Présentation de Astrochelys radiata
La tortue radiée est le symbole du sud de l’île de Madagascar. Autrefois très répandue, sa population a chuté de moitié. Elle reste cependant conséquente comparée à d’autres espèces en danger critique d’extinction dont nous parlons sur ce site. En effet, les scientifiques estiment que la population totale, autrefois de 12 millions de tortues, serait passée aujourd’hui à 6 millions d’individus ; un chiffre certes important, mais qui n’empêche pas cette tortue d’être classée en danger critique d’extinction par l’UICN à cause de son impressionnant déclin.
Astrochelys radiata (que vous trouverez aussi sous le nom latin Geochelone radiata) est appelée en français tortue radiée ou tortue rayonnée. Elle doit son nom à sa carapace de couleur noire sur laquelle chaque écaille jaune semble donnée naissance à plusieurs rayons similaires à des étoiles, c’est pourquoi on l’appelle aussi tortue étoilée. Le mâle mesure jusqu’à 40 cm pour un poids maximum de 20 kg quand sa femelle, plus petite, se contente de 30 cm pour 13 kg. Les tortues sont souvent célèbres pour leur longévité et ce n’est pas la tortue radiée qui prouvera le contraire : elle vit en général jusqu’à 60 ans mais, en captivité, il arrive bien souvent que ces reptiles soient centenaires.
Ces tortues de terre sont principalement herbivores. Leur régime alimentaire est constitué d’herbes et de certaines variétés de cactus. Elles boivent peu et trouvent leur eau sur les feuilles ou les rochers après le passage de la pluie.
Localisation de la tortue rayonnée
La tortue radiée est originaire des forêts épineuses et sèches du sud et sud-ouest de Madagascar. Son aire de répartition semble être de 10 000 km2, ce qui est considérable.
Bien qu’elle vive dans un milieu semi-désertique, elle reste sensible aux fortes chaleurs et creuse un terrier lors de la saison sèche afin de trouver de l’ombre et de l’humidité. Par conséquent, on ne peut l’observer que tôt le matin et en soirée.
La tortue rayonnée apprécie tout particulièrement les dunes de sables dans lequel elle peut facilement s’enterrer. C’est pourquoi on la trouve sur une distance comprise entre 50 et 100 km le long des côtes.
Très présente sur l’île de la Réunion comme animal domestique, elle a été introduite dans la faune sauvage locale par des particuliers qui ont relâché leurs tortues.
Menaces
Les prédateurs naturels des tortues rayonnées sauvages sont les rats, les serpents, les rapaces mais aussi les sangliers d’Afrique qui mangent les jeunes individus et les œufs. Cependant, comme souvent, l’homme est la principale cause du déclin de l’espèce. Les deux menaces les plus importantes sont la collecte des tortues et la perte de leur habitat.
Les collectes illicites de tortues sauvages
Les tortues radiées sont prélevées par l’homme dans deux buts : leur viande et leur vente sur le marché des animaux domestiques. On estime à 240 000 le nombre de tortues capturées chaque année, et il n’y a pas un coupable mais plusieurs. Les contrebandiers asiatiques recherchent les tortues pour leur foie qui serait l’équivalent du foie gras français. Les Malgaches consomment également de la viande de tortues lors des fêtes de Noël et de Pâques. D’autres exportent les animaux vivants pour les vendre comme animaux de compagnie en Occident, ou bien sur l’île où ils cohabitent avec poulets et canards. En effet, on prête à cette cohabitation singulière des vertus : la présence de tortues empêcherait les volailles d’attraper des maladies.
Une étude réalisée en 2005 a calculé que si le nombre de tortues sauvages prélevé dans la nature reste aussi élevé, l’espèce sera éteinte en 2050.
Madagascar est classé à la 5ème place des pays les plus pauvres au monde. Les braconniers ne viennent pas toujours de l’extérieur et, selon une enquête de la WWF, les paysans eux-même capturent des animaux en échange de semences pour l’agriculture.
La destruction de l’habitat
Rappelons que Astrochelys radiata vit dans les forêts épineuses du sud de Madagascar, un territoire où la déforestation est très importante. En cause : les terres agricoles, le besoin important en charbon de bois et le pâturage des troupeaux. De 1970 à 2000, il a été estimé que la forêt épineuse est passée d’une surface de 29 782 km2 à 21 322 km2, soit une diminution de 29 %. Mais le pire est encore à venir car la déforestation s’est accélérée depuis les années 2000.
Efforts de sauvegarde des tortues radiées
Les tortues radiées sont protégées juridiquement. Elles font parties, notamment avec le gorille, de la catégorie A de la Convention africaine de conservation de la nature signée en 1968, qui délimite les espèces à protéger : « la chasse, la mort, la capture ou la collecte de spécimens ne seront permis que sur autorisation délivrée dans chaque cas de la plus haute autorité compétente et seulement si nécessaire dans l’intérêt national ou à des fins scientifiques » (Source : extrait de la convention)
Elles sont également citées, depuis 1975, en annexe I de la CITES, statut qui rend illégale leur commercialisation.
Bien que l’Etat ait mis en place des aires protégées, les moyens financiers sont trop faibles pour qu’elles soient surveillées et leur rôle est surtout dissuasif.
Une initiative est tout de même à souligner : le village des tortues de Mangily-Ifaty, créé en avril 2005. Celui-ci est composé de plusieurs bâtiments : musée, nurserie, enclos sur 7 hectares de végétation épineuse.
A l’origine de cette opération, on trouve la SOPTOM, une association que les Français connaissent bien : elle a également fondé le village des tortues qui se trouve dans le sud de la France.
La SOPTOM, pour Station d’Observation et de Protection des Tortues et de leurs Milieux, existe depuis 1986 et comprend 800 membres et 12 000 parrains. Son antenne à Madagascar est gérée par l’Association de Sauvegarde de l’Environnement (ASE). Son but est d’accueillir les tortues saisies par les douanes ou aux particuliers et de les réintroduire dans leur espace naturel, de sensibiliser les locaux à la cause des tortues menacées, de former du personnel, de lutter contre le trafic des animaux sauvages, etc.
Reproduction
Les tortues ne vivent pas en couple. Les deux sexes ne se rencontrent que pour l’accouplement. Ils n’atteignent leur maturité sexuelle qu’entre 15 et 20 ans. Les mâles se battent pour avoir une femelle. Les plus forts retournent sur le dos les tortues plus faibles pour les immobiliser. La parade nuptiale peut alors commencer et elle est bruyante ! Un son caractéristique de la reproduction des tortues est le son des carapaces qui s’entrechoquent. Le mâle émet un râle durant l’accouplement et mord la femelle, il peut la blesser gravement si elle n’a pas la possibilité de s’enfuir, ce qui est parfois le cas en captivité. Autre spécificité des tortues, la femelle a la capacité de garder dans son appareil reproducteur le sperme pendant 4 à 5 ans, ce qui lui permet de pondre des œufs fécondés pendant plusieurs années, sans recroiser la route d’un mâle. La période d’incubation est de 5 à 8 mois. La femelle pond entre 3 à 12 œufs.
En savoir plus
La tortue est un animal symbolique dans bien des pays. A Madagascar, une tradition locale raconte que poser une feuille sur une tortue porterait chance.
L’île est composée de plusieurs peuples, notamment les Mahafaly et Antandroy, dont le territoire est identique à celui de nos tortues. Ces deux peuples ont un « fady », c’est à dire un tabou. Il est interdit de manger ou de toucher ces reptiles sous peine de voir s’abattre un malheur sur l’auteur du méfait et sa famille. La tradition des fady est ancienne à Madagascar et respectée de façon très variable selon les générations et les tribus. Toutefois, ce tabou montre l’importance dans l’histoire malgache de cet animal proche de l’extinction.
6 Réponses to “La tortue rayonnée ou radiée de Madagascar”
07.11.2018
BrulairBonjour comment reconnaître male ou femelle
11.12.2017
MathewSuper site les amis !
01.03.2017
Jean-pierreFranchement, j’adore ces tortue mais c’est dommage que je ne puisse pas en avoir une !!! J’en veux une !!
27.10.2016
souvenir madagascarMadagascar regorge d’espèces rares qui ne se trouvent nulle part ailleurs comme le caméléon et la tortue. De nombreuses ong œuvrent pour la protection de ces espèces