
L’Afrique compte 11 espèces de vautours, dont 6 strictement endémiques à ce continent. Malheureusement, beaucoup sont menacées de disparition. 4 espèces sont même « en danger critique » d’extinction :
- le vautour à tête blanche (Trigonoceps occipitalis) ;
- le vautour charognard (Necrosyrtes monachus) ;
- le vautour de Rüppell (Gyps rueppelli) ;
- le vautour africain (Gyps africanus).
Le déclin de ce dernier est particulièrement inquiétant. Plus de 90 % des populations de l’Afrique de l’Ouest ont ainsi disparu, selon l’African Wildlife Foundation.
Description du vautour à dos blanc
Paradoxalement, Gyps africanus est l’espèce de vautour la plus répandue en Afrique avec environ 270.000 individus recensés en 2019. On l’appelle d’ailleurs communément vautour africain, ou bien vautour à dos blanc en raison de son plumage plus clair sur la collerette qui sépare le cou de ses ailes. Mais ce n’est pas pour autant qu’il n’est pas menacé, le nombre d’individus dans une population ne faisant pas le niveau de menace ou inversement.
Caractéristiques physiques
Le vautour africain est un oiseau, et plus précisément un rapace appartenant à la famille des Accipitridés comme d’autres rapaces diurnes tels que le gypaète barbu ou l’aigle pygargue.

L’envergure du vautour africain mesure environ 2,20 m.
Sa taille est plutôt moyenne en comparaison avec les autres vautours présents sur le continent en Afrique. Elle est d’ailleurs assez similaire à celle du vautour à tête blanche, quoi que légèrement plus grande. Un vautour africain adulte pèse ainsi 4 à 7 kg et mesure 94 cm de haut. Déployées, ses ailes ont une envergure de plus de 2 mètres.
Côté plumage, Gyps africanus arbore des couleurs brunes et crème lorsqu’il est adulte, les juvéniles étant plus sombres.
Nettoyeur des écosystèmes
A l’instar des autres vautours, le vautour à dos blanc est un charognard. Autrement dit, il se nourrit des restes d’animaux : soit des carcasses laissées là par des prédateurs, soit des individus morts naturellement ou accidentellement.
Grâce à une vue aiguisée, le vautour est capable de repérer depuis haut dans le ciel une carcasse d’animal. Par ailleurs, son estomac est très acide, autrement dit, le niveau de pH est bas, ce qui lui permet de digérer facilement – et sans risquer de développer de problèmes digestifs particuliers – de la viande en décomposition.
Chaque espèce de vautour a une préférence pour telle ou telle partie d’une charogne. En ce qui concerne le vautour africain, il préfère les tissus mous, son bec n’étant pas assez puissant pour s’attaquer aux peaux épaisses des grand mammifères. Il aura tendance à commencer par les organes internes, et les intestins notamment.
Lorsqu’ils repèrent une charogne, ils peuvent se mettre à plusieurs dizaines dessus et la « nettoyer » en quelques minutes. Ce rassemblement s’appelle « la curée ». Lors de ces repas, un seul vautour peut ingurgiter jusqu’à 1 kg de viande !

Vautours africains à la curée.
Sans les vautours comme le vautour africain, ces carcasses pourriraient et favoriseraient le développement de maladies. Le rôle de nettoyeur des vautours est incommensurable pour les écosystèmes. A eux seuls, sans parler des autres charognards comme les hyènes par exemple, on estime que les vautours débarrassent 70 % de toute une charogne.
Comportement
Gyps africanus vit généralement en colonies lâches pouvant aller jusqu’à une vingtaine de couples. Cela signifie que les couples ou les individus seuls sont plutôt isolés, les nids étant éloignés les uns des autres, bien que tous regroupés dans une même zone. Il arrive que certains nids soient toutefois plutôt proches, et parfois dans un même arbre.
Habitat
Sans surprise étant donné son nom, le vautour africain est endémique de ce continent. Autrefois répandu d’Ouest (Sénégal, Burkina Faso, Mali, etc.) en Est (Ethiopie, Somalie, Kenya, etc.) jusqu’en Afrique du Sud (où vivrait une population d’environ 40.000 individus), il a vu son aire de répartition diminuer au cours des dernières années.
Son déclin est particulièrement fort au Cameroun – il aurait complètement disparu du Nord du pays – mais également au Soudan, en Somalie et au Kenya. Il se serait même éteint au Ghana, au Niger ou encore au Nigeria. En revanche, les populations de pays comme la Tanzanie, l’Ouganda et l’Ethiopie semblent mieux se porter que leurs voisines.

Aire de répartition du vautour africain : en orange, pays où il est présent, en rouge, pays où il a disparu.
Son habitat de prédilection, ce sont les étendues peu boisées, les steppes et la savane. Il a cependant besoin d’arbres pour pouvoir se percher en hauteur. On le trouve surtout dans les zones où poussent des acacias.
L’habitat des vautours africains correspond en toute logique à celui des grands animaux dont ils pourront se nourrir à leur mort. D’ailleurs, les populations d’Afrique de l’Ouest ont tendance à suivre les migrations des ongulés.
Menaces
Le déclin de ce vautour est extrêmement rapide et inquiétant. Il y a moins de 30 ans, l’espèce n’était même pas encore considérée comme menacée et jusqu’en 2012, elle était « seulement » classée « quasi-menacée » selon les critères de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Seulement depuis, les signaux d’alarmes se sont multipliés. En 2012, l’organisme international a donc propulsé Gyps africanus directement dans la catégorie « en danger », puis « en danger critique » trois ans plus tard. Aujourd’hui encore, le vautour africain fait partie de ces espèces dont la prochaine étape est, sauf mesures fortes, l’extinction.
Le vautour à dos blanc subit les mêmes menaces que tous les autres vautours avec qui il partage son territoire :
- la disparition de son milieu naturel au profit de terres agricoles pour le bétail ou les cultures ;
- la diminution du nombre d’ongulés et donc de carcasses potentielles pour se nourrir ;
- les empoisonnements de masse ;
- la chasse ;
- diverses menaces liées à la présence de l’homme comme l’électrocution avec des poteaux électriques.

Plusieurs menaces pèsent sur le vautour africain comme sur tous les vautours d’Afrique en général.
Empoisonnements massifs
Parmi toutes ces menaces, les cas d’empoisonnement sont réellement inquiétants car il peut arriver que plusieurs centaines de vautours meurent en l’espace de quelques jours seulement.
En 2019, ce sont ainsi 468 vautours africains qui sont morts empoisonnés au Botswana. Ils ont été retrouvés autour des carcasses de trois éléphants. Dans ce genre de cas, on suspecte des braconniers d’avoir intentionnellement placé du poison dans les dépouilles pour tuer les vautours qui, en volant au-dessus des cadavres d’éléphants récemment tués pour leur ivoire, signalent la position des braconniers et leurs méfaits.
Toujours impressionnants par leurs dégâts, les cas d’empoisonnements massifs ne sont malheureusement pas rares. En 2018, en Tanzanie, 75 vautours ont également péri aux côtés de six lions, empoisonnés. Et l’année d’avant, en 2017, ce sont 94 vautours africains qui sont morts au Zimbabwe.
Cette menace est l’une des plus sérieuses pour Gyps africanus en Afrique de l’Est.
Extension des activités humaines
Le vautour africain est également directement menacé par la présence toujours plus forte de l’homme dans son périmètre.
Les terres sauvages sont progressivement transformées en terres agricoles destinées aux cultures ou au bétail, privant les vautours de leur milieu naturel et poussant les animaux sauvages vers des contrées plus lointaines, réduisant ainsi la quantité potentielle de charognes pour nourrir tous les individus.
La construction d’infrastructures en tout genre, et notamment les lignes électriques, pose également des problèmes. Il arrive que des oiseaux soient gravement blessés après une collision pendant leur vol, par exemple.
Par ailleurs, les vautours pâtissent encore aujourd’hui d’une image négative, liée à la mort et à l’opportunisme auxquels ils sont trop souvent assimilés. Dans certaines zones de leur aire de répartition, ils sont donc persécutés.
Enfin, en Afrique australe, les vautours sont chassés pour être consommés. Les croyances locales leurs prêtent des prétendues vertus thérapeutiques.
Efforts de conservation

Plusieurs vautours africains perchés.
L’espèce est inscrite en annexe II de la Cites depuis 1979. Son commerce international est donc réglementé, mais pas interdit (annexe I). Face à son déclin rapide, il a également fallu prendre des mesures urgentes.
Opération « Sauvons les Vautours d’Afrique »
Spécialisée dans la sensibilisation et la conservation des oiseaux menacées, l’association BirdLife a mis au point avec des partenaires un programme dédié aux vautours d’Afrique : « Save Vultures of Africa » ou, en français, « Sauvons les Vautours d’Afrique ».
S’inspirant d’une précédente campagne consacrée aux vautours asiatiques – eux aussi grandement menacés par les empoisonnements de masse en raison du diclofénac, un anti-inflammatoire non-stéroïdien utilisé par les éleveurs pour leur bétail –, BirdLife a commencé par concentrer ses efforts autour de ces sujets.
« Avec un plan décennal pour sauver les vautours d’Afrique, nous nous attaquons à tous les problèmes associés pour endiguer leur déclin actuel », a déclaré Paul Kariuki Ndang’ang’a, chef de l’équipe scientifique des espèces chez BirdLife Africa.
Parmi les mesures de conservation urgentes à mettre en place pour protéger les vautours, dont Gyps africanus, se trouvent la sensibilisation des populations locales, la création de zones sécurisées pour ces oiseaux (« Vulture safe ») ou encore le développement et le test de solutions pratiques pour les protéger.
Pour l’instant, ces actions menées par BirdLife et ses partenaires (autres ONG, gouvernements, universités) restent cependant localisées et mériteraient d’être généralisées, comme l’espère l’association. « La sensibilisation et le plaidoyer pour lutter contre les intoxications et réglementer l’utilisation des produits agrochimiques sont en cours dans divers pays, dont le Kenya, l’Ouganda, le Botswana, le Zimbabwe, le Burkina Faso et l’Afrique du Sud, explique-t-elle. Des campagnes de sensibilisation générales sont menées par des ONG partenaires de BirdLife dans au moins neuf pays, notamment à travers la célébration de la Journée internationale annuelle de sensibilisation aux vautours. »
Reproduction
Au début de la saison des amours, les couples se forment lors de parades consistant en des vols planés réalisés par un partenaire au-dessus de l’autre. Puis, mâle et femelle s’installent dans un nid confectionné à l’aide de branchages et d’herbe en haut d’un arbre.
La femelle pond généralement un seul œuf. Il est couvé à tour de rôle par le mâle et la femelle, qui sont des oiseaux monogames. La période d’incubation dure un peu plus d’une cinquantaine de jours. Après l’éclosion, le petit vautour africain est nourri par ses deux parents, le temps de poursuivre sa croissance. Ce n’est que vers l’âge de 4 mois qu’il sera suffisamment grand pour quitter le nid.
L’espérance de vie du vautour africain est d’environ 20 ans.
1 réponse to “Le vautour africain ou vautour à dos blanc”
09.01.2022
GavandJe partage ! L’humain n’est vraiment pas l’allié de la nature et ses habitants De beaux rapaces et tellement utiles, c’est désolant de constater de tels actes :ignoble.