Le vautour à tête blanche est l’un des quatre vautours africains classés en danger critique d’extinction par l’Union Internationale pour la conservation de la nature. Les trois autres sont le vautour charognard, le vautour africain et le vautour de Rüppell. La triste particularité du vautour à tête blanche est la rapidité de son déclin. Il n’y a pas si longtemps, en 2007, le monde scientifique le considérait encore seulement comme vulnérable. Ce n’est que récemment, en 2015, que le monde s’est rendu compte du danger qu’encourait Trigonoceps occipitalis.
Présentation du vautour à tête blanche
Description physique
Trigonoceps occipitalis est un vautour de taille moyenne pesant 4 à 5 kg. Ailes dépliées, son envergure est de 2 à 2,3 mètres, à peu près équivalente au vautour africain (Gyps africanus) ce qui est relativement petit comparé aux vautours européens par exemple. La femelle est légèrement plus lourde et grande que le mâle mais on ne peut pas parler réellement de dimorphisme sexuel à ce niveau-là.
On identifie facilement le vautour à tête blanche grâce à sa tête justement. De couleur rose sur les côtés et blanche sur le dessus, la tête de ce vautour s’achève par un bec crochu facilement reconnaissable, rouge-orange. Le reste de son corps est recouvert de plumes de couleurs brunes à l’exception de la gorge et des cuisses qui sont blanches.
Régime alimentaire
Comme tous les vautours, Trigonoceps occipitalis est un oiseau charognard. Il se nourrit donc des restes de proies tuées par un autre prédateur. S’ils sont souvent les premiers sur les lieux, parce qu’ils volent à faible altitude, ils se font vite chasser par les autres vautours notamment les vautours oricou, Torgos tracheliotos, beaucoup plus dominants. Bien que les charognes constituent la majorité de son régime alimentaire, le vautour à tête blanche ingère également des œufs, des insectes, et des petits mammifères.
Localisation de ce vautour menacé
Comme souvent avec les oiseaux, il est très compliqué de connaître la taille de la population de vautours à tête blanche. Si l’UICN pensait qu’il restait 10 à 18 000 individus, dont 5 à 12 000 en âge de se reproduire, des études récentes tendent à penser que le chiffre véritable serait plutôt aux alentours de 5 500 animaux.
La population mondiale de vautours à tête blanche n’est en fait constituée que d’un seul groupe mais qui se déplace sur une aire de répartition très importante constituée de toute l’Afrique sub-saharienne jusqu’au Botswana et Mozambique. En revanche, l’espèce semble déserter l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’ouest (Congo, Gabon, Cameroun, Centrafrique). Et pour cause, le vautour à tête blanche vit dans les savanes légèrement boisées ou les semi-déserts or l’Afrique de l’ouest est connue pour abriter de grandes forêts.
Menaces
Si le vautour à tête blanche est classé en danger critique d’extinction par l’UICN, ce n’est pas pour la taille de sa population mais pour la rapidité très inquiétante de son déclin : l’espèce aurait perdu 96 % de ses membres en 45 ans !
Cette chute vertigineuse serait due :
- A la baisse du nombre de mammifères et d’ongulés et donc de charognes dont se nourrissent les vautours
- A l’empoisonnement indirect causé par l’ingestion d’appâts toxiques utilisés par les éleveurs pour protéger leur bétail des prédateurs comme les chacals.
- A l’empoisonnement direct des braconniers qui veulent se débarrasser des vautours parce que leur vol en grand nombre au-dessus d’une charogne alerte les rangers qu’un mammifère vient de mourir.
- A la capture volontaire pour utiliser des parties de l’animal comme composant de la médecine traditionnelle en Afrique du Sud et en Zambie
- Au développement agricole et urbain sur l’aire de répartition du vautour à tête blanche. Cet oiseau, très sensible aux perturbations anthropiques, a tendance à quitter son territoire dès que l’homme se fait trop présent et à se concentrer sur des aires protégées.
Une autre menace est encore peu évaluée sur Trigonoceps occipitalis : l’impact du Diclofénac. Ce médicament, donné au bétail afin de traiter des inflammations, est ensuite ingéré par les vautours à la mort de la bête et provoque des insuffisances rénales aux oiseaux. Nous savons déjà qu’en Asie, ce produit est la cause du déclin du vautour de Pondichéry (Sarcogyps calvus), du vautour à long bec (Gyps tenuirostris) et du vautour chaugoun (Gyps bengalensis), tous trois en danger critique d’extinction, comme le vautour à tête blanche. En Afrique, son impact est peu connu mais il est certain que le produit a également été utilisé.
Efforts de sauvegarde de Trigonoceps occipitalis
Le vautour à tête blanche est considéré comme l’un des vautours d’Afrique les plus méconnus. Effectuer des recherches sur cet oiseau pour connaître la taille exacte de sa population et son comportement est donc l’une des priorités pour espérer sauver l’espèce. En Guinée, un sanctuaire spécialement dédié aux vautours, le premier du genre en Afrique, a vu le jour en septembre 2006. Le « Fouta Djallon Highlands » s’étend sur une superficie de 450 000 hectares et a pour but de conserver les populations restantes des six espèces de vautours qui cohabitent en Afrique de l’Ouest et dont le déclin ces dernières décennies est très inquiétant. D’autres sanctuaires sont normalement prévus en Gambie et au Mali.
Le vautour à tête blanche est classé seulement en annexe II de la CITES. Son commerce est donc très fortement contrôlé mais il n’est pas totalement interdit.
Le salut de Trigonoceps occipitalis viendra également de la sensibilisation des éleveurs et des agriculteurs pour qu’ils cessent d’utiliser des poisons susceptibles d’être ingérés par les oiseaux, que ce soit volontairement ou involontairement. Récemment, la 11ème Conférence des Parties à la Convention sur la conservation des espèces migratrices de faune sauvage (COP 11 de la CMS) qui s’est déroulée en 2014, en Equateur, a vu l’adoption de « lignes directrices » relatives à l’empoisonnement. Mais les choses tardent à bouger, les mesures de sauvegarde proposées par les experts se retrouvent trop souvent confrontées au développement économique et agricole.
Reproduction
Le vautour à tête blanche est un animal qui vit en couple, isolé des autres membres de son espèce.
La période de reproduction n’est pas la même selon les régions. En général, la nidification débute quand les températures augmentent et quand la nourriture se fait moins rare. En Afrique de l’Ouest, c’est d’octobre à mai, alors qu’en Afrique australe c’est l’inverse, de mai à janvier.
Le couple prépare un nid constitué d’herbe et de branches, à la cime d’un arbre, si possible plat, entre 10 et 20 mètres au-dessus du sol. Les deux vautours n’y dormiront pas, il s’agit uniquement d’une pouponnière. En revanche, pour le surveiller, ils planeront ensemble en haute altitude, en dessinant des cercles au-dessus du point stratégique.
La femelle ne pond le plus souvent qu’un œuf unique, qu’elle couve pendant une cinquantaine de jours. Une fois l’œuf éclos, l’oisillon ne sortira du nid pour son premier vol qu’après plusieurs mois, entre 110 et 120 jours. Après cette étape importante, le juvénile restera encore avec ses parents durant 6 mois. Les jeunes vautours à tête blanche sont facilement identifiables. En effet, ils n’obtiennent leur plumage d’adulte qu’au bout de 6 ou 7 ans. Avant cela, le duvet de la tête est brun, contrairement aux adultes. Grâce aux mues successives, la tête deviendra de plus en plus blanche, de sorte qu’à la fin, seul le haut de la tête est encore brun.
Comme l’aigle des Philippines et le condor de Californie, deux autres oiseaux en danger critique d’extinction, le vautour à tête blanche a un faible taux de reproduction. Chez ces trois espèces, les femelles ne pondent qu’un unique œuf (ou si elles pondent deux, elles n’alimentent que le plus fort des oisillons) et pour 60 % d’entre elles la nidification n’a lieu qu’une fois tous les deux ans. Un facteur évidemment aggravant pour ces espèces très menacées.
1 réponse to “Le vautour à tête blanche”
27.06.2017
Biddono Bonebo CasimirC’est intéressent votre article sur les vautours en danger je suis intéresser parce que je veux faire mon stage sur la Dynamique des populations des vautours dans et autour de la ville de Garoua au Cameroun. Je suis en formation à l’école de faune de Garoua et je débuterais mon stage le vendredi 01 Juillet 2017.
Peut être que vous avez des conseils à me donner puisque sa serai ma première fois de descendre sur terrain.