Présentation
La tortue à cou de serpent ou « Chelodina mccordi » de son nom scientifique est une tortue aquatique d’eau douce. Appartenant à la famille des Chelidae, elle est aujourd’hui en danger critique d’extinction. Sa première description a été effectuée en 1994.
Chelodina mccordi est une tortue dont l’activité est entièrement nocturne, cependant il arrive d’en apercevoir de jour hors de l’eau au moment de la saison des pluies qui intervient en novembre. Elle est carnivore et se nourrit de poissons, de petits amphibiens, mammifères ainsi que de mollusques de façon plus rare. Elle chasse à l’affût en propulsant sa tête vers l’avant. Elle happe sa proie via une profonde inspiration et expire l’eau. Chelodina mccordi bénéficie d’un cou particulièrement long proportionnellement à sa taille, d’où son nom.
Localisation
L’aire de répartition de la tortue à cou de serpent est extrêmement restreinte. On la retrouve à l’état sauvage uniquement sur deux îles en Indonésie :
- Sur l’île de Rote ou île de Roti : deux populations distinctes ont été identifiées. Elles évolueraient sur un peu plus de 70 km².
- Dans la partie orientale de l’île de Timor : cette île voisine de l’île de Rote abrite une autre population, plus petite, de tortue à cou de serpent répartie sur une quinzaine de kilomètres carrés.
Vous aurez le plus de chance de rencontrer la tortue à cou de serpent dans les rivières, les lacs peu profonds et les zones humides créées par l’homme telles que les rizières plutôt que dans les mangroves ou les eaux saumâtres où elle se fait plus rare, voire est introuvable.
Menaces
La principale menace qui pèse sur la tortue à cou de serpent est l’homme. Les prélèvements répétitifs sur les populations sauvages ont engendré un gros déclin du nombre d’individus. A tel point, que l’espèce qui avait jusqu’alors le statut « vulnérable » est passée en 2000 dans la catégorie « en danger critique d’extinction » et a rejoint la triste liste des 25 tortues les plus menacées sur la planète.
Aucun comptage récent n’a été effectué mais dans les annexes de la CITES datant de mars 2013, il est noté que les populations sauvages sont très faibles, en déclin, et que des prélèvements ont toujours lieu. En effet, la tortue à cou de serpent est très prisée comme animal de compagnie pour son physique particulier qui en fait un compagnon atypique…
Il existe d’autres menaces, moins importantes pour le moment, qui pèsent sur la tortue à cou de serpent. Son habitat est menacé par l’expansion agricole et les mauvaises pratiques de l’homme :
- L’application de la technique sur brûlis pour augmenter la rentabilité des terres au détriment de l’écosystème
- L’utilisation de plus en plus systématique de produits chimiques et de pesticides
- La disparition des zones humides au profit de plantations ou de rizières
Et bien que des tortues aient été observées dans les rizières, elles ont besoin de la biodiversité des zones humides naturelles pour prospérer.
Enfin, sur l’île de Roti, la prédation des porcs est une réelle menace alors que sur l’île du Timor c’est la consommation des habitants locaux qui constituerait une cause de disparition supplémentaire.
Efforts de conservation
Décrite tardivement comme espace à part entière, Chelodina mccordi, fut longtemps confondue avec sa cousine « Chelodina novaeguineae ». Lorsque la distinction fut faite en 1994, elle engendra un grand intérêt des collectionneurs européens et américains son prix sur le marché atteignant jusqu’à 2000 $. Depuis 2004 cependant, elle est inscrite en annexe II de la CITES, ce qui interdit la commercialisation de l’espèce au niveau international. Malheureusement, en Indonésie, elle est encore victime d’un flou juridique. En effet, la loi indonésienne protège la « Chelodina novaeguineae » au niveau national, mais pas la tortue à cou de serpent. Ainsi la gestion de l’espèce tombe sous le cou du service des pêches local qui fixe les quotas sans avoir le recul ou les compétences nécessaires pour le faire.
Bien que certaines forêts de l’île de Roti bénéficient de protection réduisant le risque d’abattage des arbres, il ne s’agit pas de zones où l’on retrouve suffisamment de tortues à cou de serpent. Il n’existe donc aucune zone où son habitat est protégé pour le moment.
Plusieurs solutions de sauvegarde sont envisagées pour l’espèce. Il est notamment question de créer une zone de reproduction en semi-liberté mais aucun résultat durable ne pourra être espéré si les prises pour alimenter le commerce des animaux de compagnie ne cessent pas.
Il est aussi important de noter qu’aujourd’hui il existe des populations dans les zoos européens ou américains. Des programmes d’élevage sont en cours pour maintenir un patrimoine génétique viable. On dénombre un peu plus d’une centaine d’individus captifs et déclarés. Au vue des faibles populations qui restent à l’état sauvage, on peut envisager qu’il faudra un jour s’appuyer sur ce patrimoine génétique pour des programmes de reproduction.
La Turtle Survival Alliance participe aux discussions et aux efforts de conservation de la tortue à cou de serpent.
Reproduction
D’après les locaux, la période de ponte interviendrait entre février et septembre. Les tortues à cou de serpent sortiraient de l’eau pour pondre une dizaine d’œufs sur la terre ferme. L’éclosion interviendrait toujours avec le début de la saison des pluies à la fin du mois de novembre.
En savoir plus :
Les femelles sont plus grosses que les mâles
2 Réponses to “La tortue à cou de serpent – Chelodina mccordi”
16.05.2019
Maxime ImbeauSalut j’aimerais savoir si vous pourriez m’indiquer sa durée de vie et j’ai cherché sur plusieurs sites et je n’ai jamais trouver alors si vous savez j’aimerais en être informé.
Merci de votre compréhension.
20.05.2019
Jennifer MatasBonjour, l’espérance de vie de cette tortue est inconnue à l’état sauvage. En revanche, nous savons que d’autres espèces de tortues relativement proches peuvent vivre entre 30 et 40 ans, il se pourrait donc qu’il en soit de même ou presque pour la tortue à cou de serpent.