Présentation du vison
Le vison d’Europe, de son nom scientifique Mustela lutreola, est l’un des plus petits membres de la famille des mustélidés qui compte également la loutre, l’hermine, la fouine ou encore le blaireau. Depuis 2011, il est également le seul en France à être reconnu en danger critique par l’UICN. De petit gabarit, ce carnivore au corps allongé et court sur pattes est brun avec le bout de la queue et les membres presque noirs. Signe distinctif par rapport à son cousin américain, il porte sur le menton et la lèvre supérieure une tâche blanche.
Le vison d’Europe est un animal semi-aquatique, ce qui se traduit par des pattes postérieures semi-palmées. D’une longueur de 45 à 55 cm, le vison est fin et ne pèse pas plus lourd qu’un cochon d’inde, de 400 à 800 grammes pour les femelles et de 700 à 1 200 grammes pour les mâles.
Localisation
Historiquement, le vison d’Europe s’étendait comme son nom l’indique sur presque tout le continent, de la France à la Russie. En 2014, la population restante est disséminée sur seulement deux zones : de la côte atlantique sud de la France au nord-ouest de l’Espagne et de la mer Baltique à la mer Noire. 70% de l’effectif total du vison d’Europe a disparu ces 30 dernières années.
Face au déclin exponentiel de l’espèce, un programme national d’étude est lancé de 1991 à 1997 pour connaître la répartition de la population. En France plus précisément, il n’est plus présent aujourd’hui que dans sept départements (principalement la Charente et la Charente-Maritime) contre 38 au début du XXème siècle. Il a notamment disparu de toute la côte atlantique nord (Bretagne, Pays de la Loire, etc.) dans les années 1970 et 1980.
Il n’y a pas eu de comptage récent de l’espèce. L’UICN donne comme dernières estimations :
- en France, il restait en 2006 quelques centaines de spécimens,
- en Espagne, de 500 à 1 000 individus en 2003,
- dans le delta du Danube (Roumanie), les campagnes de comptage ont montré que la population restait stable,
- en Russie, le vison d’Europe a disparu dans 40 des 61 régions où il était présent. Son espérance de survie dans les espaces restants n’est que de 10 ans. De 2003 à 2006, la population était estimée à 20 000 membres mais ce chiffre est très contesté par les scientifiques et semble largement surestimé.
Les scientifiques ont constaté que les populations de l’Ouest (Espagne et France) ont une très faible variabilité génétique tandis que les populations de l’Est ont une bien plus grande diversité génétique.
Menaces
Comme souvent, l’homme est à l’origine du danger critique qui menace le vison d’Europe. Trois menaces ressortent principalement :
1. La disparition de son habitat
Le vison d’Europe vit sur les rives des zones aquatiques (rivières, lacs, marais, etc) qui lui garantissent une alimentation variée toute l’année. Il dort dans les cavités ou terriers cachés par les végétations denses ou les racines des arbres. L’urbanisation a eu pour effet de détruire une partie de ces zones humides et boisées. En outre, les cours d’eau nécessaires à la survie des visons d’Europe subissent les pollutions des activités humaines et entraînent la raréfaction des poissons et autres crustacés, alimentations principales du vison.
2. L’introduction du vison d’Amérique
On a souvent cru que le vison d’Europe et son cousin d’Amérique appartenaient à la même espèce. Il n’en est rien. Bien qu’extrêmement ressemblants, les deux espèces n’appartiennent pas au même taxon (catégorie). Le vison américain a été importé en Europe pour sa fourrure dès le début du XXe siècle. En Russie, les « fermes à fourrure » ont débuté en 1920. En 1973, 4,9 millions de visons américains vivaient dans 146 fermes. Une étude réalisée au Danemark et reprise par l’UICN montre que 86 % des visons d’Amérique sauvages d’aujourd’hui proviennent de visons échappés ou relâchés de ces usines à fourrure. Le vison d’Europe étant plus petit et plus fragile que celui d’Amérique, le second a pris le pas sur le premier. Par ailleurs, on accuse le vison d’Amérique d’avoir introduit des pathologies auxquelles lui résiste mais pas son congénère.
3. La destruction directe de l’homme
Protégée depuis 1976, le vison d’Europe fait souvent les frais des pièges destinés aux espèces dites nuisibles comme le vison d’Amérique ou le putois. Pièges qui peuvent être physiques ou plus dissimulés… Ainsi, les autorités autorisent parfois des campagnes d’empoisonnement afin de contrôler le volume de rongeurs mais, en s’alimentant en partie de ces animaux, le vison d’Europe s’empoisonne à son tour.
Enfin, le nombre d’individus tués le long des routes françaises a aussi son importance. 65 % des visons retrouvés morts sont dus aux collisions routières.
Efforts de conservation
• Les plans de restauration
Le Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement a lancé un premier plan de restauration de 1999 à 2003. Il avait pour objectif de « stopper le déclin actuel de la population française et permettre la recolonisation d’au moins une partie de l’aire perdue depuis quelques années ».
Plusieurs mesures sont mises en place suite à ce premier plan ; l’une d’elles, par exemple, préconise la conception d’un trou de 5 cm dans les pièges destinés aux nuisibles afin de permettre aux visons de s’échapper.
De 2007 à 2011, place au deuxième plan de restauration ! Beaucoup des actions engagées lors du premier plan sont reconduites, parmi elles : l’arrêt de la lutte chimique contre les rongeurs déclarés nuisibles, la sensibilisation des piégeurs, la poursuite des recherches génériques, le travail autour des infrastructures routières et l’apparition des « passages à faune ».
Au niveau européen, le « European Mink EEP program » est en place depuis 1992. Il est coordonné en Estonie par le « Tallinn Zoological Gardens and Foundation Lutreola ». Ce programme permet notamment une diversification du patrimoine génétique de l’espèce qui est actuellement l’une de ses plus grandes menaces.
• Le réseau Natura 2000
Le réseau Natura 2000 contribue à la protection de l’habitat du vison d’Europe. Il consiste en un « ensemble de sites naturels européens, terrestres et marins, identifiés pour la rareté ou la fragilité des espèces sauvages, animales ou végétales, et de leurs habitats. Natura 2000 concilie préservation de la nature et préoccupations socio-économiques » (source : site internet du ministère de l’écologie). Le réseau comprend 1 753 sites dont 63 affichent la présence du vison d’Europe.
• La lutte contre le vison d’Amérique
En 2001, un programme de lutte contre le vison d’Amérique est mis en place en France et notamment dans les Landes. Les principales actions consistent à stériliser les individus capturés et à augmenter l’étanchéité des élevages de vison d’Amérique.
Reproduction
Les visons d’Europe sont des animaux territoriaux ce qui signifie que les mâles et les femelles ne vivent pas ensemble et ne cohabitent qu’en période de reproduction soit de février à avril.
La gestation peut durer de 35 à 72 jours. La naissance des petits s’étale donc de mars à juin.
Particularité intéressante, on observe chez le vison d’Europe, comme chez la loutre, le phénomène d’ovo implantation différée. Cette expression scientifique signifie qu’après fécondation de la femelle, le développement de l’ovule se met en pause pendant plusieurs mois jusqu’à ce que l’embryon reprenne son développement et que débute réellement la période de gestation. En bref, même après l’accouplement, la femelle peut retarder sa « grossesse ». Chez certaines espèces de loutres, ce délai peut aller jusqu’à 8 mois.
Une portée est composée de 2 à 7 petits et le sevrage a lieu en général après une dizaine de semaines. Les visons d’Europe atteignent leur maturité sexuelle au bout d’un an, pour une espérance de vie allant de 6 ans à l’état sauvage à 12 ans en captivité.
4 Réponses to “Le vison d’Europe”
16.06.2019
Bertrand LagorsseBonjour
Vous devriez parler également de la concurrence d’autres espèces tant en terme d’habitat (Je pense au ragondin) que d’alimentation (Cormoran)
La maladie dont son cousin d’Amérique est porteur s appelle maladie aléoutienne
Celui ci occupe la même niche écologique que le premier mais son agressivité est bien supérieure. La concurrence est difficile.
18.01.2018
emmanueljaime le vison car il est trop mignon je voudrai fair quelque chose spv ne les tuer pas
01.12.2018
Guillotc’est compliqué
13.01.2017
souliébonjour,
je viens de faire des recherches sur la belette car il me semblait que c’était cette espèce que je viens de voir par la fenetre à deux mètres de moi. En réalité, je constate que c’est un vison vu sa couleur proche de celle de l’écureuil. Sinon existe t il des belettes roux brunes?
J’habite dans le sud du massif central dans un endroit assez boisé et protégé de toutes agricultures intensives. Je voudrais bien savoir si c’est une bonne nouvelle pour cette espèce en voie de disparition et que puis je faire si besoin.
cordialement
betty