Que deviennent les animaux sauvages lorsqu’ils sont saisis par les autorités et retirés du trafic, quand des cirques n’en veulent plus ou que des propriétaires qui les détenaient illégalement ne peuvent plus s’en occuper ? Jusqu’à récemment, cette épineuse question posait de véritables problèmes en France et souvent, l’euthanasie restait le seul recours. Raison pour laquelle est née l’association Tonga Terre d’Accueil.
Les dates clés de l’association Tonga Terre d’Accueil
- 9 juin 2007 : un hippopotame de 11 ans prénommé Tonga est saisi par les autorités françaises suite à une plainte de la Fondation assistance aux animaux. Depuis sept ans, le pachyderme faisait partie d’un cirque itinérant qui ne détenait pas de certificat de capacité et était donc hors-la-loi. Tout de suite, l’Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, parc animalier dans le Rhône-Alpes, est appelé à la rescousse. Son fondateur, Pierre Thivillon, accepte de l’accueillir dans l’enceinte de son établissement ;
- 28 et 29 août 2007 : la Fondation Brigitte Bardot (FBB) réunit les fonds nécessaires pour que Tonga soit envoyé dans une réserve en Afrique du Sud. Après avoir rempli les démarches administratives nécessaires, l’animal part pour Sanwild, un parc protégé de plus de 5 000 hectares ;
- fin 2007 : Pierre Thivillon crée l’association Tonga Terre d’Accueil, avec le soutien financier de FBB. Il décide de donner le nom de l’animal qui a été à l’origine de cette initiative afin de lui rendre hommage ;
- 2009 : deux bâtiments dédiés à l’association sont construits : un pour les fauves et un autre pour les primates. Jusqu’à présent, une seule structure existait pour les singes et lorsque la place manquait, c’était le parc zoologique qui s’occupait d’accueillir les animaux placés, pour la plupart des singes magots ;
- 2011 : un nouveau bâtiment sort de terre. Il dispose d’une capacité de dix enclos intérieurs et cinq extérieurs ;
- 2013 : un quatrième établissement est construit. Celui-ci comprend des enclos extérieurs plus vastes, de 150 et 450 m², dans lesquels vivent aujourd’hui de grands félins comme par exemple des lions castrés par un cirque (voir photo plus bas) ou un tigre en fin de vie ;
- 2017 : Tonga Terre d’Accueil recueille trois jeunes tigres de Sibérie sauvés in extremis d’un trafic illégal, en collaboration avec l’association libanaise Animal Lebanon ;
- 2018 : sans cesse à la recherche de places supplémentaires, l’association a lancé les travaux d’un cinquième bâtiment pour accueillir encore plus d’animaux dans le besoin.
Ses principales actions
Récupérer des animaux sauvages
La toute première mission de Tonga Terre d’Accueil est de recueillir les animaux saisis. Il peut tout aussi bien s’agir de retraits à leurs propriétaires pour mauvais traitements ou détention illégale d’un animal sauvage. Il peut arriver aussi que l’association prenne en charge des individus issus d’un trafic illégal et dont le commerce international est interdit par la convention de Washington. « Lorsqu’on est responsable d’un parc animalier, il n’est pas rare d’être contacté par les autorités qui cherchent à placer des animaux, raconte Pierre Thivillon, fondateur de Tonga Terre d’Accueil. Or, c’est très compliqué, notamment lorsqu’il s’agit de singes ou de fauves, d’intégrer de nouveaux pensionnaires au pied levé. Pour cela, il fallait plutôt créer une association disposant des infrastructures nécessaires pour accueillir en urgence ces individus. » Le temps de réunir les fonds nécessaires, Tonga a bâti au fil des ans des établissements supplémentaires pouvant accueillir un maximum d’animaux. Début 2018, l’association dispose de quatre bâtiments et un cinquième est en route. En dix ans, 35 lions et tigres et plus de 200 singes ont été recueillis. « Il nous est également arrivé d’héberger des cochons du Vietnam, des émeus, des kangourous, des perroquets, des serpents, etc. », ajoute Pierre Thivillon.
Prodiguer les soins nécessaires
Lorsque les animaux arrivent à Saint-Martin-la-Plaine, ils sont très souvent en mauvais état car ils ont souffert aussi bien physiquement que psychologiquement. Tonga s’engage à les accueillir dans les meilleures conditions possibles et à leur apporter les soins dont ils ont besoin pour se rétablir. Un soigneur à temps plein s’occupe d’eux et collabore avec le vétérinaire du parc animalier de l’Espace zoologique. Une fois les animaux en meilleure santé, l’association passe à l’étape suivante : la sociabilisation. « Nous sociabilisons les singes et les fauves que nous recueillons en vue de leur placement futur, explique le directeur de Tonga. Concernant les animaux qui ne pourront être replacés ou intégrés, nous nous engageons à leur garantir un cadre de vie décent et à nous occuper d’eux jusqu’à leur mort naturelle. »
Leur trouver un nouveau foyer
Le travail à fournir est colossal et doit se faire sur une durée plus ou moins courte. Car dans l’idéal, les animaux de Tonga Terre d’Accueil ne sont placés là qu’à titre provisoire. Il ne peut s’agir en effet que d’une solution d’urgence. En quelques semaines ou mois, les membres de l’association doivent leur trouver un nouveau foyer. Une réintroduction en milieu naturel, dans des réserves protégées comme cela a été le cas pour l’hippopotame Tonga, est bien entendue la solution la plus souhaitée, mais elle est souvent difficile à mettre en œuvre. Notamment parce que les animaux concernés ont vécu toute leur vie en captivité, au contact de l’homme, et n’ont pas intégré les codes sociaux et les comportements naturels nécessaires à leur survie à l’état sauvage. Autre solution possible : les envoyer dans des parcs animaliers. Mais encore faut-il que ces derniers aient les places disponibles et soient d’accord pour collaborer avec l’association. « Depuis 2017, nous avons de la chance car les parcs zoologiques français sont de plus en plus nombreux à répondre favorablement à nos demandes », se réjouit Pierre Thivillon. Un jeune tigre recueilli récemment alors qu’il était utilisé pour amuser des passants dans les rues de Paris a par exemple séjourné dans l’association avant de trouver une place dans le parc de l’Auxois, en Côte-d’Or. Un groupe de singes de laboratoires vient quant à lui de rejoindre un autre parc animalier, le zoo de la Barben dans les Bouches-du-Rhône. Et les exemples sont légion.
Gouvernance
Tonga Terre d’Accueil est une association Loi 1901 déclarée. Elle est gérée par un fonds de dotation créé spécialement par Pierre Thivillon et son épouse Eliane. Cette structure s’appelle « Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine » et gère également les activités du parc animalier. Conformément à la loi, ce fonds a l’obligation d’intégrer dans ses résultats un « compte d’emploi annuel » des dons collectés auprès du public qui précise notamment l’affectation de ces sommes par type de dépenses et qui mentionne les informations relatives à son élaboration. N’ayant pas de descendants directs, le couple a choisi cette solution pour assurer l’avenir de leur site et de leur association. L’idée étant qu’à terme, les salariés de l’Espace zoologique reprennent en main les deux entités dont Pierre Thivillon est l’actuel directeur.
Le financement de Tonga Terre d’Accueil
L’association est financée par des donations qui peuvent prendre différentes formes. Les donateurs peuvent par exemple décider de devenir adhérents et s’acquittent pour cela d’une cotisation. Deux possibilités : soit devenir « membre » et verser entre 25 et 49,99 euros par an, soit devenir « bienfaiteur » pour toute somme supérieure à 50 euros. Pour adhérer à Tonga, il suffit de remplir un formulaire d’adhésion et de le retourner par courrier à l’adresse de l’Espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine. Une fois par an, les adhérents sont conviés à l’assemblée générale de l’association au cours de laquelle est organisée une visite des locaux.
Il est également possible d’effectuer des dons ponctuels dont les montants varient selon les capacités et les envies de chacun. Le don en ligne n’existant pas encore, l’association collecte ces sommes d’argent par chèques envoyés au siège. « Il peut nous arriver de recevoir également des legs de personnes », ajoute le fondateur.
Tonga Terre d’Accueil est également soutenue par plusieurs associations, comme la Fondation Brigitte Bardot comme évoqué plus haut, ou encore 30 Millions d’Amis, la SPA et la Fondation assistance aux animaux.
par Jennifer Matas
1 réponse to “Tonga Terre d’Accueil”
24.05.2018
GendronCela fait chaud au coeur de lire combien de gens aiment et aident les animaux en détresse ! Un grand bravo et un grand MERCI à eux !