrement les rênes pour veiller sur le petit panda. L’association recrute par exemple des villageois et les forment pour devenir les gardiens des zones protégées créées. Le premier programme de ce type a été mis en place au Népal avec la construction du tout premier centre de conservation du panda roux. S’appuyant sur cette réussite, RPN souhaite bâtir des programmes similaires dans les autres pays où vit Ailurus fulgens : en Inde, en Chine et à Myanmar (ex-Birmanie). Un projet de conservation a par ailleurs été initié au Bhoutan en 2017.
Au Népal, pays où elle est pour l’instant la plus active, l’association est en train de créer la plus grande aire protégée dédiée au panda roux avec déjà 45 zones classées dans la forêt de Panchthar-Ilam-Taplejung (PIT), à l’Est du Népal, et 73 gardes forestiers locaux qui y travaillent.
RPN participe également à plusieurs actions de réhabilitation de l’habitat du petit panda tout en travaillant avec les villageois pour les aider à trouver des alternatives durables et intéressantes sur le plan économique. Par exemple depuis 2015, l’association replante des bambous dans la région de Jaubari (Népal) et installe des clôtures pour la protéger du pâturage. Elle a aussi nettoyé et restauré un petit étang qui était le seul point d’eau des environs à pouvoir abreuver les espèces durant la saison sèche (de novembre à avril). L’association travaille également sur la problématique de l’énergie. Un grand nombre de villageois utilisent en effet du bois pour se chauffer et cuisiner. Mais les installations prévues à cet effet – des poêles en pierre – sont relativement inefficaces, si bien qu’une famille consomme en moyenne 33 kg de bois de chauffage par jour ! En plus de participer à la déforestation de l’habitat du panda roux, ces poêles créent une importante quantité de fumée pouvant avoir de graves conséquences sur la santé des habitants. RPN a donc rencontré plusieurs familles et identifié leurs besoins pour concevoir un tout nouveau type de poêle en métal, moins nocif et moitié moins gourmand en bois de chauffage.
Etudes et recherches
Si le panda roux est très répandu dans les parcs animaliers, il reste une espèce que l’on connaît peu à l’état sauvage. Impossible par exemple de donner des chiffres exacts du nombre d’individus en liberté, ce qui complique la tâche pour l’association. C’est pour pallier ce manque d’informations qu’elle a mis sur pied avec le soutien du ministère de la Conservation des forêts et des sols népalais, WWF-Népal, l’Himali conservation forum et l’Agence des Etats-Unis pour le développement international (USAID) un vaste programme d’études au Népal. Au total, 47 biologistes ont travaillé pendant deux mois sur le terrain, couvrant 35 districts et recueillant plusieurs centaines d’échantillons différents. Leurs travaux ont été retranscrits dans un rapport unique en son genre, publié en 2016.
Red Panda Network supervise également le suivi des populations sauvages via un programme de monitoring géré par les gardes forestiers locaux. Ces gardes jouent par ailleurs un important rôle contre le braconnage, une activité qui menace de plus en plus le petit plantigrade.
Sensibilisation
Dans les régions où vit Ailurus fulgens, l’association participe à plusieurs actions de sensibilisation, notamment auprès des plus jeunes. Elle a par exemple rédigé « le manuel de conservation du panda roux » dans lequel figurent de nombreuses informations sur l’espèce, sa protection dans la nature mais aussi sur le réchauffement climatique et la biodiversité environnante. Ce manuel est actuellement distribué dans plusieurs écoles népalaises.
RPN a par ailleurs noué de nombreux liens avec des zoos du monde entier qui se sont faits les porte-paroles de l’association auprès de leurs visiteurs. Dans le cadre du programme d’élevage européen (EEP) du panda roux, plusieurs zoos d’Europe parrainent même des gardes forestiers népalais. En France, l’organisme Connaître et Protéger le Panda Roux (CPPR) est aussi un important relais entre la voix de RPN et le grand public. Enfin, l’association américaine a créé la Journée internationale du panda roux qui a lieu chaque année au mois de septembre.
Gouvernance
Red Panda Network est une organisation indépendante à but non lucratif. Son siège se situe toujours aux Etats-Unis, à Eugene, deuxième plus grande ville de l’Oregon, mais afin de piloter ses opérations sur le terrain, l’association dispose d’une équipe basée toute l’année au Népal. Celle-ci est encadrée depuis 2014 par Ang Phuri Sherpa qui a travaillé pour WWF Népal pendant une douzaine d’années, dont quatre passées à la gestion de la zone protégée de Kanchenjunga (du nom du sommet himalayen, troisième plus haut du monde après l’Everest et le K2).
En 2018, l’association est dirigée par un conseil d’administration composé de neuf personnes : Nicki Boyd, Axel Gebauer, Angela Glatston, Kristin Leus, Heather Merriam, Jerry Roe, Norman Schwab (trésorier), Brian Williams et Kimberly Rishe.
Financement de l’association Red Panda Network
Red Panda Network finance ses différentes actions en grande majorité grâce aux dons et subventions qui représentent 82 % de ses fonds totaux (chiffres 2015). Il existe plusieurs façons de contribuer financièrement à l’association :
- le parrainage de panda roux : à partir de 50 dollars par an ou 5 dollars par mois, il est en effet possible « d’adopter » symboliquement l’un des petits pandas vivant dans les forêts de l’Est du Népal. Six d’entre eux cherchent actuellement de nouveaux parrains ;
- le don ou legs directement à l’association ;
- le sponsoring d’un garde forestier : les montants démarrent à 50 dollars et permettent non seulement d’aider à la protection du panda roux mais aussi au bien-être de la famille du ranger ;
- l’achat via la boutique en ligne de RPN.
Le reste des fonds (18 %) provient des différents services proposés par l’association, dont l’écotourisme. RPN a en effet créé trois types de séjours – Red panda Ecotrips, Eco Zoo Trips et Himalayan Phototrips – pour tenter d’observer le panda roux dans son milieu naturel.
par Jennifer Matas
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