Le rhinocéros blanc est actuellement la seule espèce de rhinocéros qui n’est pas officiellement classée comme menacée sur la liste rouge de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. Elle est considérée comme « presque menacée » (NT) depuis 2002 mais pourrait très vite changer de statut avec les récents bouleversements qu’a connus la sous-espèce du nord.
Description du rhinocéros blanc
Niveau de menace
Il existe en effet deux sous-espèces de Ceratotherium simum, aux situations diamétralement différentes :
- Ceratotherium simum cottoni, le rhinocéros blanc du nord est en danger critique d’extinction. Il n’existe plus aujourd’hui que deux femelles de cette sous-espèce, le dernier mâle – Sudan – étant décédé en mars 2018.
- Ceratotherium simum simum, le rhinocéros blanc du sud est « presque menacé » et encore relativement répandu, même s’il est de plus en plus privilégié par les braconniers.
Apparence physique
Non, le rhinocéros blanc n’est pas…blanc (white en anglais) mais gris ! Les Hollandais, qui avaient colonisé l’Afrique du Sud disaient pour désigner l’animal « wijde » qui signifie en fait « large » en néerlandais. « Wijde » est devenu « wit » en afrikaans, la langue dérivée du hollandais parlée en Afrique à cette période, puis « white » quand les Britanniques sont arrivés à leur tour dans le pays. Voilà comment de large, le rhinocéros est devenu blanc !
Au-delà de cette anecdote, le rhinocéros blanc est la plus grande des deux espèces de rhinocéros africains. Il peut mesurer jusqu’à près de 2 mètres au garrot pour un poids allant de 1 500 kg à 2 000 kg tandis que le rhinocéros noir fait entre 140 et 180 cm au garrot pour un poids de 1 400 kg maximum.
Le rhinocéros blanc a pour particularité d’avoir une tête plus grosse que celle des autres espèces de rhinocéros et une bosse au niveau du cou. La raison est fort simple, Ceratotherium simum se nourrit au sol, il broute la tête baissée. Cela explique qu’il soit également connu sous le nom de rhinocéros à lèvres carrées. Son compatriote Diceros bicornis – le rhinocéros noir – dispose lui d’une lèvre supérieure préhensile qui lui permet d’attraper les feuilles des ordres dont il se nourrit principalement. En revanche, comme lui, il présente deux cornes composées de kératine et appelées corne nasale et corne frontale.
Localisation de Ceratotherium simum
Selon les derniers recensements, la population de Ceratotherium simum s’élèverait entre 19 500 à 21 100 individus. Les rhinocéros blancs sont sédentaires et territoriaux, ils aiment les habitats de type savane et vont se rafraîchir en faisant des bains de boue, un écran qui les protège également des insectes.
Dans le temps, le rhinocéros blanc du Nord vivait en Ouganda, au Tchad, au Soudan, en République centrafricaine et en République démocratique du Congo. Aujourd’hui, les deux derniers spécimens ont été transférés du zoo de Dvur Kralove, en République-Tchèque, jusqu’à une réserve sous haute surveillance située au Kenya.
En ce qui concerne la sous-espèce du sud – Ceratotherium simum simum – la majorité vit en Afrique du Sud mais des plus petites populations se trouvent également en Namibie, au Zimbabwe et au Kenya. Cette sous-espèce a été réintroduite au Botswana, au Mozambique et au Swaziland, où elle vivait autrefois mais aussi en Ouganda et en Zambie qui sont deux pays en dehors de son aire de répartition historique.
Menaces
Si aujourd’hui l’urgence est Ceratotherium simum cottoni – le rhinocéros blanc du nord – considéré comme éteint à l’état sauvage, il n’en a pas toujours été ainsi. Au début du XXème siècle, c’est la sous-espèce du sud qui était en bien mauvaise posture. Il restait alors moins de 100 Ceratotherium simum simum ! Aujourd’hui, ils sont environ 20 000 mais le rhinocéros noir et le rhinocéros blanc du nord étant de plus en plus rares, les menaces se retournent toutes contre cette sous-espèce.
Les causes de la disparition du rhinocéros blanc du nord
Aujourd’hui presque éteint, Ceratotherium simum cottoni a disparu à cause du braconnage bien-sûr mais également d’une succession de guerres civiles durant le XXème siècle au Soudan et en République démocratique du Congo, les deux principaux pays de son aire de répartition. Ces deux Etats sont longtemps restés inaccessibles aux scientifiques pour des raisons de sécurité mais quand enfin les spécialistes du rhinocéros ont pu se rendre sur place, il était trop tard. Seuls quelques membres de cette sous-espèce vivaient toujours, mais en captivité dans des parcs animaliers. Les animaux ont donc été rapatriés au Kenya pour tenter de les reproduire. Malheureusement, plusieurs étaient malades ou âgés et le dernier mâle s’est éteint en 2018. La sous-espèce est donc aujourd’hui « fonctionnellement éteinte » malgré l’existence de deux femelles.
Braconnage
D’après le rapport de l’International Rhino Foundation intitulé « 2018 state of the rhino », en 2018 et pour la 5ème année consécutive, trois rhinocéros africains sont braconnés chaque jour. Les cornes sont destinées au marché asiatique où, réduites en poudre, elles sont incorporées dans la pharmacopée traditionnelle mais également au marché du Moyen-Orient où elles sont sculptées et destinées à une utilisation ornementale.
En Afrique du Sud, où vivent la majorité des rhinocéros blancs et des rhinocéros noirs, 1 028 animaux ont été braconnés en 2017. C’est 26 rhinocéros de moins qu’en 2016 d’après les chiffres officiels délivrés par le ministère de l’Environnement sud-africain. En 2017, la vente de cornes de rhinocéros prélevées sur des animaux anesthésiés issus de fermes d’élevage a été réautorisée dans le pays – par la justice et contre l’avis du gouvernement – à condition qu’elles ne quittent pas le territoire. Le principe ? Rendre moins rare la corne de rhinocéros pour faire chuter son prix afin que les braconniers se désintéressent du précieux matériau.
La chasse sportive
Si le rhinocéros blanc est bien classé en annexe I de la CITES, il existe deux exceptions à cette protection internationale : les populations se trouvant en Afrique du Sud et au Swaziland sont classées en annexe II et peuvent être légalement chassées dans le cadre d’une chasse sportive appelée également chasse aux trophées. Alors que d’habitude des quotas sont fixés par la Convention de Washington pour encadrer ces chasses, dans le cadre de Ceratotherium simum aucune limite n’a été imposée ces dernières années. Ce phénomène entraîne le développement de ranchs privés où les rhinocéros sont élevés pour ensuite être chassés. Si le principe peut choquer, il faut avoir en tête que nous faisons la même chose en France avec les faisans ou les cailles libérés dans la nature à l’ouverture de la période de chasse.
Efforts de conservation pour les rhinocéros
Comme nous l’avons précédemment dit, les efforts de sauvegarde engendrés pour le rhinocéros blanc ont déjà prouvé leur efficacité puisque la sous-espèce du sud a été sauvée de l’extinction une première fois au cours du XXème siècle. Seulement à présent, la conservation de cette sous-espèce n’est plus la priorité, puisque le rhinocéros noir est quatre fois moins nombreux donc plus susceptible de disparaître à moyen terme ! Aujourd’hui, Diceros bicornis est d’ailleurs classé en danger critique d’extinction par l’UICN, tandis que Ceratotherium simum n’est même pas considéré officiellement comme une espèce menacée. Aussi, les efforts de protection dédiés à cette espèce en particulier sont moins importants que ceux déployés pour les quatre autres rhinocéros.
Toutefois, les nombreuses associations spécialisées dans la protection de ces mammifères comme Save the rhino, International rhino foundation, Rhinos sans frontières ou encore Rhino 911 luttent contre les menaces qui pèsent sur l’ensemble des espèces. Preuve en est le slogan de la Journée mondiale du rhinocéros 2018 : « Keep the Five Alive » littéralement « Gardez les Cinq en vie ».
Ces ONG luttent principalement contre le braconnage et la demande constante de cornes au Vietnam et en Chine. Le gouvernement du premier – notamment soutenu par WWF – a promulgué plusieurs décrets visant à réduire la demande illégale de cornes mais aucune législation punissant la consommation d’espèces sauvages n’a été mise en place. Dans ce contexte, les associations tentent de sensibiliser au maximum les jeunes générations et misent sur le marketing et les réseaux sociaux pour faire évoluer les mentalités. D’après une étude de 2013 menée par TRAFFIC, la population âgée de plus de 40 ans et les jeunes mères sont les principaux acheteurs de poudre de cornes.
Reproduction
Les rhinocéros blancs ont eu durée de vie d’environ 50 ans. Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à partir de 6 ans tandis que pour les mâles cela ne se produit que vers 10 ans. Traditionnellement solitaires, le rhinocéros blanc mâle ne s’approche d’une femelle que s’il sent dans son urine qu’elle est en chaleur. Il va alors poser sa bouche sur la croupe de la femelle et tenter de la monter pour la féconder. Si elle reste immobile et qu’elle lève sa queue, c’est qu’elle accepte l’accouplement qui durera alors de 20 minutes à une heure.
En cas de gestation, celle-ci dure entre 16 mois et 18 mois. A la naissance, le petit rhinocéros pèse environ 50 kg et doit réussir à tenir sur ses pattes assez vite pour têter. Car si le rhinocéros adulte n’a aucun prédateur naturel autre que l’Homme, il n’en est pas de même pour les petits. Toutefois, les attaques sont assez rares car la mère rhinocéros est très protectrice et charge toute menace potentielle. Le petit va s’alimenter uniquement du lait de sa mère durant deux mois puis commencera à brouter. Si le sevrage total n’a lieu qu’à l’âge d’un an, le petit restera avec sa mère environ trois ans avant de la quitter. C’est pourquoi les femelles rhinocéros ne font des petits que tous les 3 à 4 ans environ.
1 réponse to “Le rhinocéros blanc”
02.03.2021
Alyssia YVONIci vous nous dites que la maturité sexuelle ne se fait que vers 6 et 10 ans selon le sexe de l’animal. Sauf que sur deux autres sites, la maturité sexuelle était indiquée à 2 et 4 ans selon le sexe.