Les cinq espèces de rhinocéros qui vivent entre l’Asie et l’Afrique sont toutes menacées ou quasi-menacées. Certaines sont même au bord de l’extinction. En Afrique où vivent les rhinocéros blancs et rhinocéros noirs, trois d’entre eux sont tués chaque jour pour leur corne. Leurs cousins asiatiques ne sont pas mieux lotis avec deux des trois espèces qui vivent sur ce continent – le rhinocéros de Java et le rhinocéros de Sumatra – qui comptent désormais moins de 80 individus à l’état sauvage. Le dernier, le rhinocéros indien, a quant à lui frôlé l’extinction. C’est pour lutter contre cet inquiétant déclin de tous les rhinocéros que l’ONG Save the Rhino a été créée.
Les dates clés de Save the Rhino
- Années 1970 : le braconnage se développe de façon exponentielle en Afrique. Les rhinocéros noirs sont particulièrement touchés.
- Début des années 1990 : deux britanniques passionnés de rhinocéros, Dave Stirling et Johnny Roberts, décident de se rendre en Afrique pour récolter des fonds et rencontrer des défenseurs des rhinocéros à l’œuvre sur le terrain. De retour au Royaume-Uni, ils poursuivent leur action.
- 1992 : la société Sir Peter Hall fait don de ses costumes de rhinocéros – utilisés dans la comédie musicale Born Again – à l’œuvre caritative. Cette année-là, les costumes font leurs premiers pas lors du marathon de Londres et servent à collecter des fonds. Depuis, c’est devenu une tradition et une quinzaine de volontaires courent le marathon de Londres déguisés en rhinocéros chaque année’. Les costumes ont également été portés dans d’autres marathons, à Paris, Boston ou encore New York.
- 1993 : il ne reste plus que 2 475 rhinocéros noirs dans la nature.
- 1994 : depuis deux ans, Dave et Johnny récoltent des fonds en courant des marathons déguisés en rhinocéros et en organisant des ventes aux enchères et même des soirées. Ils poursuivent ainsi leur combat initié en Afrique quelques années plus tôt. L’ONG Save the Rhino est officiellement créée le 28 février 1994.
- 2001 : Save the Rhino prend une toute autre dimension et devient un organisme de référence capable de collecter plus de 2 millions d’euros par an pour soutenir des programmes de conservation des rhinocéros en Afrique et en Asie.
- 2002 : un costume adapté au désert est inventé, ce qui permet à des membres émérites de Save the Rhino comme son fondateur Dave Stirling et sa directrice Cathy Dean de le revêtir pour participer à des courses dans le Sahara ou le désert d’Atacama, en Amérique du Sud.
- 2005 : Save the Rhino s’associe à l’Association Européenne des Aquariums et Zoos (EAZA) pour mener une campagne conjointe visant à récolter des fonds. 660 000 € sont collectés, soit beaucoup plus que l’objectif fixé à 350 000 €.
- 2006 : l’ONG est conviée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à assister à la rencontre des spécialistes du rhinocéros africain. L’occasion de faire connaissance avec les responsables de nombreux projets de conservation.
- 2011 : la directrice de Save the Rhino, Cathy Dean, est nommée membre permanent du groupe UICN des spécialistes du rhinocéros africain.
- 2015 : lancement d’une campagne pour financer la Rhino Dog Squad, une brigade cynophile pour lutter contre le braconnage.
- 2017 : l’ONG collecte 1,9 million d’euros et soutient 25 programmes de sauvegarde dans 12 pays.
Les principales actions de l’ONG
Save the Rhino soutient les programmes de lutte contre la disparition des cinq espèces de rhinocéros en Afrique et en Asie. Le but : empêcher l’extinction de ces animaux et aider au renouvellement des populations sauvages. Aujourd’hui, l’ONG lève des fonds pour financer 25 programmes répartis dans 12 pays.
Protéger et sauver les rhinocéros
L’un des pires fléaux qui menace les rhinocéros dans le monde, c’est le braconnage. Ces pachydermes sont en effet tués pour leur corne qui s’échange à prix d’or sur le marché noir. Cet engouement massif pour leurs cornes a conduit à la disparition accélérée des rhinocéros, principalement sur le continent africain mais aussi en Asie. C’est pourquoi Save the Rhino finance des patrouilles composées de rangers entraînés pour protéger les rhinocéros et stopper l’activité des braconniers. L’ONG soutient en effet – et c’est là son principal poste de dépenses (80 %) – ces programmes « pour s’assurer que les rangers ont à leur disposition tous les outils et la motivation nécessaires à la protection des rhinocéros », déclare Cathy Dean, directrice de Save the Rhino. Ce sont notamment les équipements des rangers, leur formation, leurs salaires, le monitoring des rhinocéros, etc. Les espèces visées en priorité par ces mesures sont les trois les plus menacées d’extinction à savoir le rhinocéros noir, le rhinocéros de Java et le rhinocéros de Sumatra. L’objectif étant qu’ils quittent la catégorie « en danger critique » de l’UICN au plus vite. Save the Rhino finance par exemple les projets Borana Conservancy (démarré en 2013) et Lewa Wildlife Conservancy au Kenya pour la protection des rhinocéros noirs et blancs dans le pays, ou encore le projet North Luangwa Conservation en Zambie.
Fédérer les acteurs de la conservation des rhinocéros
Par son action de soutien à différents programmes, Save the Rhino est un interlocuteur privilégié dans le monde de la sauvegarde des rhinocéros. L’ONG est en effet en contact avec tous ceux qui œuvrent à leur protection et peut ainsi faciliter les échanges d’informations et de techniques pour que tous progressent dans le même sens. « Nous faisons circuler l’information et aidons les experts à agir ensemble pour que les personnes qui travaillent en première ligne à la conservation des rhinocéros aient tout ce qu’il faut. Nous nous assurons également que l’argent collecté soit utilisé à bon escient, dans les projets qui en ont le plus besoin, afin d’avoir le plus grand impact positif possible sur les rhinocéros », assure l’ONG.
Impliquer les communautés locales
Autre cheval de bataille de Save the Rhino : réussir à impliquer les communautés locales dans la sauvegarde des rhinocéros. Raison pour laquelle l’ONG finance des programmes dédiés à cette cause, persuadée que ce sont les personnes qui vivent à côté de ces animaux sauvages qui peuvent jouer le plus grand rôle dans leur protection. Elle soutient par exemple depuis 2006 le projet Lolesha Luangwa en Zambie qui a mis en place des programmes d’éducation à l’importance des espèces emblématiques comme le rhinocéros auprès des enfants.
Lutter contre le marché illégal
Comme évoqué précédemment, l’ONG Save the Rhino prend très à cœur la lutte contre le braconnage et le trafic autour de la corne de rhinocéros. Elle intervient donc non seulement sur le terrain pour protéger les pachydermes mais aussi dans les pays d’où provient la demande de cornes de rhinocéros. « Au Vietnam, l’un des principaux marchés de la corne de rhinocéros, nous utilisons un marketing social de pointe pour convaincre les consommateurs de ne pas acheter de corne », explique-t-elle. Soutien au programme Education For Nature Vietnam, campagne #SavetheRhinoVietnam et communication dans les médias nationaux font partie des axes prioritaires. Save the Rhino apporte aussi son soutien à TRAFFIC-Vietnam.
Gouvernance
Save the Rhino est basé à Londres. Son équipe se compose de 9 personnes et d’une stagiaire :
- Cathy Dean, présidente
- Susie Offord-Woolley, directrice générale
- Laura Hoy, directrice adjointe
- Michaela Butorova, responsable partenariats
- Adam Shaffer, chargée collecte de fonds
- Jack Bedford, chargée collecte de fonds
- Emma Pereira, chargée de communication
- David Hill, responsable événements
- Camilla Massara, directrice des finances
- Allie Mills, stagiaire « Michael Hearn »
Le président d’honneur est le cofondateur de Save the Rhino : Dave Stirling. Un conseil d’administration formé de 8 personnes complète le tableau. Ses membres sont : Alistair Weaver, Emma Lear, George Stephenson, Henry Chaplin, Jim Hearn, Megan Greenwood, Sam Weinberg et Tim Holmes.
Financement
Sur l’année 2016-2017 (exercice clos au 31 mars), Save the Rhino a récolté un peu plus d’1,7 million de livres sterling, soit environ 1,9 million d’euros. La majorité provient de dons et de legs, et le reste d’actions caritatives et de la boutique en ligne. Voici la répartition du budget de financement de Save the Rhino en 2017 :
- Dons et legs : 949 687 £
- Œuvres caritatives : 753 955 £
- Ventes de la boutique : 14 876 £
- Investissements : 143 £
L’ONG a utilisé cet argent pour financer 25 programmes dans le monde. La majorité a été allouée à des programmes de sauvegarde du rhinocéros noir (47,3 %), noir et blanc confondus (39,9 %), de Sumatra (3,8 %) et de Java (1,4 %).
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par Jennifer Matas
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